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Festival, Magelis, CNBDI, Musée : Angoulême, une ville en mutation

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 24 septembre 2007                      Lien  
Le Festival est contrôlé par un nouvel opérateur. Le directeur du CNBDI s’en va. La directrice de Magelis démissionne. Un nouveau Musée de la BD va être construit… Un nouvel organisme public chapeautant certaines de ces institutions va être créé. Sur fond de rivalités politiques, Angoulême est en pleine mutation.

Nous l’évoquions récemment à l’occasion du remplacement des Centres Leclerc par la FNAC et la SNCF au titre de sponsors principaux du Festival : cet évènement n’est qu’un des signes avant-coureurs des changements profonds qui s’opèrent en ce moment sur les bords de la Charente.

Le Festival en prend pour dix ans

Festival, Magelis, CNBDI, Musée : Angoulême, une ville en mutation
Franck Bondoux, patron du Festival pour 10 ans
Ph : D. Pasamonik

Le premier concerne le Festival. L’association qui gère le Festival depuis 35 ans, composée d’environ 70 membres pour la plupart angoumoisins se rendait compte qu’une réforme structurelle était nécessaire pour accompagner le développement d’un marché de la BD qui a pris en quelques années des proportions ahurissantes, notamment grâce à l’expansion des mangas. L’affaire Thévenet, mais surtout les travaux survenus sur le site du Festival ces dernières années, ont montré la fragilité de cette structure qui supportait également de moins en moins les pressions contradictoires des institutionnels, des sponsors et des éditeurs.

En choisissant de confier à un nouvel opérateur, « une société privée à vocation culturelle et but non lucratif », dirigée par Franck Bondoux, l’actuel délégué général du Festival nommé après la mise à pied brutale de l’ancien directeur Jean-Marc Thévenet, pour une durée apprend-t-on de dix ans, l’association assume une décision lourde de conséquences : sur cette structure et elle seule reposera la responsabilité de développement du Festival. Suivant quelle stratégie, avec quels objectifs ? On le saura bientôt puisqu’une conférence de presse est prévue lors de ces prochaines semaines dans laquelle nous seront exposées les actions destinées, si l’on en croit l’invitation, à « contribuer à promouvoir, à une échelle sans précédent, la création foisonnante de la bande dessinée, porter, avec des capacités nouvelles, la lecture de la bande dessinée auprès du plus grand nombre, apporter une dynamique inédite à la relation avec les auteurs et les éditeurs de bandes dessinées ». Voilà qui est alléchant ! Ce déploiement reposerait notamment sur les deux nouveaux sponsors, la SNCF et la FNAC.

Le CNBDI, la Maison des auteurs et le Musée de la BD dans le même bateau

Jean Mardikian, futur président de l’EPCC ?
Ph : D. Pasamonik

L’autre réforme structurelle d’importance est la mise en œuvre du fameux EPCC [1], l’Établissement public de coopération culturelle annoncé par le rapport Ladousse. Selon le quotidien Sud-Ouest, « au 1er janvier 2008, le Centre National de la Bande Dessinée et de l’Image (CNBDI) et la Maison des auteurs vont disparaître et se fondre dans l’EPCC, qui chapeautera également le futur musée de la BD, actuellement en construction sur les bords de la Charente » [2]. Une disparition plus structurelle que réelle puisque chacune des entités continuera à fonctionner sous son identité propre.

Le quotidien régional précise que « Le conseil d’administration de la nouvelle structure sera officiellement installé le 25 septembre, lors d’une réunion dans les grands salons de la préfecture. » il est composé de onze personnes : quatre représentants du Conseil général (Michel Boutant, Philippe Lavaud, François Bonneau et Franck Bonnet), deux représentants de l’État (le préfet et le directeur des affaires culturelles), deux représentants de la ville (le maire Philippe Mottet et l’adjoint au maire Jean Mardikian), un représentant du Conseil régional (Daniel Opic) et deux personnalités qualifiées (pour le Conseil général et la Comaga [3]). Cette session devrait aboutir à l’élection d’un président qui pourrait être Jean Mardikian, l’actuel président du CNBDI et l’un des trois fondateurs du Festival d’Angoulême.

À terme, cet EPCC devrait se doter d’un directeur général. 24 candidats seraient sur les rangs, 6 seulement auraient été retenus parmi lesquels l’ancien directeur et fondateur du Musée d’Angoulême, Thierry Groensteen, actuellement éditeur de la collection L’An 2 chez Actes Sud. Toujours selon les mêmes sources, l’actuel directeur du CNBDI, M. Jean-Marie Compte, est donné pour partant.

Un conseil d’administration complexe, véritable terrain de jeu des appétits politiques, qui demandera au directeur pressenti non seulement un sens aigu de la diplomatie et des équilibres nationaux et régionaux, mais aussi une intelligence fine des enjeux et des lignes de forces qui devront être celles des institutions angoumoisines dans le cadre de l’évolution de la bande dessinée dans le futur. Une gageure !

Le musée de la BD se trouve coiffé par l’EPCC
Photo : D. Pasamonik

Magelis actuellement sans dirigeant

Troisième réforme et de taille : celle de Magelis. Ce syndicat mixte regroupant acteurs industriels locaux (sociétés de dessins animés, acteurs de l’industrie de l’image...) et décideurs politiques, véritable fer de lance de la Vallée des images est en ce moment sans direction (sa patronne, Hélène Djilas, est partie et n’a jusqu’à présent pas été remplacée) et apparemment dans la recherche d’une stratégie puisque, toujours selon Sud-Ouest, une étude de positionnement avait été commandée et s’est trouvée suspendue à la mise en place de l’EPCC en janvier prochain. Le président du Conseil général, M. Michel Boutant a néanmoins précisé que sa ligne de direction restait la même, orientée dans le développement à Angoulême de films d’animation et de fictions TV.

On le voit, la vie n’est pas simple dans la cité charentaise. Les mutations qui se mettent en place sont profondes et importantes. Les options prises sont lourdes de conséquences. Il n’y a plus à espérer qu’elles soient les bonnes.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

En médaillon : La mairie d’Angoulême en janvier dernier. Ph : D. Pasamonik.

[1Acronyme d’Etablissement Public de Coopération Culturelle. Cette forme avait été proposée par le rapport Ladousse pour concilier les relations entre le Festival et les institutions angoumoisines liées à la bande dessinée. Le FIBD avait décidé de ne pas rejoindre cette structure. Lire à ce propos nos articles Angoulême 2006 : Un 33ème Festival à haut risque ? et notre interview du président du FIBD, Francis Groux.

[2Un secteur animé, article d’Olivier Sarazin, Sud-Ouest, 19 septembre 2007.

[3Organisme représentant l’agglomération d’Angoulême.

 
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2 Messages :
  • Beaucoup de rumeurs et d’on-dit, et surtout pas très nouveaux (l’essentiel provient d’un article de "La Charente libre" du début juillet, repris par "Sud Ouest" la semaine dernière). L’information devrait tomber demain (qui sera président de l’EPCC, qui en sera le directeur), alors pourquoi vouloir ainsi anticiper l’actualité sans faire la moindre enquête ?

    Erreur par ailleurs sur l’acronyme "EPCC" (qui devrait être employé au masculin) : il contracte les initiales d’Etablissement Public de Coopération Culturelle ("coopération" s’entendant par association de collectivités publiques, en l’occurence l’Etat, la région Poitou-Charentes, le département de la Charente et la ville d’Angoulême). Il se trouve que les EPCC peuvent prendre la forme d’un EPA (Etablissement Public à caractère Administratif) ou d’un EPIC (Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial). Cet EPCC en cours de constitution, dénommé à ce jour "Cité internationale de la bande dessinée et de l’image", sera un EPIC.

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    • Répondu par Didier Pasamonik le 24 septembre 2007 à  14:35 :

      Erreur par ailleurs sur l’acronyme "EPCC" (qui devrait être employé au masculin)

      Vous avez raison, nous avons corrigé cette erreur. Nous avons par ailleurs bien noté vos précisions, dont nous vous remercions.

      Beaucoup de rumeurs et d’on-dit, et surtout pas très nouveaux (l’essentiel provient d’un article de "La Charente libre" du début juillet, repris par "Sud Ouest" la semaine dernière). L’information devrait tomber demain (qui sera président de l’EPCC, qui en sera le directeur), alors pourquoi vouloir ainsi anticiper l’actualité sans faire la moindre enquête ?

      Vous êtes bien gentil, M. l’anonyme. D’ailleurs, vous qui êtes si bien renseigné, pourquoi ne signez-vous pas ? Vous reprochez à ActuaBD de colporter des "rumeurs". Trois remarques :

      1/ Nous citons, en ouvrant les guillemets et en donnant la référence précise et le nom de leurs auteurs, des articles de nos confrères de La Charente libre et de Sud-Ouest. Votre ton méprisant laisse entendre que ces journaux colportent des rumeurs sans avoir fait d’enquête. Or, leurs articles, faits par des journalistes locaux, proches des élus et des responsables de ces institutions, mentionnent notamment leur présence à des conférences de presse. Ce que vous affirmez est donc faux et diffamatoire. Le fait que vous accusiez d’honnête journalistes de procédés dont vous usez vous-mêmes dans l’hypocrisie de l’anonymat ne vous qualifie pas spécialement pour donner à quiconque des leçons de morale.

      2/ Nous attendons encore que Catherine Bourgoin en charge de la communication du CNBDI ou encore Marie-Noëlle Bas, faisant de même pour le FIBD, qu’elles communiquent sur ces sujets.

      Or, ni du côté du CNBDI, ni du côté du FIBD, des organismes qui nous lisent avec attention par ailleurs, n’ont jugé utile d’envoyer un communiqué de presse expliquant les éléments rapportés par la Charente et Sud-Ouest que ce soit en ce qui concerne l’EPCC ou encore sur les conditions de l’accord avec la nouvelle structure qui gère le Festival. Alors, on fait avec ce qu’on a.

      3/ Notre site rapporte fidèlement et avec une exhaustivité qui nous étonne nous-même parfois, les menus faits du petit monde de la bande dessinée. Ceci gratuitement. Nous sommes tous des bénévoles (jusqu’à présent) et vous, vous ne payez rien, sinon de mots. Nous ne sommes en aucun cas un support d’investigation. Nous ne sommes pas faits pour cela.

      Nous attendrons donc demain qu’on veuille bien nous informer des nominations en cours.

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