2064, l’Amérique du Nord. Mais pas du tout comme nous la connaissons. La Guerre de Sécession a pris un tour inattendu, le territoire s’est vu divisé en sept pays distincts qu’une nouvelle prophétie relie entre eux. Notamment à travers la mise en œuvre d’un projet terrifiant et secret : préparer la fin du monde, aidés en cela par les quatre Cavaliers de L’Apocalypse.
Sauf que des quatre l’un fait bande à part. Une première fois châtié par les trois autres, il revient à présent pour se venger, reprendre ce qui lui a été enlevé. Gare aux Élus des sept pays, qui avaient précipité sa chute, et gare à ses frères, dont la mission risque d’être compromise. Car ce cavalier n’est autre que la Mort.
Nous voici ainsi plongés dans un étonnant mélange : des codes narratifs et certains éléments de cadre qui empruntent au western, un arrière-fond mystique, et même téléologique, et des marqueurs de la science-fiction pour quelques lieux, équipements et véhicules. Sans parler du patchwork culturel qui se dégage des différentes nations que l’histoire nous invite à explorer.
Côté dessin, on note que le trait, en dehors des grandes planches introduisant les lieux, se met d’abord au service de l’action et cherche à mettre en relief l’expression des visages, les rictus et les regards des protagonistes. Surtout, un travail sur la couleur identifie les personnages rencontrés, au premier rang desquels les quatre Cavaliers et la suite qui accompagne le héros,
et pose les environnements par des atmosphères clairement typées.
Direct, efficace, voire brutal, proposant des personnages hauts en couleurs et un univers que l’on perçoit immédiatement comme riche, offrant une intrigue en apparence simple mais recelant nombre d’inconnues et comprenant déjà plusieurs rebondissements, East of West a tout pour mener un récit de qualité. Sa réussite en la matière devrait lui permettre de remporter un succès mérité.
C’est d’ailleurs déjà le cas aux États-Unis, la série se distinguant au sein du catalogue pourtant déjà foisonnant d’Image Comics (The Walking Dead). Et avec elle Jonathan Hickman - déjà plusieurs titres remarqués chez le même éditeur, dont le Pax Romana dont nous vous parlions il y a peu - s’impose un peu plus comme l’un des auteurs qui comptent en ce moment dans l’univers du comics.
(par Aurélien Pigeat)
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East of West T1, "La Promesse". Par Jonathan Hickman (scénario), Nick Dragotta (dessin) et Frank Martin (couleur). Traduction Jérôme Wicky. Urban Comics.
Sortie le 20 février 2014. 152 pages. 15 euros.