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État des lieux et histoire de la bande dessinée québécoise

Par Marianne St-Jacques le 27 mars 2008                      Lien  
{{Mira Falardeau}} est une personnalité importante du marché littéraire québécois. À la fois éditrice, dessinatrice de bande dessinée et professeure, celle-ci faisait paraître, en 1994, un premier essai historique : {La bande dessinée québécoise} (Boréal). En 2008, elle récidive avec une {Histoire de la bande dessinée au Québec} (VLB éditeur).

Ce dernier ouvrage, en plus de relater en détail l’histoire du Neuvième art dans la Belle province, peut être perçu comme un véritable manifeste en faveur de la reconnaissance de la BDQ (bande dessinée québécoise) par les institutions littéraires et pédagogiques du Québec. L’auteure réclame une meilleure promotion des albums locaux par les libraires québécois, la mise en place d’une politique d’achat déterminante par les bibliothèques scolaires et municipales, un plus grand appui de la part des quotidiens qui préfèrent publier des strips anglo-américains et finalement, de meilleures subventions gouvernementales à l’endroit des maisons d’édition et des revues (les lois canadiennes interdisant la publicité adressée aux enfants, les publications pour la jeunesse se voient amputées d’une importante partie de leur revenus). Bref, avec cet ouvrage Falardeau cherche à démontrer, à travers les époques, la richesse de la bande dessinée québécoise et la reconnaissance dont elle devrait faire l’objet.

La petite histoire de la BDQ

Histoire de la bande dessinée au Québec étant avant tout un essai historique, Falardeau nous présente une chronologie détaillée et très complète de la BD et de son évolution sur le sol québécois. Celle-ci débute avec les premiers dessins humoristiques réalisés lors de la Guerre de Sept Ans (1756-1763) puis avec les premières histoires en images et caricatures parues au XIXe siècle dans les journaux nationalistes canadiens-français. Vient ensuite l’apparition de la bande dessinée et des premiers strips humoristiques dans la presse canadienne. L’auteure aborde également le venue des fanzines liés au courant de la contre-culture des années 1960, l’apparition des premières véritables revues dans les années 1980, le coup d’envoi des années 1990 et, finalement, l’apparition de la BD sur Internet, à l’aube du troisième millénaire.

Tous les courants de la BD sont abordés dans cet ouvrage : bande dessinée familiale et/ou religieuse, bande dessinée contestataire et psychédélique, mouvements underground, expérimentations artistiques, science-fiction, humour noir et bande dessinée intimiste. Le livre pose également un regard sur tous les domaines de production, qu’il s’agisse de revues, d’albums, de fanzines, de strips ou encore de la BD en ligne. Le tout est accompagné d’une série d’extraits aussi variés qu’intéressants.

Quelque part entre Tintin et Superman

Pour mieux comprendre l’évolution de la bande dessinée québécoise, Falardeau nous présente également l’évolution de la bande dessinée en général. Ainsi, on comprend mieux l’influence de Mad et des comics américains ainsi que celle de Pilote et de la BD franco-belge sur la production québécoise. Cependant, l’élément qui ressort le plus de cette mise en contexte est la double concurrence à laquelle fait face la BDQ : la presse canadienne envahie par les syndicates américains qui vendent leurs strips à des coûts minimes tandis que les librairies boudent les albums locaux au profit de gros vendeurs européens. Avec la récente éclosion du manga, qui compte maintenant pour 40% du marché francophone en volume, la compétition ne peut se faire que plus féroce. Bref, il n’est pas étonnant que les créateurs et éditeurs de BDQ, malgré la qualité de leurs productions, aient autant de difficulté à percer le marché.

Un ouvrage d’érudition

Outre ces considérations socio-historiques, Histoire de la bande dessinée au Québec présente un lexique de la bande dessinée d’une profondeur surprenante. En plus d’aborder le vocabulaire de la BD ainsi que ses modalités de production, l’auteure nous propose une réflexion sur les spécificités du Neuvième art qui saura étonner les lecteurs ayant le plus d’ « expertise » dans le domaine.

Avec cet essai, on peut dire que Mira Falardeau a gagné son pari. Ce livre, en plus de sensibiliser à la cause de la BDQ, permet au lecteur de (re)découvrir certains classiques qui seraient autrement disparus avec la mort des nombreux fanzines, revues et maisons d’édition. Enfin, Histoire de la bande dessinée au Québec permet de mettre au grand jour un art trop souvent négligé par les institutions littéraires, gouvernementales et académiques québécoises.

(par Marianne St-Jacques)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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