Si l’histoire de la professeure Misuzu constitue la trame principale du manga, dont nous suivons la façon dont elle vit, ou plutôt se débat, avec sa douleur, une petite galerie de personnages gravitent autour d’elle, à un ou deux degrés de distance.
Chacun d’eux illustrent un comportement type sur les rapports homme-femme, servant au propos général de l’œuvre, mais le cas de Niizuma occupe une place particulière. En effet ses sentiments prennent une place aussi importante que ceux de sa professeure principale, faisant de lui le second protagoniste de l’œuvre.
Peut-on sauver une personne en dépit d’elle-même ? En particulier lorsqu’il s’agit d’un homme qui désire sauver une femme qu’il sent pris au piège dans une relation toxique ? Ce sont les questions que se pose Niizuma, sur sa légitimité, alors qu’il s’est lui-même laissé embarquer dans une relation de complaisance avec une camarade de classe qui lui a fait du « rentre dedans » comme on dit.
Le récit brosse ainsi plusieurs relations dysfonctionnelles, avec peu de réel couple, et chez celui qui s’en rapproche le plus l’homme trompe sa compagne à tout va, alors que leur mariage approche. L’ambiance reste donc pesante, voire écœurante à certains moments car rien n’est épargné au lecteur : la crudité de certains personnages s’affichant aussi bien en parole qu’en acte.
Les grands thèmes traités, l’emprise, la domination et le contrôle, traversent les différents épisodes, semblant par moment donner l’impression qu’il n’y a pas d’espoir pour établir des relations d’égal à égal. A ce jeu-là, les femmes ne sont pas en reste dans l’œuvre, comme avec Niizuma et sa « petite-amie » qui sait parfaitement s’y prendre pour le faire culpabiliser afin de le garder.
Une lecture éprouvante qui dresse un portrait sans concession des relations toxiques. Pour le moment le récit s’est attelé à poser les personnages et leur jeu de relations entremêlées, un contexte sous-tension désormais prêt à exploser à tout moment.
(par Guillaume Boutet)
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En proie au silence T2 & T3. Par Akane Torikai. Traduction Gaelle Ruel. Editions Akata. Sortie le 28 mai 2020 & le 16 juillet 2020. 192 pages. 8,05 euros.
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