À tous ceux qui cherchent absolument à caser la BD dans une case, à lui coller un "statut" (quo ?), BDAix apporte depuis douze ans une réponse cinglante : les créateurs de BD ne s’enferment pas, car le 9e art est un carrefour de tous les arts, et si la publication d’un album est une forme d’accomplissement, la permission est donnée à ses créateurs d’aller vagabonder partout ailleurs : dans l’illustration, la publicité, le jeu vidéo, l’animation, le cinéma, la sculpture, la peinture, le roman même. Et aux créateurs de ces arts d’oser la BD. "La BD, c’est un art de vivre" disait déjà Morris dans les années 1960. Fieffé prophète !
L’affiche annonce la couleur : elle est signée par l’auteur de BD, peintre et illustrateur espagnol Sergio Mora, des images naïves faites de monstres désuets et de robots vintage. Chez le Croate Miroslav Sekulic-Struja, qui publie Pelote dans la fumée chez Actes Sud, elle se fait expressionniste, nabi, art brut... Pour le Français Thomas Azuelos, elle prend un ton grave, évoque le souvenir du génocide des Arméniens dont on marque cette année le terrible centenaire.
Elle se fait farce avec Fluide Glacial qui vient fêter 40 ans d’impertinence potache et parfois pochtronne, apportant une touche d’humour à une époque soudainement prise de morbidité depuis le 7 janvier. À ces fondamentaux répondent les dessins-uppercut de Gus Bofa qui en avait vu d’autres et qui vient ici taquiner une annexe de l’atelier de Cézanne.
On retrouve à Aix-en-Provence, dans la Cité du Livre, près de 60 talents, jeunes et vieux, que l’on aime pour l’image de diversité qu’ils renvoient dans un marché de plus en plus formaté, de plus en plus réassuré, de plus en plus façonné par des consommateurs à l’esprit anesthésié, des commerciaux et des commerçants qui suintent la peur et qui prennent le prétexte de cette diversité pour dénoncer une trop commode "surproduction", appel, conscient ou inconscient ?, à un programme d’eugénisme créatif, de protectionnisme rampant, comme si la visibilité était la condition nécessaire du talent.
Or qui, de L’Association à Charlie Hebdo, du libraire de quartier à la startup de l’édition ou même un géant du web n’a jamais douté que la création était un combat ?
Nous attendons avec impatience ce week-end qui décrasse l’œil, qui ravive l’esprit et qui permet, avec espoir sans doute, de retrouver les univers accueillants de Mezzo, de Donation Mary, de Simon Roussin, de Dimitri Planchon, de Jean-Marc Pontier, de Thomas Mathieu ou de François Boucq qui termine tout doucement son "Little Tulip French Tour" en attendant de nous gratifier de sa version de SuperDupont.
Tout cela a commencé à s’exposer depuis le 23 mars et continue à l’être jusqu’au 23 mai 2015, avec un temps fort les 10,11 et 12 avril, week-end où tous ces auteurs seront présents. Cela se passe sous un ciel de Provence qui affûte les premiers rayons du printemps sur les tuiles d’une ville accueillante, sans galère hôtelière, aux habitants charmants. Chaque instant, ce week-end là, pulse au rythme d’images, mais aussi de récits, interpellants, neufs et bigarrés.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Rencontres du 9e Art, Festival de Bande Dessinée et autres Arts associés
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12e ÉDITION / FESTIVAL 2015
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WEEK-END BD 10,11 & 12 AVRIL 2015
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