Quand Chris se rend à Sumatra, en pleine jungle, il pense faire de « l’animalitaire », de l’humanitaire pour animaux en faveur d’une espèce menacée d’orangs-outans… En réalité, il débarque au milieu d’une vraie guerre entre gouvernementaux et rebelles, chacun actionnés par de puissants intérêts face auxquels les considérations pour la protection de la planète, voire même la vie humaine, pèsent peu. Avec réalisme, les auteurs montrent la violence de cette guerre, sourde mais réelle, et la difficulté de traduire la cause humanitaire sur le terrain.
Chris Lamquet s’intéresse à l’écologie depuis longue date. Dans Gilles Roux et marie Meuse (1985), Quasar (1987) ou Alvin Norge (2000), on trouve bon nombre de thèmes qui relèvent de ce registre. En se reposant sur les qualités de raconteur d’histoires de Richard Marazano (Cuervos, Le Complexe du chimpanzé), il peut s’attarder sur un découpage et des ambiances qui, de page en page, se montrent de plus en plus spectaculaires.
En dépit de son caractère angoissant et désespéré, ce thriller a le mérite de montrer que le combat sur le terrain, mené par chacun, du plus modeste au plus puissant, est essentiel pour la survie de la planète et que cette cause n’a rien de confortable, ni d’éthéré.
On s’attardera particulièrement sur les dessins de Lamquet dont la précision et le ressenti sont remarquables. Voilà un auteur qui n’est pas apprécié à sa juste valeur. C’est pourtant l’un de nos meilleurs dessinateurs réalistes.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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