Far Sector - Par N. K. Jemisin et Jamal Campbell - Urban Comics

La toute nouvelle Green Lantern, Jo Mullein, vient d’être affectée à l’un des secteurs les plus reculés de la galaxie. Sa mission : élucider un meurtre au sein d’une société qui n’a plus connu de crime depuis plusieurs siècles et, où la population a été débarrassée de toute émotion via une biopuce installée à la naissance.

C’est sous une pluie battante, digne de Blade Runner, que nous découvrons le lieu du crime : la Cité Éternelle. Métropole spatiale abritant 20 milliards d’individus, descendants de trois espèces qui ont jadis fait sauter leurs planètes respectives pour chasser un empire qui les avait conquis. Les Nah, proches des humains, les @At, des intelligences artificielles, et les Keh-Topli une race végétale mangeuse d’être vivant (il y a bien longtemps).

À la plume, N. K. Jemisin auteure de romans de science-fiction à succès (L’Héritage, Les Livres de la terre fracturée, Mass Effect Andromeda : Initiation) dont c’est la première incursion dans le monde du Comics. À ses côtés, Jamal Campbell est responsable du dessin, de l’encrage et du coloriage sur l’intégrabilité des épisodes. Une unité graphique fort appréciable qui participe à l’ambiance si particulière de cette enquête pas tout à fait comme les autres.

© DC Comics / Urban Comics

Cet épais album [1] nous plonge dans une enquête au cœur d’une société fermée et sous contrôle émotionnel pour son propre bien. Évidemment, plus Mullein remonte au mobile du meurtre et plus elle découvre la face cachée de cette société faussement parfaite. Cependant, en dépit d’éléments classiques, quelques rebondissements bien pensés et une civilisation à la conception soigneuse assurent un récit très plaisant à suivre.

Du côté du personnage principal, la Green Lantern Jo Mullein se révèle de façon assez évidente l’avatar de N. K. Jemisin, qui lui attribut plusieurs de ses passions, ainsi qu’un passé largement marqué par les discriminations. Cependant, ce dernier aspect ne trouve pas d’écho dans le récit lui-même, axé sur le thème de la dictature éclairée et le passé de Mullein dans l’armée et la police. Mais comme le personnage est destiné à jouer un rôle dans l’univers actuel des Green Lanterns, ces éléments reviendront peut-être sur le devant de la scène.

N. K. Jemisin s’est clairement fait plaisir avec cette maxi-série, multipliant les références et les éléments de caractérisation de son héroïne, au point que l’ensemble apparaît par moment un peu trop chargé. Cependant, grâce à une intrigue qui rebondit régulièrement, une belle galerie de personnages dignes d’un film noir et un sens du dialogue plein de malice, la lecture demeure passionnante avec un suspense qui ne baisse pas jusqu’à la dernière page.

© DC Comics / Urban Comics