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TRIBUNE LIBRE À Franck Bondoux (Directeur Général de 9eArt+, FIBD) : Désintox

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 mars 2017                      Lien  
Alors que l’Association des financeurs du FIBD se réunit aujourd’hui pour la première fois à Angoulême, Franck Bondoux réplique par une communication forte qui met en cause l’éditeur Guy Delcourt et le fondateur du Festival d’Angoulême Jean Mardikian. Sa position est claire : il ne veut pas entendre parler de l’Association des financeurs du FIBD mise en place par le Ministère de la Culture et dirigé par Bruno Racine. Verbatim.

Suite à l’article publié dans ActuaBD En attendant les élections, les dissenssions s’enracinent, nous souhaitions revenir sur certains points qui nous apparaissent incorrectement, ou partiellement, rapportés. Nous n’avons pas proposé de réponses sur tous les points litigieux, comme par exemple ceux ad hominem contre Delphine Groux. Nous avons préféré nous concentrer sur les points les plus importants, notamment sur le plan de la structuration, du droit et de la loi.

À propos de l’Association du FIBD et de 9eArt+

Dans le débat qui touche au renouvellement de l’opérateur, les critiques occultent l’histoire de l’Association propriétaire du Festival et de l’opérateur 9eArt+. Cette structure n’est en effet pas du tout un opérateur privé qui aurait été un jour parachuté par l’Association pour intervenir avec son équipe de professionnels sur l’organisation du Festival d’Angoulême, et se substituer aux organisateurs initiaux.

Lorsque l’Association organisatrice depuis 44 ans du Festival d’Angoulême a décidé en 2007 de se professionnaliser afin d’affronter les problématiques de développement et se protéger de risques financiers de plus en plus lourds, elle a fait le choix de se scinder en deux entités. Deux entités qui allaient préserver d’un côté le fonctionnement associatif initial, et de l’autre coté, gérer l’opérationnel avec une structure privé.

9eArt+ a donc été créé à partir de cette décision pour assurer l’opérationnel et y accueillir tous les salariés de l’association d’origine. C’est la raison pour laquelle 9eArt+ se revendique comme étant l’ADN du Festival, et non un simple opérateur mercenaire. Encore aujourd’hui, la moitié des anciens salariés transférés par l’Association dans 9eArt+ est encore présente et constitue plus de la moitié de la masse salariale. Certains travaillent à cet événement depuis plus de 25 ans. Là encore, ce n’est pas anormal puisque la continuité des équipes est à la base de pratiquement toutes les organisations des grandes manifestations culturelles en France. En assurant une continuité dans la réalisation de la manifestation, en conservant les compétences opérationnelles de l’équipe qui l’avait déjà en charge, en sanctuarisant un savoir-faire à Angoulême, et enfin en travaillant, sur une complémentarité professionnels et bénévoles (profitable à tous les événements grands et petits), nous revendiquons le bien-fondé de notre stratégie.

Sur les accusations de malversation

Les financeurs publics du Festival ont, chaque année, accès à nos comptes, ainsi que l’Association du Festival. Ce sont des comptes évidemment certifiés par un commissaire aux comptes, c’est à dire un acteur extérieur à l’entreprise ayant pour rôle de contrôler la sincérité et la régularité des comptes annuels. L’usage qui est fait des subventions est donc totalement connu.

TRIBUNE LIBRE À Franck Bondoux (Directeur Général de 9eArt+, FIBD) : Désintox
Pour la première fois cette année, l’association du FIBD avait boutique ouverte pendant le festival.

Sur l’accueil des auteurs

Le Festival accrédite chaque année près de 1500 auteurs. La plupart d’entre eux viennent librement ou sont invités par les éditeurs, à qui il revient dans ce cas-là de se préoccuper de leur séjour. Les responsables du Festival prennent, eux, en charge des auteurs qui sont impliqués directement dans sa programmation, en travaillant en bonne intelligence avec les attaché(e)s de presse des éditeurs concernés. Depuis l’année dernière, nous avons installé un Magic Mirror à la demande du SNAC et du CNL. Évidemment, il peut arriver un accident durant l’évènement, un couac. Mais c’est loin d’être la règle. Dans nos différents échanges avec le SNAC, il ne nous est d’ailleurs pas particulièrement apparu que le problème principal était de nature logistique. Ce n’est en effet pas tant l’accueil des auteurs qui semble problématique aujourd’hui que les conditions financières dans lesquels ils sont mobilisés pour faire de la promotion. C’est pourquoi, conformément aux souhaits du CNL, les auteurs sont désormais rétribués pour toutes prestations s’intégrant dans la programmation du Festival. L’économie culturelle se déplace sur l’évènementiel et nous nous y adaptons. Nous pensons que le problème des auteurs vis à vis des évènements culturels trouve son acmé durant le Festival d’Angoulême et il est de nature financière. Mais le festival n’en est pas le générateur, ni le principal responsable.

À propos de la participation des pouvoirs publics et des éditeurs aux prises de décision relatives au Festival

Le Festival est dirigé par ceux qui en sont les propriétaires et les organisateurs contractuels. Cela signifie effectivement que tout le monde n’est pas partie prenante dans les décisions. C’est la loi. Ceci étant dit, il est totalement faux de prétendre qu’il n’existe pas pour autant de concertation avec les acteurs de l’événement. Un Comité des financeurs, créé par l’État lui même en 2015, un Comité de concertation et de coordination créé avec les éditeurs en avril 2015, existent. Quand à parler du fait que les collectivités et les éditeurs n’auraient pas la main sur leur argent, c’est faux. Les collectivités passent des conventions avec le Festival dans lesquelles se trouvent toutes les obligations faites à l’organisateur. Les éditeurs, en tant que clients de la manifestation, ont toujours le loisir de venir ou de ne pas venir. Leurs décisions dans nos rapports commerciaux pèsent sur l’organisation lourdemen.

Le FIBD a aligné 12 expositions cette année. Ici, l’exposition Hermann.

Sur l’incompétence

Un procès pour incompétence est régulièrement fait à l’organisation du Festival. Un Festival qui rapporte sur le territoire 1,8€ pour 1€ de subventions investi. Un Festival qui vient de produire plus de 1300 pages de revue de presse positives pour l’ensemble de la bande dessinée. Un Festival dont la fréquentation s’érode peu compte tenu de l’État d’Urgence et en comparaison des baisses rencontrées par d’autres manifestations pour les mêmes raisons (pour exemples divers : -9% dans les stades de foot en 2016, -20% pour les fêtes de Bayonne, -40% pour le Grand Palais et -20% pour Le Louvre depuis 2015, sans compter l’annulation de La Braderie de Lille et de bien d’autres manifestations. Seuls Avignon et Les Francofolies de la Rochelle ont fait figure d’exception cette année). Un Festival, enfin, dont l’envergure croît régulièrement et où plusieurs maisons d’édition parmi les plus importantes (citons Dargaud) ont fait un chiffre d’affaire en hausse, contredisant la baisse généralisée.

L’incompétence serait donc laquelle ? Celle de couacs organisationnels, comme la cérémonies de clôture de 2015 ou la liste dénuée de femme des Grands Prix de la même année. Oui, ce sont des erreurs. Mais sont-elles plus graves que celles qui émaillent la vie d’autres évènements, comme les Césars ou les Oscars pour ne pas les nommer, année après année ? Non. Tous les évènements, même ceux qui sont beaucoup plus dotés financièrement et structurellement que le nôtre, ne sont pas à l’abri de problème de cette nature. Pour autant, ça n’occulte jamais le reste du travail accompli et des résultats dégagés. Chaque erreur amène sa réparation, sa correction, et son progrès. L’organisation du Festival d’Angoulême, compte tenu de ses résultats, ne peut certainement pas se réduire à ces deux erreurs.

Francis Groux, l’un des trois fondateurs du FIBD, et Xavier Bonnefont, maire d’Angoulême

À propos de la création du Festival, de Jean Mardikian et d’appel d’offre

Jean Mardikian a une revanche personnelle à prendre avec l’Association. Il en a été exclu en raison de conflits d’intérêt. Mais que cela plaise ou non, l’Association du FIBD est bien détentrice de la propriété du Festival. Nous vivons dans un état de droit et la loi prévaut. Il lui est donc inutile de refaire l’histoire pour se justifier, car ce n’est pas en leur qualité de conseillers municipaux que lui et Francis Groux ont agi aux origines du Festival. Pas plus d’ailleurs que Claude Moliterni qui, pour sa part, n’avait rien à voir avec la municipalité d’Angoulême.

Ainsi lorsque le groupe "Angoulême Renaissance", qu’il soutient, et que son fils anime, évoque qu’il serait "indispensable de lancer un appel à projet (pour organiser le Festival) à partir d’un cahier des charges établi par l’ADABD", il est difficile de comprendre sur quels critères rationnels et encore plus juridiques se fonderait une telle initiative. Sauf à dire que chacun peut s’approprier un événement (ou une entreprise, ou une collectivité, pourquoi pas après tout ?) sous prétexte qu’il y participe ou qu’il développe une vision différente de celle de ses dirigeants. Enfin, au delà du concept artistique, il faudrait qu’il développe surtout un projet structurel solide. Car construire un programme n’est pas chose aisée, mais le mettre en œuvre est encore plus complexe et périlleux. Quelle serait l’équipe logistique avec laquelle il compte mettre en place plusieurs chapiteaux de plusieurs centaines de mètres carrés, assembler financièrement le fonctionnement du Festival, construire en quelques semaines douze expositions en simultané ? À moins, là aussi, qu’il puisse ignorer le droit et s’approprier sans demander la masse salariale des organisateurs en place.

Franck Bondoux

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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