Sommes-nous dans le futur ou aujourd’hui même ? Les animaux discutent, philosophent, se font respecter, et les hommes semblent s’en accommoder. Pourtant une sombre menace plane dans cet univers aux allures feutrées. Ces animaux doués de parole revendiquent une place, un pouvoir. Certains choisissent même la voie de la violence terroriste.
Vous n’avez pas tout compris ? Moi non plus. Et Adam Hines, avec cette "première saison" de près de 400 pages, a probablement en tête de nombreuses pièces du puzzle à dévoiler. L’auteur, pas encore trente ans, a débuté ce colossal projet en 2002. Et à sa sortie en 2010, la presse américaine lui a tressé des lauriers : meilleur roman graphique pour le L.A. Times et Lyndt Ward graphic novel prize [1].
Duncan, en alternant séquences narratives classiques, très dialoguées, proches de l’univers de Chris Ware, et images muettes, perd le lecteur, pour le reprendre, par surprise. Régulièrement, des pages nous plongent dans l’abstraction, voire l’expérimental, puis vient un texte, aux allures introspectives ou rêveuses. Avant de retrouver un nouvel acte de cette pièce intrigante, le plus souvent avec guère plus de deux ou trois personnages.
Les audaces de Hines éprouvent nos capacités d’attention, et il peut même paraitre prétentieux ou perdu dans son propre maelström créatif. Pourtant, on veut en savoir plus. Comprendre, avancer dans son propos. On peut même dénicher un joyau, comme ce joli conte qui déboule au milieu de l’album. Avec, encore et toujours, une histoire d’hommes et d’animaux...
(par David TAUGIS)
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