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Editions Paquet : Le retour d’Agatha Christie

Par Patrice Gentilhomme le 25 décembre 2017                      Lien  
Retour en force pour la célèbre autrice britannique avec pas moins de trois albums qui paraissent simultanément aux Editions Paquet. Une manière de découvrir l'oeuvre de l'écrivain par différentes entrées.

La série avait été initiée sous le label de la collection Le Masque par Didier Pasamonik chez Hachette à la fin des années 1980. Puis elle avait été reprise par Claude Lefrancq dans les années 1990 avant que l’éditeur Emmanuel Proust ne la reprenne autour des années 2000,. François Rivière, André-Paul Duchateau, Thierry Jolet , Marek ou Didier Quella-Guyot furent parmi les maîtres d’œuvre de cet ambitieux projet au parcours éditorial chaotique qui donna lieu à plusieurs dizaines d’ouvrages.

Née à Torquay en 1890, Agatha Christie est aujourd’hui encore considérée comme un des auteurs britanniques les plus lus après Shakespeare et sans doute des plus adaptés sous toutes les formes : théâtre, cinéma, télévision… En choisissant de réadapter ses livres en bandes dessinées, l’éditeur helvético-belge Paquet, acquéreur du fonds EP Editions, s’attaque à un monument du roman policier. Parmi les soixante-six romans, quatorze recueils de nouvelles et vingt pièces de théâtre, trois nouveaux titres ouvrent le catalogue de cette refonte de la collection.

Ces albums soignés servent d’écrin à de nouvelles adaptations au graphisme appliqué et maîtrisé. Des auteurs « maison » sont appelés à la rescousse à cette occasion, comme Benjamin Von Eckartsberg (scénariste de La Chronique des immortels et plus récemment de Gung Ho) ou Emilio Van der Zuiden (auteur de Mc Queen ou de la série Margot, chez le même éditeur) ou encore Olivier Dauger (A qui l’on doit notamment la série Ciel en ruine).

L’entreprise s’avère convaincante et fidèle autant dans la narration que la restitution du climat des romans. De ce point de vue, Le Crime de l’Orient Express est un bon exemple. Les auteurs ont réussi à installer l’atmosphère qui prévaut à ce huis clos ferroviaire, cadre de l’enquête d’un Hercule Poirot parfaitement crédible. Les ambiances colorées jouent sur la promiscuité des compartiments et l’obscurité des wagons tandis que la mise en page suit le rythme imposé par la progression de la narration sous la maîtrise du dessinateur Chaiko. Le train étant bloqué par la neige, l’intrigue suit ce voyage immobile au gré des échanges toniques, cinglants entre les différents protagonistes, illustrés par une succession de plans rapprochés secs et tendus.

Editions Paquet : Le retour d'Agatha Christie
La maîtrise graphique restitue l’ambiance du roman avec justesse.

Considéré comme l’un des chefs-d’œuvre d’Agatha Christie, Le Crime de l’Orient-Express publié pour la première fois en 1934 ne cesse d’inspirer les auteurs, Kenneth Branagh vient pour sa part d’en signer une nouvelle version au cinéma.

Avec Un Cadavre dans la bibliothèque, on retrouve la pétillante Miss Marple face à un crime crapuleux peu banal : le corps d’une jeune femme gît dans la bibliothèque d’un couple de sexagénaire qui dormait à l’étage et qui bien évidemment ne s’est aperçu de rien. L’enquête nous offre une galerie de portraits pittoresques dans un climat "british" à souhait. Le graphisme élégant et précis d’Olivier Dauger est tout à fait en phase avec le sujet et cette atmosphère si particulière au roman de Madame Christie. La lecture de l’album se fera donc avec plaisir, bien calé près de la cheminée accompagnée d’une tasse de thé, of course !

Des effets de mise en page modernes apparaissent au gré des pages des Beresford

Dans Mr Brown, Prudence Cowley (dite Tuppence) retrouve Thomas Beresford à la fin de la Première Guerre mondiale. Un peu désœuvrés, sans véritable ressource les deux amis évoquent la possibilité de créer une agence de recherche de personnes disparues. Cette idée leur étant venue à la lecture de l’avis de recherche d’une certaine Jane Fish, avec promesse de récompense évidemment ! Suite à un malencontreux quiproquo, ils vont tous deux se retrouver mêlés à une étrange affaire d’espionnage.

Une mystérieuse organisation, dirigée par un certain Mr Brown, se lance à leurs trousses pour à récupérer des documents compromettants confiés à ... Jane Fisch ! Peu avant le naufrage du paquebot Lusitania, sur lequel elle se trouvait alors, la jeune femme aurait recueilli d’un mystérieux correspondant des documents secrets susceptibles de provoquer une véritable révolution au sein du Royaume-Uni. Malgré une intrigue touffue, un peu complexe, l’adaptation de ce second roman d’Agatha Christie se révèle d’une lecture fort plaisante notamment par son charme très chic british. Une narration qui redonne un coup de jeune à ce roman publié en 1932 et assez peu connu du grand public.

Au final, cette remise en selle des classiques d’Agatha Christie à partir de ces trois premiers ouvrages se révèle de qualité et attrayante. À l’image de nombreux de leurs confrères, les éditions Paquet investissent à leur tour le registre des adaptations littéraires. Une niche éditoriale qui connaît des succès variables, en s’appuyant à la fois sur une recherche de légitimité et sur une volonté pédagogique revendiquée mettant à disposition de tous de grands textes de la littérature.
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(par Patrice Gentilhomme)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782888908760

 
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2 Messages :
  • Editions Paquet : Le retour d’Agatha Christie
    28 décembre 2017 15:51, par SCHMITT

    Vous utilisez dans la même phrase ou peu s’en faut le mot autrice pour Agatha Christie, ce qui est bien ! Mais pourquoi parler ensuite d’ecrivain et non d’écrivaine ?
    auteur - ecrivain
    autrice - ecrivaine
    Non ?

    Claude

    Répondre à ce message

    • Répondu par kyle william le 28 décembre 2017 à  20:35 :

      Il me semble que pour l’instant, même si la nécessité d’utiliser des féminins pour les noms de métier tend à se généraliser, aucune règle ni aucun usage ne se sont encore imposés. Autrice fonctionnait très bien en latin car le verbe correspondant existait. Mais il a disparu en français contemporain. Du coup le mot auteur se retrouve un peu tout seul, adjectf substantivé sans son verbe ni son substantif d’origine… donc un peu dans la même situation que "docteur" ou "professeur" (et non pas comme acteur-actrice qui sont issus d’agir, et d’action). On emploie couramment doctoresse ou professoresse, donc pourquoi pas autoresse plutôt qu’autrice ?
      Enfin, en attendant de voir ce qui marchera, on fera ce qu’on voudra.

      Répondre à ce message

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