Le monde de Willingham part du postulat que l’Adversaire (terrible monarque du coin) a déversé ses armées sur le monde des fables et poussé tous ses habitants à fuir et se réfugier dans le monde réel dans lequel leurs aventures continuent.
Ce recueil nous ramène, quant à lui, principalement à la période de l’invasion de l’Adversaire. Blanche Neige invitée par un puissant sultan est finalement destinée à épouser ce dernier un soir pour être mise à mort le lendemain matin. Afin d’éviter ce funeste sort, elle conte au sultan 1001 aventures sur les fables que les frères Grimm et autres consorts avaient bien oubliés de relater.
On y découvre entre autres ce qu’il advient du couple que Blanche forme avec le Prince Charmant, les origines du Grand Méchant Loup ou encore la vie de la sorcière de la maison en pain d’épices.
Bill Willingham alterne les récits contés par Blanche, chacun mis en images par un artiste différent avec l’histoire de cette dernière face au sultan narré à la manière des contes de notre enfance, une page de texte suivie d’une illustration. En plus d’insuffler une note nostalgique au récit, cette technique permet également de mettre le lecteur dans l’ambiance de ces contes fantastiques qui ont tenus en haleine des générations d’enfants insomniaques.
Les histoires quant à elles ont toutes une tendance cabotine et mélangent avec brio la poésie, l’horreur, le réalisme, l’humour et le fantastique.
Les univers graphiques de chaque dessinateur plongent le lecteur dans une ambiance particulière à chaque récit. Les styles et les techniques s’affrontent et proposent à chaque fois une nouvelle vision du pays des fables. On y voit entre autres Mark Buckingham et Mark Wheatley utiliser l’aquarelle pour alléger le ton lorsque la finesse des traits de John Bolton dévoile la sensualité de Blanche Neige.
Tels des enfants malicieux, ce bon vieux Willingham et ses amis prennent un plaisir communicatif à détourner ces fameuses fables en leur injectant une bonne dose de merveilleux et d’insouciance propre au sujet.
(par Mathieu Drouot)
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