Albums

Et si ce qu’il manquait à toutes les histoires de zombies, c’était simplement un vaccin ?

Par Charles-Louis Detournay le 25 janvier 2022                      Lien  
L'équipe Istin/Peru à qui l'on devait déjà la série marquante intitulée "Zombies" (sans doute la meilleure production francophone du genre), nous revient avec une nouvelle tétralogie : "No Zombies". En moins de quatre mois, déjà deux tomes sont parus, et c'est sans nul doute la nouveauté que tous les amateurs de Survival doivent lire.

Et si ce qu'il manquait à toutes les histoires de zombies, c'était simplement un vaccin ?Rappelez-vous : en 2010, la folie Walking Dead était en pleine expansion, et Soleil sortait le premier tome d’une série sobrement intitulée Zombies. Alors qu’on pouvait craindre une resucée, la série étonne par la qualité de son scénario, de ses idées, par son graphisme et la force de son encrage.

Aux commandes, on retrouve le dessinateur Olivier Peru qui scénarise en solo pour la première fois, ici au sein de la collection Anticipation dirigée par Jean-Luc Istin. Stéphane Cholet est au dessin, et c’est son tout-premier album. Et Simon Champelovier assure les couleurs.

Les tomes de Zombies s’enchaînent et le succès ne fait que croître. De quoi motiver l’éditeur à démultiplier les parutions. Tout d’abord un tome 0 dessiné par Leoni Lucio, puis c’est finalement une série spin-off qui paraît, Zombies Néchrologies avec trois tomes. Au final, huit ouvrages plus que bénéficiaires, mais la machine s’enraye : le dessinateur Stéphane Cholet peine sur la réalisation du cinquième tome, que l’on n’attend toujours.

voilà qui décide probablement le scénariste et le directeur de collection de lancer une nouveau spin-off, histoire de faire patienter les lecteurs, même si celle-ci n’a aucun rapport aux Zombies, excepté le thème de la pandémie.

Le principe de cette tétralogie ? L’utilisation d’un vaccin qui pourrait permettre d’enrayer le processus de zombification et de ramener le mort-vivant à son humanité. Seul souci : le ressuscité se souvient de sa vie de zombie, avec tous les à-côtés psychologiques que cela peut comporter. Un excellent pitch, qui tient toutes ses promesses !

No Zombies T.1 : cette nouvelle série propose de ré-humaniser les zombies, mais il faut leur rappeler qui ils étaient...
...les ressuscités doivent tenter d’oublier les exactions qu’ils ont commises !

La révolution vaccinale

Une fois de plus, nous sommes complètement conquis par les idées d’Olivier Peru. Il n’a pas son pareil pour parvenir à trouver des innovations autour des zombies, ce qui permet de réellement de renouveler un genre usé jusqu’à la corde sans en modifier les règles de base. Le concept des vaccins permet non seulement de donner un lueur d’espoir à l’issue du récit avec un objectif qui dépasse la survie elle-même, mais elle induit une approche radicalement différente face aux morts-vivants : plus question de les dégommer à tout-va, vu que chacun d’entre eux pourrait non seulement être ramené à la vie, mais surtout aider la communauté par ses qualités de médecin, d’ingénieur, de maçon ou autre. Dès lors, chaque mort à sa valeur, et il faut ainsi les traquer, les séparer et les attraper sans leur faire de mal, afin de leur inculquer le vaccin. Quelle différence de point de vue par rapport au concept classique dépourvu d’empathie !

No Zombies T.1 : la ville rêvée par Dylon Tusk semble le théâtre d’un périlleux conflit

Cette série, qui se décline en quatre tomes, suit le parcours initial d’un groupe vaccinal, celui du groupe sanguin O négatif, donneur universel. Ils errent au hasard pour retrouver des rescapés, tenter de les convaincre qu’ils ne sont pas des pillards mentant comme des arracheurs de dents, ressuscitent un ou deux zombies, puis repartent en leur laissant le vaccin. Un remède qui se trouve dans le sang des personnes revenues à la vie. Et si ces premiers ressuscités ne sont pas O négatif, il suffit de trouver un rescapé qui l’est et lui demander de se faire mordre volontairement... car le vaccin ne fonctionne qu’après avoir été contaminé !

Bon, d’accord, médicalement parlant, c’est limite... mais scénaristiquement, c’est autrement plus jouissif de demander à un pauvre bougre de se jeter dans la gueule du loup pour jouer par la suite le messie dans sa communauté !

Si la série suit donc ce groupe de quatre "apôtres", amené à évoluer, chaque tome est une histoire à part entière qui comporte sa propre fin, qui se focalise sur l’un des quatre protagonistes, nous dévoilant ses pensées et ses dilemmes intérieurs entre sa mission et ses déchirements personnels liés à son passé de zombie. Le tout est rythmé par de fréquents flashback reconnaissables à leurs traitement de couleur, qui nous font parfaitement partager l’état d’âme du protagoniste principal.

No Zombies T.1 : attraper des zombies... Pas vraiment une partie de plaisir !

Quatre albums autoconclusifs

Comme son titre l’indique, le premier tome intitulé Le Livre de Joseph nous transporte dans la tête du chef de groupe, celui qui doit convaincre ces petits groupes, terrés comme des bêtes fauves, qu’il leur apporte un remède à cette horreur. Seul souci, l’objectif de Joseph est en réalité tout autre. Il cherche son frère, mordu en même temps que lui, et qu’il est bien décidé à ramener du côté des vivants. Tout se précipite lorsque le groupe atteint la ville construite par le fameux milliardaire Dylon Tusk (l’allusion est à peine voilée). Cette oasis pourrait être la base rêvée pour répandre le vaccin à des centaines de kilomètres à la ronde. Mais Joseph a cru apercevoir son frère dans la horde qui ceinture la ville, et il ne ne peut s’empêcher de ruer à sa poursuite...

Le second livre est consacré à Cassandra. Cette sportive de niveau international est une combattante hors pair. Mais elle est malade... Est-ce la culpabilité de s’en être prise à ses proches lorsqu’elle était zombie ? Ses absences et son envie de sang sont de plus en plus fortes. Elle tente de ne pas succomber lorsqu’elle découvre un camp où ne survivent que des enfants terrifiés par le monde extérieur. Ils l’accueillent sans se douter qu’ils laissent entrer dans leur abri le monstre qui dort en elle.

No Zombies T.2 : Des souvenirs reviennent progressivement à la mémoire de Cassandra, notamment lorsqu’elle s’en est prise à sa famille...

Chacun de ces deux tomes sont des petits romans graphiques qui se signalent par leur densité. Les planches comportent régulièrement plus de dix cases et une dizaine de phylactères, surtout que ces deux tomes disposent respectivement de 62 et 54 planches. Une pagination bien nécessaire, car la volonté de raconter à la fois une histoire complète et dévoiler le caractère d’un personnage nécessitent cette implication. En particulier dans le premier tome qui, s’il dispose de plus de pages, se révèle plus entraînant et explosif dans le cadre de cette grande ville. Alors que le tome 2 est plus intimiste, et par la même occasion, plus mystérieux voire effrayant.

Si Istin et Peru ont été chercher le coloriste Simon Champlovier, c’est certainement pour conférer à cette série une atmosphère semblable à ceux qui auront apprécié Zombies. Il a fallu cependant trouver une équipe graphique capable à la fois de travailler rapidement, efficacement, tout en garantissant une certaine homogénéité tout au long des quatre tomes. Surtout que le timing est serré car les quatre tomes paraissent sur douze mois, le tome 3 étant prévu pour le 11 mai et le dernier pour le 1er octobre.

Cette dream team graphique est composée au storyboard de Benoît Dellac que les lecteurs connaissent bien pour Missi Dominic, Serpent feu, Nottingham, Sonora, etc., et d’un petit nouveau au dessin, le Russe Evgeniy Bornyakov. Cette collaboration fonctionne du tonnerre, parvenant à restituer au plus juste les émotions des personnages, tout en livrant des cases avec beaucoup de profondeur en dépit de leur taille réduite. On regrette juste une séquence d’action un peu confuse dans le climax du premier tome, mais la faute est sans doute à mettre au compte du découpage pour le coup.

No Zombies : des têtes de zombies décapitées qui s’agitent dès qu’ils voient arriver un humain, quel système d’alarme original !

Si vous êtes donc un amateur de récits psychologiques bien construits, voire d’histoires de fin du monde, vous n’aurez qu’à ouvrir le premier tome de No Zombies pour être mordus !

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN : 9782302095083

No zombies, tomes 1 & 2 - Par Peru, Dellac, Bornyakov & Champollier - Soleil

- le tome 1 : Le Livre de Joseph
- le tome 2 : Le livre de Cassandra

Sur le même sujets et par le même scénariste lire, nos autres articles concernant Zombies :
- une interview d’Oliver Peru : « Mon esprit aime se promener dans les univers fantastiques »
- la chronique du tome 2 de Zombies
- notre analyse du tome 3 qui clôt le premier cycle des 4 albums de Zombies : Morts-vivants à tous les étages
- Zombies, T4 : Les Moutons - Par Peru, Cholet & Bastide - Soleil
- une autre interview d’Oliver Peru : « Il est très difficile d’innover avec "des morts qui veulent manger des vivants" » (janv 2014)
- nos articles concernant Zombies Néchronologies : notre article du premier tome dans François Hollande cerné par les zombies, sans oublier le deuxième tome Mort parce que bête

Les illustrations sont : © Éditions Delcourt, 2021-2022 - Peru, Dellac et Bornjakov

Soleil ✍ Olivier Peru ✏️ Benoït Dellac ✏️ Evgeniy Bornyakov à partir de 13 ans Horreur
 
CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Charles-Louis Detournay  
A LIRE AUSSI  
Albums  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD