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TRIBUNE LIBRE À Étienne Pollet : Un point de vue autorisé sur la réédition de "Tintin au pays des Soviets"

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 10 janvier 2017                      Lien  
Pour ceux qui aimeraient ne pas mourir idiots, voici une information fiable sur les avatars de l'album Tintin au pays des Soviets, depuis sa première publication en 1930. Ceux qui préfèrent l'ignorance, la désinformation et la méchanceté, se référeront plus simplement aux communications récentes d'un Hugues Dayez dans la presse, à la radio et à la télévision

D’après le « Monsieur-je-sais-tout » de la RTBF, Hergé aurait « toujours » déconsidéré la première aventure de Tintin, au point de refuser très tôt sa réimpression. Il se serait par la suite — et pendant quarante ans ! — opposé farouchement à toute réédition, jusqu’à ce qu’il soit contraint, de guerre lasse, de céder aux pressions de son éditeur (pour qui rien ne compte d’autre, comme de bien entendu, que le profit inconsidéré).

Tout cela est faux, du début jusqu’à la fin !

Voyons plutôt les faits.

Le tirage de 1930 (10.000 exemplaires !) est épuisé rapidement. Suivent Tintin au Congo et Tintin en Amérique aux Éditions du Petit Vingtième. Hergé passe ensuite chez Casterman, en 1934. Auteur et éditeur ami (Charles Lesne, directeur éditorial chez Casterman, provient de la rédaction du Vingtième Siècle) conviennent rapidement de réimprimer les albums épuisés, dont Tintin au pays des Soviets. Mais un problème technique apparaît : les clichés métalliques (qui servent à l’impression typographique) sont en mauvais état. Ils ont déjà été utilisés par Le Petit Vingtième, puis par Cœurs Vaillants à Paris, puis pour l’album. Il apparaît qu’il faudrait refaire jusqu’à un tiers des clichés, ce qui serait fort coûteux. Hergé bénéficie d’un droit d’auteur élevé pour l’époque (15 %) parce que c’est lui qui fournit les clichés (réalisés par le journal). Chez Casterman, on met donc Tintin au pays des Soviets de côté, et on s’attaque à Tintin au Congo en attendant une expertise des clichés par l’Imprimerie. Un courrier de 1937 montre que la réimpression de Tintin au pays des Soviets est toujours, en principe, au programme de l’auteur et de l’éditeur. Mais les dernières années de la décennie ne sont pas très favorables : les ventes des albums de Tintin faiblissent. Certains titres récents sont épuisés et ne sont pas réimprimés. Impensable, dans ces conditions, de réimprimer le premier album, de forte pagination, aux clichés usés et aux qualités — surtout scénaristiques — fort relatives. D’autant plus qu’entre-temps, le niveau d’exigence qualitative de l’auteur a fait un bond important avec l’album Le Lotus bleu.

TRIBUNE LIBRE À Étienne Pollet : Un point de vue autorisé sur la réédition de "Tintin au pays des Soviets"
1936 : Hergé évoque la réédition de "Tintin au pays des Soviets"

Survient la guerre, pendant laquelle les albums connaissent un très grand succès. Mais les tirages sont limités par la pénurie de matières premières. La nouvelle maquette de 62 planches, proposée à Hergé, est économe en papier : les cases contenues dans deux pages en noir et blanc tiennent maintenant en une seule page en couleur (3 x 4 cases par page en moyenne, remplacent deux pages de 2 x 3 cases en moyenne). Le premier album en couleur, L’Étoile mystérieuse, sort en 1942. Il sera suivi du Secret de La Licorne (1943) et du Trésor de Rackam le Rouge (1945). En parallèle, Hergé reformate sur ce nouveau modèle en couleur tous ses albums précédemment parus en noir et blanc… à l’exclusion de Tintin au pays des Soviets. Il estime à bon droit que ses albums d’avant Le Lotus bleu doivent être redessinés, et pas seulement remontés. Ce qui sera fait en 1946 pour Tintin au Congo et Tintin en Amérique, mais ce qui, faute de temps, attendra 1955 (!) pour Les Cigares du Pharaon. C’est qu’entre-temps le journal Tintin a été lancé, les Studios Hergé ont été créés et cinq albums Tintin sont sortis en nouveauté, dont les deux albums de l’aventure lunaire. Tout cela a demandé beaucoup de travail à l’auteur, tantôt surmené, tantôt déprimé. Les années 50 voient aussi la mise en couleurs d’autres aventures dessinées avant-guerre : les albums de Jo, Zette et Jocko, ceux de Quick et Flupke et celui de Popol et Virginie. On mesure facilement combien l’idée de republier Tintin au pays des Soviets, avec toutes ses faiblesses, aurait été parfaitement saugrenue dans ce contexte, alors que l’album Les Cigares du Pharaon n’était toujours pas réinscrit au catalogue.

Les années suivantes voient un Hergé au moral parfois vacillant. L’Affaire Tournesol et Coke en stock sont toutefois menés à leur terme et publiés en album. Hergé traverse la crise que l’on sait. L’hagiographie dit qu’il s’en échappe grâce à Tintin au Tibet, dont l’album paraît en 1960. Ce n’est donc qu’en 1961 que les circonstances auraient pu permettre à Hergé et à Casterman de republier utilement Tintin au pays des Soviets ! Mais était-ce vraiment une bonne idée à ce moment ? C’est loin d’être évident : le noir et blanc n’avait plus du tout la cote, et les scénarios des Aventures de Tintin avaient fait, depuis bien longtemps, des progrès considérables. Au début des années 50, le journal Tintin laissait encore entendre (à l’instigation d’Hergé) que la première aventure de Tintin pourrait être remaniée quand son auteur en trouverait le temps. Mais depuis qu’il s’est aperçu qu’il ne le trouverait jamais, sa réédition n’est plus envisagée autrement que ne varietur. Le remontage de l’album (de 140 à 62 pages) aurait été très difficilement réalisable, et surtout il n’apporterait pas grand chose et n’aurait pas grand sens !

C’est précisément en juillet 1961 qu’Hergé reparle pour la première fois à Casterman de son désir de voir paraître à nouveau son Tintin au pays des Soviets. Coup de théâtre : l’éditeur est tout sauf enchanté. Il l’écrit à Hergé : « Il y a (chez Casterman) plus d’opinions hésitantes ou farouchement négatives que d’avis enthousiastes ». Plus tard, Casterman fait valoir ses réticences. Celles-ci s’exercent principalement sur deux plans : du point de vue éditorial (éviter à tout prix que la publication soit prise pour une nouveauté par le jeune public) et du point de vue de l’opportunité politique (l’anticommunisme réputé « primaire » de cet album antistalinien). C’est en particulier à Paris, où Louis-Robert Casterman anime une très importante filiale, que l’argument d’inopportunité politique est mis en avant : On dit rue Bonaparte que ce serait une catastrophe commerciale. Casterman freine donc des quatre fers et Hergé signale qu’il envisage dès lors une commercialisation différente. Il ne cache pas qu’il a pris contact avec les Éditions Rencontre à Genève, pour une diffusion par correspondance dont il espère une vente importante. (Signalons qu’il n’a jamais été question de Dupuis, éventualité saugrenue rapportée par Jacques Martin.) On notera qu’à la même époque Tintin au Congo est absent du catalogue Casterman. L’éditeur l’a retiré de la vente sans prévenir l’auteur (!!!), et celui-ci insiste pour qu’il soit republié d’urgence, ce qui ne sera fait qu’en 1970. Les relations entre Casterman et Hergé sont alors extrêmement tendues, du fait des divergences de vue par rapport à ces deux aventures.

1962 : Casterman exprime ses réserves à Hergé

Abrégeons, et passons sur les longues palabres et les manœuvres dilatoires de Casterman, mal supportées par Hergé. Pour calmer le jeu, mais aussi dans l’espoir de voir Hergé oublier son projet, Casterman réalise en 1969 une édition limitée à 500 exemplaires, pour permettre à l’auteur de satisfaire ses amis et relations (et aussi celles de Casterman, ce qui paraît un comble). La satisfaction d’Hergé est grande, et prouve son attachement à ce premier album : « Mais je puis dire, et je veux vous dire, que cette Edition-là est un rêve qui s’accomplit : un vieux rêve à moi (…) ». Au début des années 70, les discussions aboutissent à rejeter la publication d’un Tintin au pays des Soviets en album isolé au profit d’un ouvrage regroupant les trois aventures publiées en album par les éditions du Petit Vingtième dans l’édition originale, en plus de celle de Totor. Une forte pagination en noir et blanc (420 pages), sous le titre Archives Hergé, en présentation de qualité : la confusion avec une nouveauté Tintin n’est plus possible. Les réticences « politiques » subsistent néanmoins, principalement à Paris, dans l’ambiance post 68 d’une France où agit toujours un très important parti communiste, encore stalinien ! C’est presque une révolte de la filiale qui menace Louis-Robert Casterman, qui tente à nouveau de convaincre Hergé des risques encourus en matière d’image et de réputation. Ces longues tergiversations et processions d’Echternach accomplies par Casterman exaspèrent Hergé, qui écrit à l’éditeur une lettre dont le ton cassant résonne encore dans les couloirs tournaisiens. Elle est datée du 17 novembre 1972. Extrait :« Puis-je vous demander de me faire savoir officiellement si votre réponse définitive est oui ou non pour l’édition la plus rapide possible de l’album Tintin au pays des Soviets + Totor ? Si c’est oui, j’en serai très satisfait (…) Si c’est non, je serai amené, à mon grand regret, à me mettre en rapport avec un Editeur pour qui Tintin au pays des Soviets ne présenterait pas les mêmes difficultés que pour Casterman ». Louis-Robert Casterman se rend compte qu’il risque la rupture, ce qui n’a jamais été même imaginé depuis les années 30, et relance immédiatement le projet des Archives Hergé resté en rade. Il y aura encore de longs échanges concernant la rédaction de la mise en garde que l’éditeur et l’auteur réconciliés sont convenus de proposer en préface de l’ouvrage. Celui-ci sort enfin en 1973 (soit douze ans après la première demande d’Hergé, qui date de 1961).

Remerciements d’Hergé pour la réédition de "Tintin au pays des Soviets"
Note interne du secrétariat de Casterman

C’est ainsi que les quarante ans de résistance à la réédition qu’imagine Hugues Dayez ont été en réalité quarante ans d’attente de celle-ci par Hergé, dont douze ans de lutte intense avec son éditeur pour — et non pas contre — la réédition de Tintin au pays des Soviets. Voilà comment on réécrit l’histoire quand on se laisse emporter, comme Dayez, par ses états d’âme !

Mais « Monsieur-je-sais-tout » ne s’est pas arrêté là, comme on va le voir. Fin 1980, souhaitant marquer le 50e anniversaire de la publication de son premier album, Hergé le fait imprimer en format réduit et l’envoie à ses relations en guise de carte de vœux des Studios. En 1981, je suis amené à discuter avec lui du problème des éditions pirates de cet album, et nous décidons ensemble de procéder à la publication d’un facsimilé de l’album d’origine afin de contrer son piratage, et de le faire au moyen d’un album plus beau et surtout moins cher que les contrefaçons. Le premier tirage s’est élevé à 80.000 exemplaires, rapidement épuisé et aussitôt réimprimé. En 1999, soit quelque seize ans après la disparition d’Hergé, l’aventure au pays des Soviets rejoint la collection des albums standard. Malgré sa pagination beaucoup plus importante, il est vendu au même prix que les autres, ce qui, soit dit en passant, limite sensiblement sa rentabilité… sans aucun regret de l’éditeur ! Cet album-là, Hugues Dayez ne l’a certainement jamais examiné, puisqu’il écrit sans honte ni vergogne : « Casterman commet une première hérésie : refaire la maquette de « Tintin au pays des Soviets » pour pouvoir l’adjoindre à la collection des 22 albums… » Une fois de plus, c’est tout-à-fait faux ! Et cette fois, la méchanceté du critiquable critique s’ajoute à son ignorance. Car l’album est en tous points semblable au facsimilé de 1981, lui-même très fidèle à l’original de 1930 si ce n’est une réduction de format de quelques pourcents, prise uniquement sur les marges blanches et non pas sur les planches elles-mêmes.

1972 : Ultimatum d’Hergé à Casterman
1973 : Hergé se réjouit de la réédition de "Tintin au Pays des Soviets"

Concernant la récente mise en couleur de l’épisode (ce qui n’est pas vraiment mon propos), il ne faut pas confondre la colorisation des cases issues du tracé d’origine (planches originales) que vient de produire Michel Bareau avec les remontages suivis de coloriages qui furent réalisés à partir de 1943 pour les autres albums en noir et blanc. Hergé avait très vite écarté cette hypothèse. Il était bien entendu conscient des faiblesses de son « péché de jeunesse ». Le remonter aurait été non seulement un très gros travail, mais aurait aussi constitué une « promotion » indue au rang des autres albums, vu la faiblesse du scénario. Par contre, le republier en l’état, tel un document d’histoire, prenait d’autant plus son sens que la série avait atteint des sommets de diffusion et de notoriété incomparables. Je suis certain que même les opposants de principe à la colorisation (dont je comprends mais ne partage pas la réaction) considéreront la qualité de réalisation et la maîtrise de Michel Bareau et de sa collaboratrice Nadège Rombaux. Une chose est certaine : la lisibilité de l’album en aura grandement bénéficié, et avec elle son accessibilité pour les plus jeunes. Tout ceci est décrit et argumenté avec brio par Philippe Goddin, dans son livre Hergé, Tintin et les Soviets, que viennent de publier les éditions Moulinsart.

Pour conclure, rassurons ceux qui n’approuvent pas la démarche : ils ne sont pas obligés d’acheter l’album, et encore moins de le lire ! Cela ne l’empêchera pas de connaître le succès, j’en suis sûr !

ÉTIENNE POLLET

Petit-fils de Louis Casterman, Étienne Pollet a été longtemps l’éditeur des collections Hergé chez Casterman. Il fut également l’artisan des facsimilés Tintin (dont celui de Tintin au pays des Soviets). Étant à la retraite depuis près de sept ans, il intervient ici en totale liberté.

Etienne Pollet
Photo DR

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Hergé et Tintin
 
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26 Messages :
  • Les héritiers d’un auteur ont-ils le droit de faire tout ce qu’ils veulent de son œuvre ? Serait-il admis, mettons, que les héritiers de Victor Hugo réécrivent Les Misérables en situant l’action au moment de mai 68, et éditent cela sous le seul nom de Victor Hugo ? Ou bien que ceux de Le Corbusier s’accordent afin de barbouiller la Villa Savoy de jolies couleurs dans le but de la remettre sur le marché de l’immobilier ?

    On voit bien le seul nom de Hergé sur la couverture de ce nouvel album...

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  • à la lecture des documents présentés dans cet article, je constate deux choses :
    - Hergé indique que sa première demande de réédition remonte à 1961. Donc 20 ans (pas 40 ans) avant sa mort. Vingt années durant lesquelles il n’a plus beaucoup créé : Les Bijoux, Vol 714 et Les Picaros.
    - Je ne lis nulle part dans la correspondance mise en ligne dans cet article que l’auteur, Hergé, souhaite une mise en couleur de son Soviets. Il marque accord pour une réédition n/b, non ?
    or, ce que conteste Hugues Dayez est l’effet "péché de jeunesse " d’Hergé. De son vivant, il n’a jamais envisagé de moderniser cette histoire, ni de la mettre en couleur, ce qui vient d’être fait par les ayants-droit et qui a été relevé par Hugues Dayez.
    je me trompe ?

    fd

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    • Répondu par leo le 10 janvier 2017 à  22:58 :

      Beh, dites-donc, qu’est ce qu’il vous faut vous ? :-)
      Vous ne trouvez pas qu’il s’agit là d’une démonstration brillamment circonstanciée et étayée ?
      Contrairement à ce que vous dites Dayez affirme à plusieurs reprises et sur plusieurs canaux qu’Herge s’est toujours opposé à la réédition de l’album et qu’elle lui a été imposée par l’éditeur. Ce dernier, preuve à l’appui, démontre le contraire et vous arrivez encore à défendre Dayez ! C’est extraordinaire.

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      • Répondu le 11 janvier 2017 à  07:57 :

        Quoiqu’il en soit, dans les échanges entre Hergé et son éditeur, il n’est jamais question de coloriser Tintin au Pays des Soviets. Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est cette nouvelle version colorisée.
        La colorisation pour faire vendre, ce n’est pas toujours la solution heureuse pour pérenniser une œuvre. Souvenez-vous de la version colorisée de Métropolis de Fritz Lang sortie en 1984 par Giorgio Moroder. Le film avait en plus été coupé. Un vrai massacre qui dénaturait l’œuvre originale.
        La question qui se pose fondamentalement : a-t-on le droit, après la mort d’un auteur, de retravailler son œuvre et de la signer en son nom propre ?
        Il n’est même pas indiqué sur la couverture "version colorisée par…"
        Est-ce une atteinte au Droit d’auteur ou non ? La loi belge est-elle différente de la loi française pour l’autoriser…

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        • Répondu par Nicolas Anspach le 11 janvier 2017 à  09:33 :

          Ce n’est en tout cas pas une atteinte au droit d’auteur, vu que l’ayant-droit, Madame Fanny Rodwell, a donné son accord. L’ayant-droit, a me semble-t-il, la liberté ou non, de respecter la volonté de l’artiste défunt concernant la pérennisation de son œuvre...
          La mise en couleur de ce "Soviets" a l’air d’être réussie et subtile. Mais je suis contre sur le principe. Hergé ne voulait pas qu’un dessin, pour un album, sorte de son atelier sans qu’il l’ait avalisé, ou tout moins donné des intentions très précises. Il en va de même avec les couleurs.
          On dénature l’œuvre avec cette édition des Soviets vu que l’on ne connaît pas les intentions de l’auteur.
          Il aurait mieux valu un nouveau Tintin, où il serait clairement indiqué que cet album serait "d’après les personnages d’Hergé".

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          • Répondu le 11 janvier 2017 à  13:08 :

            "L’ayant-droit, a me semble-t-il, la liberté ou non, de respecter la volonté de l’artiste défunt concernant la pérennisation de son œuvre..."

            Logiquement, l’ayant droit doit respecter le droit moral de l’auteur, non ?
            Sinon, pourquoi Madame Rodwell ne s’arrogerait-t-elle pas le droit de faire faire de nouveaux albums de Tintin ?

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        • Répondu par leo le 11 janvier 2017 à  10:54 :

          "Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est cette nouvelle version colorisée", dites-vous.
          OK. Mais ce n’est pas vraiment le propos de l’auteur du texte. Celui-ci veut avant tout répondre aux mensonges du journaliste Hugues Dayez lorsqu’il dit qu’Hergé s’est toujours opposé à la réédition.

          Maintenant, pour ce qui est de la colorisation. S’il est vrai qu’il n’y a pas, dans cet article, la preuve formelle et incontestable qu’Hergé la souhaitait, il y a en revanche une forte présomption qu’il n’était pas contre. Depuis le début, tant l’auteur et l’éditeur souhaitaient réserver les mêmes sorts aux albums d’avant Lotus, à savoir la republication pure et simple dans un premier temps et la transformation dans un second. Or l’auteur de l’article explique très bien les raisons pour lesquelles cela n’a jamais été fait pour les Soviets.

          Tant l’auteur que l’éditeur suivaient un seul et même objectif : vendre davantage d’albums ! Rappelons-nous qu’Hergé n’était pas un artiste bohème désintéressé. C’était un dandy qui aimait les belles voitures et les beaux costumes. Il était le roi du produit dérivé et a tout au long de sa carrière consentit à modifier ses albums quand cela s’avérait nécessaire afin qu’ils se vendent plus.

          Coloriser les Soviets, c’est à mon sens bien plus un crime de "lèse-fanatiques d’Hergé" qu’un crime de "lèse-Hergé". Tout porte à croire que non seulement il aurait été d’accord avec une réédition colorisée, mais en plus qu’il l’aurait trouvé très réussie.

          Enfin, comme le dit l’auteur "Personne n’est obligé d’acheter l’album".

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          • Répondu le 11 janvier 2017 à  13:04 :

            Avec votre logique, Hergé, pour vendre toujours lus d’albums, aurait préféré que son œuvre continue de se développer sans lui après sa mort avec de nouveaux albums. Ou fixez-vous la limite entre ce que Hergé aurait pu faire ou pas et comment ?
            Ou bien on décide qu’une œuvre s’arrête avec la disparition de son auteur ou bien on décrète que les héritiers et éditeurs deviennent propriétaires de droits qu’ils peuvent exploiter n’importe comment. Et là, la légitimité du droit d’auteur pour les ayants droit est à remettre en cause parce que le droit moral est vidé de son sens. De son vivant, il n’a jamais été question de redessiner et coloriser cet album, oui ou non ?

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            • Répondu par leo le 11 janvier 2017 à  23:46 :

              Je l’ai sans doute mal exprimée, mais vous ne semblez pas avoir compris ma logique. Mais peu importe.
              Pour répondre à votre question (la deuxième), je cite l’auteur de l’article : "En parallèle, Hergé reformate sur ce nouveau modèle en couleur tous ses albums précédemment parus en noir et blanc… à l’exclusion de Tintin au pays des Soviets. Il estime à bon droit que ses albums d’avant Le Lotus bleu doivent être redessinés, et pas seulement remontés." Manifestement il a été question de redessiner les Soviets. Mais cela n’a pas été fait car "entre-temps le journal Tintin a été lancé, les Studios Hergé ont été créés et cinq albums Tintin sont sortis en nouveauté, dont les deux albums de l’aventure lunaire. Tout cela a demandé beaucoup de travail à l’auteur, tantôt surmené, tantôt déprimé. Les années 50 voient aussi la mise en couleurs d’autres aventures dessinées avant-guerre : les albums de Jo, Zette et Jocko, ceux de Quick et Flupke et celui de Popol et Virginie. On mesure facilement combien l’idée de republier Tintin au pays des Soviets, avec toutes ses faiblesses, aurait été parfaitement saugrenue dans ce contexte, alors que l’album Les Cigares du Pharaon n’était toujours pas réinscrit au catalogue."

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              • Répondu le 12 janvier 2017 à  07:54 :

                Mais ce qui n’a pas été fait de son vivant n’existe pas. Ajouter des couleurs ce n’est pas avoir une version "par" mais "d’après".

                Pour ce qui est du cas Dayez. C’est un journaliste et critique BD. Pas un historien, ni un scientifique. Malheureusement, les journalistes vérifient rarement leurs sources. Et quand la source se met à s’exprimer, on découvre le décalage et les approximations qui mentent toujours.

                Ce qui me gêne dans cette tribune libre, c’est qu’elle utilise la vérité (Hergé souhaitait rééditer Tintin au pays des soviets) pour justifier la réédition colorisée post-mortem de l’ouvrage. C’est ce glissement qui est sournois. Cette mise en couleur n’était pas une volonté de l’auteur. La volonté de l’auteur était d’inscrire cette œuvre comme archive. tout le cheminement décrit par Monsieur Pollet l’affirme. Donc, les motivations actuelles de Casterman sont commerciales et non artistiques. L’argument "pour intéresser un public plus jeune", n’est qu’un argument commercial. Et sur tout ça, comme par hasard, Monsieur Étienne Pollet est aussi de Monsieur Louis Casterman l’éditeur de Hergé à partir de 1932. Difficile de le croire impartial dans cette aventure.
                Enfin, que la colorisation soit réussie ne justifie rien. A-t-on le droit de retravailler l’œuvre d’un auteur après sa mort ? En ajoutant des couleurs à un ouvrage, demain, pourquoi pas ajouter un nouveau tome à ceux que nous connaissons. Achever Tintin et l’Alph-Art, par exemple. Il va bien falloir le coloriser aussi, non ? Et pour cela, il faudra auparavant finaliser les dessins…
                La voilà la logique commerciale : c’est l’histoire d’un couteau qui date du 1er siècle et dont le manche a été changé au 5ème puis la lame au 12ème… mais le couteau date toujours du 1er siècle, bien sûr.
                Hergé à jouer à ça de son vivant. Il refondait ses ouvrages. Mais de son vivant, seulement. A-t-il laissé entendre que le processus continue après sa mort ? Non. Il a plutôt laissé entendre qu’après lui, il ne souhaitait pas que Tintin vive de nouvelles aventures. Jusqu’où le duo Rodwell et Casterman respecteront sa volonté ?

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                • Répondu par leo le 12 janvier 2017 à  11:52 :

                  Nouvelle réaction d’Etienne Pollet qui répond en partie à votre position.
                  À propos de la colorisation des ’Soviets’.

                  J’ai pu montrer déjà, grâces aux lettres d’Hergé, que les allégations comme quoi on lui avait forcé la main pour republier les ’Soviets’ étaient totalement fausses. La vérité est qu’il s’est battu avec son éditeur, dès 1961 - et pendant douze ans ! -, pour voir son "péché de jeunesse" à nouveau disponible.

                  Pour juger de l’opportunité de la colorisation de l’album, il est tout autant nécessaire de distinguer les opinions des faits.
                  Les opinions :
                  Hergé se retourne dans sa tombe à l’évocation de la colorisation des Soviets.
                  Les faits :
                  - Dans le "Petit Vingtième", Hergé a colorisé (à l’impression) une soixantaine de planches de "L’Île Noire" avec de l’encre rouge et verte, en à-plats et demi-tons. Sans rien changer à son trait d’origine qui sera seul repris dans l’album de Casterman.
                  - À l’inverse, après guerre, des millions de strips paraissent dans la presse du monde entier, avec le trait des albums ’classiques’ mais… sans leurs couleurs !
                  - De 1935 à 1949, la revue "O Papagaio", alimentée en direct par Hergé, publie 9 titres coloriés sur place, au Portugal. Les teintes sont épouvantablement criardes. Hergé laisse faire.
                  - Pendant la guerre, Cœurs Vaillants colorise sommairement les strips en noir et blanc du "Soir", remontés par pages. Hergé ne réagit pas.

                  Sans doute y eut-il d’autres exemples de tels coloriages mais le grand intérêt de ceux de "Cœurs Vaillants" et de "O Papagaio" c’est que l’on dispose de l’avis d’Hergé sur ces abus manifestes. Et il n’était pas contre, au contraire !
                  En effet, à son éditeur et ami Charles Lesne, qui lui parle du coloriage de "Cœurs Vaillants" et s’attend à une réaction très négative d’Hergé (lettre du 27 août 1944). Ce dernier répond :
                  "J’étais au courant… Je savais également, sans l’avoir vu cependant que cette reproduction se faisait en couleurs…" (…).
                  "Je crois donc qu’il ne faut pas prendre cela au tragique. Réjouissons-nous au contraire que Tintin ait continué à paraître là-bas (…)".
                  "Le même cas se présente d’ailleurs en beaucoup plus grave au Portugal où mes dessins sont massacrés de manière indescriptible et coloriés comme s’ils l’étaient par un enfant de trois ans affligé de daltonisme…"
                  Et en finale : "Je me console en pensant à la publicité que cela constitue pour nous. Il vaut mieux être connu par de mauvaises reproductions que pas connu du tout ! ".

                  Et pour couronner le tout, à une date que je n’ai pas retrouvée, après guerre, Hergé a accepté de coloriser deux de ses albums en noir et blanc, à la demande du journal Tintin France.

                  Ce qui précède ne règle en rien le fait de savoir si toutes ces colorisations étaient une bonne idée. Il y a des arguments dans les deux sens. Mais il n’est permis à personne de prendre Hergé à témoin pour rejeter, en son nom, la colorisation des ’Soviets’.
                  Ceux qui croient pouvoir parler au nom d’Hergé en totale ignorance, copieront cent fois "Je promet de ne plus parler au nom d’Hergé sans lui demander son avis."
                  *
                  Réexaminons donc, à cet éclairage, les sentiments supposés d’Hergé prenant – de là haut - connaissance de la colorisation réalisée par Michel Bareau. Elle est d’une incontestable qualité. L’album est proposé aux amateurs par son ancienne coloriste, sa femme, et sa légataire universelle. Il lui a fait une confiance totale pour gérer son héritage.

                  Ces messieurs qui parlent au nom d’Hergé sans l’avoir, sans doute, jamais rencontré, pensent évidemment en savoir plus sur ses goûts et ses sentiments que celle qui l’a accompagné pendant près de trente ans.

                  On peut ne pas apprécier certaines initiatives de Moulinsart ou de Casterman (même si on peut se demander à quel titre). Mais reprocher à Fanny - comme j’ai pu le lire - de ne penser à rien d’autre que "se remplir les poches" est une goujaterie sans nom.

                  Rappelons-nous sa décision (critiquée à l’époque !) de ne pas laisser se poursuivre les aventures de Tintin. Des millions d’albums auraient pu être vendus. Reconnaissons son travail intense et continu et aussi celui de Nick, son mari, pour perpétuer la renommée d’Hergé. Remercions Fanny qui a consacré des sommes considérables pour rendre hommage à Hergé dans un splendide musée !

                  Tout cela n’avait certainement par pour but de "se remplir les poches".

                  Et l’écrire froidement dans un journal ou sur le net me paraît épouvantablement stupide et particulièrement injuste et méchant.

                  Etienne POLLET
                  Petit-fils de Louis Casterman

                  Et j’ajoute que Moulinsart, les Studios et le Musée Hergé, c’est aussi près d’une centaine d’emploi. Léo

                  Répondre à ce message

                  • Répondu le 12 janvier 2017 à  17:45 :

                    "Je promet de ne plus parler au nom d’Hergé sans lui demander son avis."

                    Cela est valable pour vous aussi… et je vous prie d’ajouter un s à promet.

                    Je vous taquine !

                    On est d’accord, personne ne peut parler au nom d’un autre. Vous non plus.
                    On ne saura jamais si Hergé aurait approuvé ou non cette nouvelle colorisation. Ni moi, ni vous, ni Fanny Rodwell. Personne.
                    Et la qualité de cette colorisation n’est même pas à remettre en cause. Elle est plutôt réussie même si techniquement, elle n’a rien à voir avec ce qui était possible dans les années 1930. C’est même très bizarre ce dessin 1930 avec un traitement numérique Photoshop d’aujourd’hui.
                    Dans les citations de Hergé que vous nous livrez, il est évident que suivant les cas, ses réactions diffèrent. Quand c’est de qualité, il semble satisfait et preneur. Ce qui m’apparaît comme du bon sens.
                    Mais le vrai problème est ailleurs. Ce qu’il a fait ou laissé faire de son vivant est une chose, mais ce qu’on fait de son œuvre après sa mort en est une autre.
                    Peut-on remanier une œuvre après la mort de son créateur en y ajoutant, par exemple, des couleurs totalement inédites ?
                    Si oui, jusqu’où peut-on ajouter quelque chose à l’œuvre d’origine.
                    Je parle d’ajouter, pas d’adapter. Quand Spielberg adapte, on est dans un autre cas de figure.
                    C’est une question de droit d’auteur. Et tout ce que vous dites est évidemment très intéressant pour faire avancer le débat. Bien plus enrichissant que les erreurs volontaires ou involontaires de Monsieur Dayez - peu importe - qui ne mènent nulle part !
                    L’éditeur et l’ayant droit peuvent-ils se le permettre ?
                    Le cas est inédit probablement parce que Hergé est hors norme.

                    En tout cas, merci Monsieur Pollet pour toutes ces informations éclairées !

                    Répondre à ce message

                • Répondu par Norbert le 12 janvier 2017 à  12:17 :

                  Non. Il a plutôt laissé entendre qu’après lui, il ne souhaitait pas que Tintin vive de nouvelles aventures.

                  Dans ce cas, il y aurait bien davantage à dire de l’adaptation cinéma de Spielberg, qui réinvente autrement plus les aventures de Tintin que cette simple colorisation que je trouve ma foi très respectueuse.
                  Et pourtant Hergé était parfaitement prêt à laisser le champ libre au réalisateur pour adapter son œuvre. Dont acte !
                  Et je suis l’heureux destinataire d’une dédicace personnelle de la main d’Hergé, autant dire que c’est un aficionado de longue date qui parle.

                  Répondre à ce message

                  • Répondu le 12 janvier 2017 à  17:07 :

                    Spielberg, c’est une autre Histoire. C’est une adaptation pas la continuation d’une œuvre.

                    Répondre à ce message

  • Bonjour, je possède trois de ces "clichés métalliques". Quelqu’un peut-il m’en donner la valeur SVP ? Par pure curiosité car je ne suis pas vendeur.
    Merci par avance

    Répondre à ce message

    • Répondu le 10 janvier 2017 à  19:42 :

      Allez les faire estimer par un expert. Par pure curiosité de spéculateur potentiel puisque vous n’êtes pas vendeur pour l’instant.

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      • Répondu par Chanceux le 11 janvier 2017 à  14:04 :

        Pas vendeur tout court ai-je écrit. Ni pour l’instant ni demain sauf absolue nécessité. Il n’est pas illégitime de connaitre la valeur marchande actualisée de ce que l’on possède depuis longtemps et si l’on peut éviter des frais d’expert... Quand je lis sur ce blog tous les avis qui s’expriment tous plus doctes et experts les uns que les autres, je me suis dis qu’un lecteur plus aimable que les autres aurait pu me répondre. je me suis visiblement trompé sur les deux points , y compris l’amabilité.
        Merci quand même.

        Répondre à ce message

        • Répondu le 11 janvier 2017 à  14:32 :

          Si vous n’êtes pas vendeur tout court, à quoi bon en connaître le prix !

          Répondre à ce message

          • Répondu par chanceux le 12 janvier 2017 à  09:52 :

            Je dois donc être le seul à trouver ça légitime. Dont acte : j’entame une thérapie.

            Répondre à ce message

            • Répondu le 12 janvier 2017 à  17:16 :

              Le seul, probablement pas. Ce qui est légitime n’est pas nécessairement rationnel. L’immense majorité des individus a un rapport irrationnel avec le matériel. Intéressez vous seulement au prix d’une chose si vous souhaitez la vendre ou l’acquérir. Sinon, vous perdez votre temps puisque la valeur des choses varie toujours. C’est comme la bourse ou la météo. Si je décide de ne pas sortir de chez moi tel jour, à quoi bon savoir s’il va pleuvoir ou non ?

              Répondre à ce message

              • Répondu par chanceux le 13 janvier 2017 à  08:36 :

                Peut-être pour m’intéresser au monde, tout simplement ?

                Répondre à ce message

                • Répondu par Mère Cantil le 6 février 2017 à  18:03 :

                  J’en ai un et si c’est intéressant je suis vendeur. Combien peut valoir mon "fer original". C’est une grande case ...

                  Répondre à ce message

  • Un monsieur charmant, érudit, que j’ai eu l’occasion de rencontrer il y a une quinzaine d’années. Un puits de science sur Casterman, sur la bd, sur Tintin. Il sait de quoi il parle, cela lui donne déjà une fameuse légitimité.

    Répondre à ce message

    • Répondu le 11 janvier 2017 à  08:02 :

      Puits de science sur Casterman… en même temps, il est le petit-fils de Louis Casterman, ça aide !

      Répondre à ce message

      • Répondu par leo le 13 janvier 2017 à  15:14 :

        Pour en connaitre quelques-uns, je peux vous assurer que tous les petits-fils de Louis Casterman sont loin d’avoir les mêmes connaissances.

        Répondre à ce message

  • Je ne me souviens pas que Hugues Dayez ait poussé des hauts cris d’indignation quand les Editions Casterman - déjà elles - ont colorisé les albums de Corto Maltese, par exemple, qui avaient pourtant été conçus pour une édition en noir et blanc... N’était-ce pas aussi "sacrilège", de son point de vue de puriste ?
    D’autres œuvres de BD en noir et blanc colorisées ou encore certaines dont les couleurs ont été retravaillées pourraient être citées : les premiers Corentin étaient réalisés au lavis ou du moins en N&B, si je ne m’abuse, mais personne ne trouve à redire à cela, à juste titre.
    Personnellement, je trouve la mise en couleurs des Soviets particulièrement bien faite, toute en nuances. Les esprits chagrins à la Hugues Dayez peuvent n’y voir qu’une manœuvre commerciale... Chez lui, c’est devenu un leitmotiv (pour rester dans le russe...) ou un réflexe de Pavlov (idem). Il n’empêche que si seul l’argent était le moteur de Moulinsart et de Nick Rodwell (avec qui HD a des comptes personnels à régler), il y a belle lurette qu’ils auraient autorisé la reprise des aventures de Tintin par de nouveaux auteurs...
    Reconnaissons leur au moins de n’avoir jamais cédé à cette tentation jusqu’à présent, et je m’en réjouis quand je vous la manière dont la plupart des reprises de séries sont faites... Si ÇA ce n’est pas du pur commercial !

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PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
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