Fantastic Four : Grand Design – Par Tom Scioli – Panini Comics

Après le succès critique ces dernières années du projet X-Men : Grand Design, dans lequel l’artiste Ed Piskor racontait de façon chronologique l’histoire des X-Men, difficile de blâmer l’éditeur Marvel de vouloir reproduire la formule avec d’autres personnages de son catalogue pour continuer à surfer sur cette vague nostalgique.

Pour ce faire, le choix de l’éditeur s’est porté sur un autre artiste, dont le style graphique rappelle cette fois-ci le trait du dessinateur Jack Kirby : il s’agit de Tom Scioli. Afin de correspondre au mieux à cette filiation artistique, Marvel lui a confié un projet qui symbolise bien l’œuvre de l’incontournable "King" Kirby au sein de l’univers de l’éditeur : raconter l’histoire des Quatre Fantastiques, la première équipe de super-héros Marvel des années 1960 avec laquelle le succès populaire fut rencontré.

À l’image de X-Men : Grand Design, Fantastic Four : Grand Design a l’ambition de raconter de façon chronologique tous les événements qui ont marqué l’histoire de cette équipe. L’album ne commence ainsi pas avec le récit d’une conquête spatiale qui a vu Reed Richards et ses compagnons gagner leurs pouvoirs, mais avec des événements qui ont été racontés bien après mais qui se placent chronologiquement bien avant : on assiste ainsi à la venue des Kree sur Terre, au règne de Kang le Conquérant en tant que pharaon ou bien à la naissance du Wakanda et de la Panthère noire. Notons tout de même ici que l’artiste prend quelques libertés avec le matériau d’origine, avec l’exemple notamment d’Alicia Masters.

Avant d’être un héros aujourd’hui bien connu, la Panthère noire a donné bien du fil à retordre aux Quatre Fantastiques lors de son introduction !

© Marvel

Autant l’écrire, au regard du projet et de l’œuvre à assimiler, le contenu de cet album est dense, mais assez peu lisible à certains endroits. En effet, le propos de Tom Scioli est très lapidaire à de nombreuses reprises, et on passe souvent d’une intrigue à une autre de case en case. À titre de comparaison, nous n’avions pas eu cette impression de rapidité effrénée dans la narration avec le titre d’Ed Piskor. Toutefois, à la décharge de l’artiste ici, c’est une tâche difficile de synthétiser les intrigues de Stan Lee et Jack Kirby avec cette équipe en quelques dizaines de pages.

Nous avons aussi été parfois déçus par l’approche graphique de cet album, où le trait ne semblait parfois pas à la hauteur du modèle originel. Là encore, il est difficile de reprendre avec exactitude le trait de Kirby, mais certaines cases nous ont parues bien expéditives dans leur exécution. Était-ce là d’une intention de l’artiste que nous n’aurions pas perçue ?

En tout cas, nous sommes ressortis mitigés de la lecture de cet album : difficile de ne pas être touchés par l’histoire de cette famille et de ses aventures extraordinaires, mais la narration trop rapide et le dessin parfois trop enlevé du projet viennent très vite tempérer cet enthousiasme. Les lecteurs nostalgiques des Quatre Fantastiques peuvent laisser sa chance à cet album, même si à titre de comparaison, nous avions été bien plus emballés par la travail d’Ed Piskor.