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Et Dieu dans tout cela ?

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 1er août 2012                      Lien  
Que ce soit dans "La Genèse de Crumb" (Ed. Denoël), "Archétype" de Ralf König (Ed. Glénat), ou "L'Exode selon Yona" par David Ratte (Ed. Paquet) dans les publications récentes, la religion reste un sujet pour les auteurs de bande dessinée. Mais il semble que l'approche se fait moins critique que naguère...

Jadis, la bande dessinée dite "confessionnelle" était toute puissante en France. La bande dessinée, comme nous vous l’avons déjà raconté, était tombée dedans quand elle était petite, au point qu’il était mal vu ces dernières années de voir la religion autrement que d’un point de vue anticlérical, le point d’orgue, si l’on peut dire, étant sans conteste l’affaire des caricatures danoises publiées par Charlie Hebdo. "La religion, c’est feu à volonté !" nous disait Charb.

Bien sûr, il y a toujours eu une publication confessionnelle, qui revient d’ailleurs en faveur grâce à l’action d’individualités comme le Père Roland Francart et le CRIABD. Il est même délivré chaque année un Prix de la BD œcuménique à Angoulême. La religion catholique n’est pas la seule à recevoir la lumière divine puisque les Musulmans célèbrent le Ramadan grâce à la BD, les Bouddhistes peuvent méditer sur Tintin et, d’après mon ami Uri Fink, les ultra-religieux israéliens multiplient les bandes dessinées adaptées de la Bible. "Un vrai phénomène qui mérite qu’on s’y penche", me dit-il.

Et Dieu dans tout cela ?
Ralf König dans "Archétype"
(c) Glénat

Dans l’actualité de la BD, nous avions assisté il y a quelques temps à l’incroyable relecture de La Genèse par Crumb, et plus récemment une réinterprétation un peu loufoque de la geste mosaïque dans L’Exode selon Yona par un David Ratte qui avait déjà fait subir le même traitement à Jésus et ses pairs.

Mais ces dernières approches sont différentes de celles que l’on avait connue chez Franquin ou dans Charlie Hebdo. Elles sont davantage dans l’interrogation que dans la dénonciation de ces textes sacrés. Le cas de Crumb (dont on peu voir la rétrospective au Musée d’Art Moderne de Paris jusqu’au 19 août 2012) est assez typique : il s’agit de regarder le texte canonique avec un œil neuf.

« Je crois en l’homme, nous disait-il. Je ne pense pas que le Verbe soit inspiré par Dieu. Je pense que ce sont des hommes qui ont développé ces textes. Ce sont des mythes anciens, avec des ajouts de prêtres au fil des versions. L’idée que depuis plusieurs milliers d’années, des millions de gens les avaient pris tellement au sérieux, je trouvais ça complètement fou. Ce livre est tellement important dans la civilisation occidentale. On se retrouve tous ici dans cette salle à cause de cette putain de Bible. Cet album était aussi un moyen d’exorciser la puissance de la Bible sur nous. »

Ralf König dans "Archétype"
(C) Glénat

Dans le même type de démarche, il y a l’extraordinaire Archétype de Ralf Köning. dans un dialogue entre Noé, les différentes incarnations de Lucifer et Dieu lui-même, ce dernier reconnaît qu’il s’est un peu emporté contre Adam et Ève et que même, dans sa fureur divine, il a un peu merdé d’autant que, König faisant le parallèle entre le réchauffement climatique et le Déluge, souligne que, finalement, l’homme est en train de faire le boulot du Divin à l’époque du Déluge en détruisant la planète et les peuples qui sont dessus. Sauf qu’il n’y a pas Noé pour sauver l’humanité.

Voici une lecture bien revigorante de nos référents spirituels !

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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