Elvira & Otto - Par Baltscheit et Fiedler - Éd. Rue de Sèvres

Leurs deux cœurs s’emballent, l’amour a frappé ces deux êtres si différents mais bien décidés à vivre l’un pour l’autre ! Loin des railleries et des moqueries des autres espèces, ces deux-là sont prêts à faire face à tout.

La découverte d’un téléphone portable perdu par des touristes va semer le trouble dans la communauté des animaux en leur offrant des images incroyables : celles de la ville, de ces Occidentaux qui sillonnent la savane au cours de leurs safaris.

Sur l’écran de ce qu’ils considèrent comme une punaise plate (!) ils découvrent un monde qui les fascine, un monde qui les intriguent au point que certains rêveraient de découvrir ce monde de leurs propres yeux. Mais ce monde dérange aussi quelques-uns de nos amis à quatre pattes.

Un débat s’installe entre les différents animaux. Avec tout son soi-disant confort, ce style de vie ne semble pas faire consensus. Ce monde est-il vraiment fait pour eux ? Ne risquent-ils pas aussi d’en subir les nuisances autant que les avantages ? Pourtant nos deux amoureux sont bien décidés à partir à la découverte de ces êtres aux mœurs étranges, les hommes !

Quels dragueurs ces éléphants !

Le ton de Elvira & Otto n’est pas sans rappeler celui de la jungle en folie, la série animalière de Godard et Delinx qui fit les beaux jours de Pif Gadget.

Cet album hésite entre délires gentiment loufoque, et fable romantique et écolo. On ne s’attardera pas sur le poids symbolique de ce couple attachant mais hors norme, objet de toutes les moqueries et arrières pensées « Trouvez-vous un amoureux de votre espèce, cette histoire ne vous mènera à rien ! » leur intime le buffle. La différence est ici tellement évidente que la souligner tourne en ridicule les critiques. S’il y a un message de la part des auteurs, son énormité un peu délirante ne fait nullement obstacle à sa compréhension. La tendresse et la sensibilité avec lesquelles sont abordées ces questions rendent l’histoire très attachante.

Vue à travers le regard de ces animaux « sauvages », notre civilisation en prend pour son grade, sans jugement péremptoire mais avec humour et... une certaine naïveté, de la part de notre couple d’amoureux.

Au cours des échanges entre les différents animaux, c’est toutes les problématiques liées au confort, au progrès, à notre rapport aux médias ou à l’urbanité de nos sociétés qui sont questionnées.

Issu de l’illustration jeunesse et du court-métrage, Martin Baltscheit s’associe à l’animateur Max Fielder pour trouver un ton juste et original. Les deux auteurs venus d’outre-Rhin racontent une histoire animalière qui, selon la formule consacrée « s’amuse à réfléchir ».

Comment protéger sa fiancée des crocrodiles !

En résumé, l’épopée des deux tourtereaux vire à la fable gentiment décalée, finement écolo sans prêchi-prêcha laborieux, mais avec humour et tendresse.

On attend la suite des aventures de ce duo improbable, mais si drôle et terriblement attachant !

À déposer dans toutes les petites mains.