La recette de Mutafukaz est d’une simplicité déconcertante : deux amis à l’alchimie incomparable, un humour ravageur et une violence inouïe saupoudrée d’un peu de théorie du complot et d’extraterrestres.
C’est sur cette base que s’est construite la série qui s’impose maintenant comme un titre incontournable du paysage de la bande dessinée contemporaine en France. Et c’est toujours cette base, qui est répétée dans Mutafukaz 1886, dernière itération en date des aventures du bonhomme noir et de son comparse à tête de feu.
Le bon, la brute et le mutant
On suit les aventures de Vinz et Lino non pas dans Dark Meat City, théâtre de leurs déboires dans la série principale mais dans une campagne reculée du Far West en 1886, à la fin de la ruée vers l’or. Saloon, pistoleros et bandits de grand chemin sont au programme et, comme d’habitude, notre duo est confronté à une série de galères dont les enjeux les dépassent complètement.
Le jeu de miroir avec la série principale va très loin : depuis les clins d’œil comme le numéro de la chambre d’hôtel jusqu’aux différents personnages qui réapparaissent dans des versions "westernisées", Mutafukaz 1886 reprend la structure de la série-mère avec l’accident de scooter (ici de diligence) de Lino, et l’apparition d’étranges visions suite à cet accident qui mettent les événements en branle.
Mais attention, on n’est pas face à une simple transposition de l’histoire à une autre époque. Les enjeux sont adaptés, les scènes d’action également et, à part la trame et les personnages, on a vraiment affaire à une toute nouvelle série.
Au scénario, Run se montre toujours aussi piquant et convaincant. Dialogues et situations hilarantes, ambiances mystico-gangster des plus réussies, un subtil mélange de cartoon et de sérieux pour préserver les enjeux sans trop se prendre la tête : il connaît son numéro, et bon Dieu, que ça fait du bien de le retrouver ainsi.
Quant aux dessins signés Simon Hutt, que l’on a déjà pu croiser dans quelques numéros de Doggybags, que dire à part qu’ils sont sublimes ? Le dessin si caractéristique de Run était une composante essentielle de la réussite de sa série et ici Hutt se montre à la hauteur de la tâche. On apprécie tout particulièrement ses scènes d’action et le Mexican stand-off en milieu de volume, parfaitement découpé.
Ce premier fascicule ouvre donc le bal d’une série qui s’annonce passionnante. À l’instar des spin-offs qui l’ont précédés, le Label 619 a sorti une version "collector" du premier volume accompagnée d’un coffret où ranger les suivants qui sortiront de façon mensuelle en cinq volumes, avant la publication d’une intégrale "en dur" une fois la série terminée. On a hâte.
(par Jaime Bonkowski de Passos)
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Mutafukaz 1886 T. 1 - par Run & Simon Hutt - 32 pages - 4,95€ - 12/02/2021.
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