Faut-il rappeler le fauteuil en rotin ? Le mari manipulateur qui jubile de voir sa bien aimée dans les bras de la moitié de son entourage ? La trame d’Emmanuelle, que ce soit le premier ou celui-ci, n’a rien d’inventif. Tout tient dans le type d’outrages délicieux qui font subir à cette chère beauté les partenaires successifs qui attendent sagement leur tour. Ici, hommes et femmes se partagent la tâche et la filiforme Emmanuelle, si parfois se demande si c’est bien raisonnable, distribue les tickets.
Le traitement de Crepax, comme à son habitude, s’inscrit dans son style inimitable. Les corps sont systématiquement élancées, trop d’ailleurs, tout comme les quelques verges qui apparaissent dès qu’Emmanuelle approche. L’auteur se permet quelques audaces formelles, comme cette utilisation particulière des contrastes, qu’il s’agisse des personnages et de leurs apparats, ou des paysages. Ses bulles adoptent toute sorte de placement, y compris vertical, et ses cases échappent régulièrement à un sage alignement.
Attaché à son travail d’adaptation très personnel, Crepax ne donne pas une version très hot du roman d’Arsan [1], quitte à provoquer une certaine torpeur à la lecture. Mais les amateurs de son Valentina pourront sans effort apprécier l’esthétique du maître.
Pour public averti
(par Guido BACRI)
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