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Enfin une intégrale respectueuse du Chevalier Blanc de L. & F. Funcken

Par Charles-Louis Detournay le 30 juin 2014                      Lien  
Dans une collection de douze albums cartonnés de 32 et 48 pages, BD Must réédite dans sa globalité les aventures d'un héros majeur de l'âge d'or du Journal Tintin.

Nous le rappelions dans un article précédent : Liliane & Fred Funcken étaient le couple-phare de l’âge d’or de la bande dessinée belge dans le domaine de la bande dessinée historique. On pense bien entendu à leur histoire des costumes et des uniformes, mais aussi à Harald le viking, Doc Silver, Capitan, Jack Diamond et bien d’autres travaux.

Mais la série qui reste le plus ancrée dans les mémoires des lecteurs est certainement celle du Chevalier blanc.

Après avoir réalisé bien des Histoires de l’Oncle Paul, les époux arrivent au Journal de Tintin en 1953. Fortement inspirés par l’Histoire, ils vont profiter du récit de ce chevalier sans peur médiéval apporté par un autre jeune auteur fraîchement arrivé au Journal. "C’est Raymond Macherot qui est venu avec un synopsis racontant ces aventures, ont expliqué les Funcken. Hergé a pensé que ce personnage nous conviendrait, et c’est Hergé, en personne, qui nous a fourni la documentation. "

Enfin une intégrale respectueuse du Chevalier Blanc de L. & F. Funcken

Un Zorro en armure étincelante

Les Funcken se mirent donc à la tâche sur cette idée de Macherot, lequel ne créée lui-même Chlorophylle que quelques temps plus tard. Pour rappel, Le Chevalier blanc se déroule au début du XIIIe siècle : le royaume de France est la proie de criantes injustices et, face aux turpitudes des riches et des nantis, va se dresser un chevalier à l’armure étincelante : le Chevalier blanc. Mais le temps passe et les apparitions du défenseurs des opprimés se font de plus en plus rares...

Un jour, Jehan de Dardemont et son fidèle ami rentrent de croisade. Jehan apprend la mort de son père ainsi que le secret du célèbre justicier : il s’agissait du seul et même homme. Jehan, un preux honnête et vaillant, décide alors de poursuivre l’action menée par ses aïeux : il revêt le blanc costume. Avec un seul idéal : défendre les faibles de toutes conditions...

Les premières pages du Chevalier blanc ne sont signées que par Fred Funcken, et paraissent aux côtés du nouvel épisode de Bob et Bobette, le mythique Trésor de Beersel. Il parait également en même temps que On a marché sur la Lune et que La Marque Jaune, preuve de l’importance du Journal Tintin pour les jeunes lecteurs de cette époque.

Après le succès de la première histoire, les Funcken continueront seuls, sans Macherot, à faire vivre de trépidantes aventures à ce nouveau héros qui enchante les lecteurs. Certes, les personnages sont très typés : le preux Jehan combat d’infâmes traîtres et scélérats qui accumulent les pires bassesses, mensonges et coups bas pour tenter d’arriver à leurs sordides objectifs. Ils portent leur vilenie sur le visage. Malgré une longue interruption de 1955 à 1958, en dix ans (de 1953 à 1963), ce héros accomplit huit belles aventures au sein du Journal Tintin.

Le couple bruxellois fut bientôt accaparés par leur chef-d’œuvre, L’Encyclopédie des uniformes et des armes (actuellement en cours de réédition chez Hibou) pendant 17 ans, avant de revenir à l’hebdomadaire des 7 à 77ans avec deux nouvelles aventures du chevalier à l’armure étincelante écrites cette fois par Didier Convard, le futur auteur du Triangle Secret : « L’éditeur nous avait proposé de réaliser un nouveau Chevalier Blanc, ont expliqué les auteurs. Nous avons accepté, mais nous voulions avoir du sang neuf pour le scénario.Le rédacteur-en-chef de Tintin [Jean-Luc Vernal] a appelé Didier Convard pour lui soumettre l’idée. Convard, au bord de la panique, nous a téléphoné en nous disant qu’il ne pouvait reprendre le scénario […], car c’était une de ses séries préférées étant gamin. Il considérait presque cette reprise comme un sacrilège. On est parvenu à le convaincre et nous avons un très agréable souvenir de cette collaboration. »

Une publication erratique


« Le Chevalier blanc est notre personnage préféré, affirmaient les Funcken. Nous avons été les premiers auteurs du continent européen à être traduits en anglais. Presque personne ne le sait. À l’époque, Hergé était loin d’avoir ses albums traduits. L’éditeur d’un quotidien avait acheté les droits pour la publication de la première aventure du Chevalier blanc qui s’appelait, dans sa version anglaise, « Phantom Knight ». C’était une véritable satisfaction pour notre amour-propre ! »

Malgré cela, les albums francophones furent édités en dépit du bon sens. Après un premier album cartonné avec le fameux dos toilé rouge du Lombard, la série passe à la collection brochée Jeune Europe. Puis, la publication est réalisé dans le désordre, en faisant l’impasse sur certains épisodes. Par après, ce seront les éditons Chlorophylle qui publient les aventures restées dans l’ombre, mais en noir et blanc, avant que Magic Strip ne prenne le relais (le grand Yves Chaland se fendit même d’une couverture !). Hélyode reprendra les épisodes scénarisés par Convard, mais encore une fois dans le désordre, puis c’est e passage aux éditions Lefrancq, sans compter le recueil des cinq premières aventures par Rombaldi, le tout se trouvant entaché par plusieurs changements de titres ! Le lecteur y perdait son latin, fut-il du Moyen-âge !

L’intégrale est agrémentée par un dossier aussi didactique que complet, signé Gilles Ratier.

Après leurs éditions en intégrale de Pom et Teddy, Barelli, Mr Tric, Cori le Moussaillon et Steve Severin, BD Must s’est donc attelé à reprendre en intégralité les aventures du Chevalier blanc dans une mouture cartonnée et chronologique, quatre albums n’ayant jamais été publiés qu’en noir et blanc. BD Must a refait les couleurs en respectant les tons homogènes tout au long des albums, de manière à ne pas heurter le lecteur. Et même, s’il faut acquérir d’un coup la globalité des albums, on a au moins la certitude de ne pas devoir faire face à une publication interrompue au milieu de la série.

Chaque album est agrémenté d’un ex-libris collé en face de la page de titre qui mentionne le numéro du tirage. En effet, par souci de rentabilité, BD Must ne produit que mille exemplaires de cette intégrale. Les albums sont donc correctement identifiés, sans abus possible. Cerise sur la gâteau, l’intégrale propose une superbe plaquette réalisé par Gilles Ratier. En 16 pages, l’un des meilleurs connaisseurs que compte le 9e Art franco-belge revient en détails sur la biographie des Funcken, et la chronologie des Chevalier Blanc. Ce dossier est rehaussé d’un beau texte écrit récemment par Didier Convard, qui revient sur sa collaboration avec les Funcken. On y retrouve quelques petites perles issues des archives du Journal de Tintin, ainsi qu’une lettre de Jacobs aux abois et qui demande l’aide des Funcken pour la séquence médiévale du Piège diabolique !

Cette édition a non seulement le mérite de restituer enfin dans son intégralité la magie distillée par les Funcken au cœur de l’âge d’or de la BD belge, mais également de respecter le lecteur en lui proposant un produit de qualité, autant sur le fonds que sur la forme.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Lire :
- notre article concernant la disparition de Fred Funcken, chantre de l’épopée historique
- la dernière interview de Gilles Ratier

 
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5 Messages :
  • Quid du respect du lecteur, dès lors qu’on publie une Intégrale non fractionnable ?

    Il s’avère donc impossible de compléter une série pour ceux qui en posséderaient déjà certains titres.

    Ce n’est certainement pas la façon la plus économique de populariser la diffusion (ou la redécouverte) du Patrimoine franco-belge.

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    • Répondu par BD Must le 18 juillet 2014 à  18:47 :

      Bonjour, en effet les albums ne sont, pour l’instant, pas vendus séparément car nous avons privilégié une publication rassemblant l’entièreté de l’oeuvre. La vente en intégrale permet de plus d’assurer une édition homogène (couleur, ....) et de proposer les albums accompagnés d’un dossier de 16 pages retraçant la vie de Fred et Liliane Funcken et de 12 ex-libris numérotés à un prix intéressant ( moins de 16€ l’album).

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  • je suis heureux enfin de la publication de cette série que j’ai lu à plusieures reprises possédant la plus pard des albums mais hélas en noir et blanc du coup le fait de l’avoir en couleur c’est super.
    Par contre ou et dans quelles librairies sera t’elle disponible. j’ai demandé à mes libiraires habituels ne sont même pas informé et quand à la fnac même pas plus. Ensuite acheter l’ensemble une seule fois cash n’est pas très salutaire.

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    • Répondu par BD Must le 18 juillet 2014 à  18:56 :

      Bonjour, si vous le souhaitez, les albums sont commandables sur le site de BD Must (www.bdmust.be). Si vous préférez les acheter près de chez vous, n’hésitez pas à me communiquer votre code postal et je vous renseignerez la librairie la plus proche de chez vous les ayant en stock.

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  • heureuse initiative ! ceci dit pourquoi ne pas avoir repris les couvertures du journal Tintin si nécessaire : cela vous aurait évité deux erreurs
    1) l’usurpateur : la couverture proposée est celle du Serment de l’archer
    2) pour le trésor de Nezzour Pacha, la couverture correspond au Signe fatal
    bon, c’est peu de choses à côté du plaisir de pouvoir retrouver l’intégrale de notre héros (dont l’introuvable Ombre du glaive).

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