Voilà des années que les directeurs de prisons font appel à des intervenants pour donner un peu d’air à leurs détenus. Entre activités artisanales et formation, sport et musique, les ateliers d’écriture ont fleuri. La BD n’a pas tardé à pointer ses pages, un peu plus tard.
Auteur d’albums pour Soleil, de pages pour Lanfeust Mag, prof de dessin en collège, Bast a dit oui quand la maison d’arrêt de Gradignan l’a sollicité. Chaque semaine, durant 3 ans, il a accueilli des prisonniers mineurs, dont certains ont montré un vrai talent, d’autres un peu d’intérêt, et quelques uns beaucoup moins.
Son récit, curieusement nappé de dégradés de vert, alterne séquences vécues -toutes rigoureusement vraies- et réflexions sur ce milieu, découvert par Bast en 2004. Il parvient à montrer la violence, l’ennui, le desarroi, mais aussi des moments drôles, insolites, voire chaleureux. Les gardiens ne sont pas oubliés, eux qui se doivent d’oeuvrer à la réinsertion au même titre que les éducateurs. Avec ce public de mineurs, le propos est d’autant plus poignant. Entre quasi-psychopathes et détruits de l’intérieur, on se prend à voir en certains une possible vie en liberté.
Un témoignage passionnant, et qui ne vaut pas seulement pour ses qualités de reportage dessiné. Un auteur s’y exprime, avec sa conviction, ses doutes, sa fragilité, et toujours une profonde sensibilité.
(par David TAUGIS)
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