L’histoire est connue, désormais, et il serait presque vain de vous faire l’article pour cette immense saga imaginée par Bill Willingham et orchestrée par de nombreux dessinateurs, aux premiers rangs desquels Mark Buckingham (en charge de La Ferme des animaux dans le présent recueil) et James Jean, à qui l’on doit une grande partie des sublimes couvertures des chapitres de la série. Deux artistes qu’Urban Comics avait associés à la fin de la saga en publant un volume dédié à chacun.
Et pourtant, il y a de quoi se réjouir de voir cette intégrale arriver. D’abord parce qu’elle fournit une nouvelle occasion à ceux qui ne se seraient pas encore plongés dans cet univers de le découvrir enfin. Ensuite, parce qu’après des aventures éditoriales assez chaotiques en France la clarté apportée par cette Intégrale va faire du bien.
En effet, songez que Fables passa de Semic (2004) à Panini (2007) avant de finir chez Urban Comics à partir de 2012. Mais les premiers éditeurs avaient opté pour des découpages "maison" des volumes si bien qu’Urban reprit la série avec trois volumes de différence par rapport à l’édition originale et proposa de son côté deux éditions : l’une dans la continuité de l’édition Panini et l’autre plus proche de celle américaine (sans toutefois la reprendre exactement).
Deux numérotations en parallèle, pour des volumes similaires donc, et sous des formats différents : souple d’un côté, cartonné de l’autre ! Un véritable imbroglio. Ainsi, le premier mérite de cette Intégrale est peut-être d’offrir un support parfaitement identifiable et de qualité.
Mais il ne faudrait pas pour autant oublier l’essentiel : Fables, multi-récompensée aux Eisner Awards, [1] constitue l’un des meilleurs comics des années 2000. Rappel pour ceux qui seraient vraiment passés à côté.
Dans l’univers de Fables, notre monde se trouve secrètement habité par des personnages et créatures issus de nos contes populaires. Originaires de leurs propres mondes, ils ont trouvé refuge dans le nôtre suite à la conquête de leurs territoires par un mystérieux "Adversaire".
Les héros des merveilleuses aventures qui nous sont contées se révèlent des versions modernisés de Blanche Neige, du Loup ou encore de Pinocchio. Dans des intrigues étonnantes, empruntant à divers genres, policier ou politique par exemple. Drôle, intelligente et inventive, la série s’impose comme une référence.
L’intégrale d’Urban Comics reprend l’édition Deluxe américaine. En l’aménageant encore cependant puisque nous passons de 15 à 10 volumes. Et ce premier gros volume réunit presque les deux premiers tomes Deluxe originaux, et couvre les chapitre 1 à 17 de la série (le chapitre 18, autonome, habituellement publié avec l’arc narratif "Romance", sera dans le prochain volume), assortis de quelques suppléments.
Voilà donc un très bel et copieux ouvrage, pour soi, ou pour ceux à qui l’on souhaiterait faire découvrir la production comics.
(par Aurélien Pigeat)
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Fables, sur ActuaBD, ce sont les chroniques suivantes :
Fables : Il était une fin
Fables T23, T22, T10, T9, T6 et T1 & T2
Fairest T1, T2, T3, T4 et Fairest : Les Belles et la bête
Cendrillon : Bons Baisers de Fableville
Fables : 1001 nuits de Neige
Jack of Fables T2
[1] La liste exacte donne le tournis :
Meilleure nouvelle série en 2003
Meilleure histoire à épisodes en 2003, 2005 et 2006 (pour "Legends In Exile", "March of the Wooden Soldiers" et "Homelands")
Meilleure Anthologie en 2007 (Fables : 1001 Nuits de Neige)
Meilleure histoire courte en 2007 ("A Frog’s Eye View," par Bill Willingham et James Jean, dans Fables : 1001 Nuits de Neige)
Meilleur dessinateur/encreur ou meilleure équipe dessinateur/encreur en 2007 (attribué à Mark Buckingham et Steve Leialoha)
Meilleur "Painter/Multimedia Artist (Interior)" en 2007 (attribué à Jill Thompson)
Meilleur Dessinateur de couverture en 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, et 2009 (attribué à James Jean)
Meilleur Scénariste en 2009 (attribué à Bill Willingham)
Meilleure Lettreur en 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, and 2011 (attribué à Todd Klein)