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Elizabeth Bâthory - Par Françoise-Sylvie Pauly et Pascal Croci - Editions E. Proust

Par Patrice Gentilhomme le 23 octobre 2009                      Lien  
La comtesse Élisabeth Báthory, née le 7 août 1560; est issue d’une grande famille hongroise. On lui attribue un nombre (incertain) de meurtres et de tortures exercées dans son château de Cachtice, situé dans l’actuelle Slovaquie.

Après la mort de son mari, aidée de quatre complices ; la jeune Comtesse aurait pratiqué de nombreux sévices sur des jeunes filles d’où le surnom de « Dame sanglante » des Carpates. Ne dit-on pas qu’à la recherche de la jeunesse éternelle, elle serait allée jusqu’à prendre des bains de sang ?

Bien que son origine noble lui évita un procès (et peut-être une exécution), elle resta emprisonnée durant quatre ans dans son château jusqu’à sa mort le 21 août 1614. Histoire ou légende ? Celle qu’on qualifie parfois de première grande criminelle de l’histoire a déjà fait l’objet de nombreuses interprétations littéraires ou cinématographiques. Pascal Croci, dont on a déjà pu mesurer l’intérêt pour ce type de sujet (notamment à travers son Dracula publié chez le même éditeur) ne pouvait évidemment pas passer à côté de cette femme-vampire.

L’auteur n’a jamais fait mystère de son intérêt pour ce qu’il qualifie de pornographie macabre, thème largement développé dans d’autres albums comme Césium 137 ou à travers la Shoah dans le célèbre Auschwitz primé par l’Assemblée Nationale.

Ici, il nous décrit en détail la lente descente aux enfers (et ce n’est pas qu’une formule !) de la jeune femme, ses amitiés particulières et ses obsessions morbides. Un portrait sombre et précis d’un tueur en série avant l’heure à la beauté troublante et fatale. Les amateurs du genre retrouveront les passages obligés de ce type de récit : témoignages de voyageurs dans l’auberge du village, château isolé et enneigé, paysages d’hiver désolés, ambiance obscure humide et glacée, monologue distancié de l’héroïne etc…

Tout en restant fidèle à la trame générale et au contexte de l’histoire, Pascal Croci et Françoise-Sylvie Pauly (au scénario) livrent une interprétation très personnelle privilégiant un esthétisme un peu excessif, une recherche d’effets plastiques dont l’accumulation finit par brouiller le discours.

Si le travail sur les couleurs et la lumière reste très abouti et séduisant, la mise en page efficace et dynamique, l’abondance de « ces belles images » risque de desservir un propos parfois ambigu : fascination morbide ou démarche artistique sincère ?

Croci accumule les scènes scandaleuses et sanglantes au risque de faire sombrer son histoire dans un festival gore un peu désincarné.
L’émotion ne se mesurant pas au nombre de cadavres, on appréciera davantage son talent dans certaines (très belles) descriptions de paysages ou la qualité du traitement des décors et des ambiances.

Ce nouvel album à la couverture somptueuse, complété d’un dossier en fin d’ouvrage s’intègre parfaitement à la collection Atmosphères toujours soignée dans sa réalisation et reconnaissable à sa reliure toilée.
Emmanuel Proust continue d’y proposer des récits séduisants, parfois un peu difficiles, associant parfum de scandale très fin de XIX siècle, et romanesque délicieusement kitch.

(par Patrice Gentilhomme)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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