De cet ensemble, on retiendra un fort drôle manifeste de Pierre Bailly qu’on n’attendait pas sur ce domaine. Remarquable également, un historique du jouet mexicain par Jose Quintero, dessinateur qui n’avait encore jamais été publié en français. On note également une grande importance donnée à la recherche graphique en bande dessinée. Une recherche dont les lecteurs traditionnels de b.a.m. sont certainement friands.
Malheureusement, la succession de planches en clins d’œil ou de coups de gueule confine surtout au fourre-tout inégal. On regrette les revues des années 90 comme Lapin, Ego comme X, Le Cheval sans Tête où Frigo Box d’où sont issus une majorité des collaborateurs de ce numéro. Il faut croire que 2004 les inspirait peu.
En introduction, Romain Brethes signe un article à propos du manque de reconnaissance de la bande dessinée par les milieux culturels. Le critique et universitaire dresse un état désabusé des lieux. Il jette au passage un regard assez lucide sur la récente médiatisation de Joann Sfar et Marjane Satrapi. Cependant, force est de constater que son étude contemple le domaine par le bout d’une lorgnette élitiste. Si pour l’espoir, quelques signes encourageants sont cités, notamment l’annonce d’une série d’émissions commandée par Arte à Benoît Peeters, rien sur la présence de Geluck au Musée des Beaux Arts de Paris ou sur l’Astroport Mézières en ouverture des événements de Lille 2004. Sans doute sommes-nous là sur un territoire trop populaire... Courage Romain, la BD est dans la rue. Elle ne tardera pas à rejoindre les bancs de la fac.
Et pour le fou rire, arrêtons-nous sur l’autre article signé Vincent Bernière et titré « La BD entre en politique ». Comique, on aurait trouvé un nouveau filon pour la BD : « Comparé aux autres modes d’expression populaires (…), il aura donc fallu attendre le XXIe siècle pour voir s’amorcer un réel développement revendicatif ». On ne soupçonnera pas le journaliste d’amnésie pour avoir passé sous silence les Montellier, Tardi et Manchette, Christin, Hergé, Breccia et Oesterheld (pour n’en citer que quelques-uns) ; car il doit de lui-même mettre à mal sa théorie en évoquant les grandes heures d’Hara-Kiri et Charlie Hebdo. Eh oui, ce même Vincent Bernière n’est autre que le co-commissaire de l’exposition Reiser à Beaubourg. C’est bien de dérision dont il s’agit !
(par Laurent Melikian)
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