Les habitués du Festival Québec BD le savent : l’événement mise beaucoup sur sur son volet spectacle, et cette édition 2018 n’y fait pas exception. C’est donc Encre et dentelles, une soirée de burlesque dessinée alliant le dessin coquin d’après modèle et la performance scénique burlesque, qui donnera le coup d’envoi. Outre l’incontournable tournoi d’impro BD (la Ligue québécoise d’Impro BD en est d’ailleurs à sa 6e année), le Festival proposera également des Contes illustrés, ainsi qu’une Sieste dessinée, un événement détente où le spectateur est invité à amener son matelas de yoga. La soirée de clôture, elle, sera confiée aux comédiens Jean-Dominic Leduc et Antoine Vézina, qui proposeront une lecture publique du diptyque Whitehorse (Pow Pow) de Samuel Cantin, suivie d’une adaptation en théâtre d’objets par Geneviève Thibault et Claudine Rivest de La guerre des arts (Pow Pow) de Francis Desharnais.
La bande dessinée et la bière font bon ménage. C’est pourquoi la Brasserie Dunham a confié la direction artistique de ses étiquettes à Simon Bossé, scénariste, dessinateur et éditeur de bande dessinée (Mille putois). Le Festival sera donc l’occasion d’assister au lancement d’une bière spéciale inspirée par l’œuvre d’André Montpetit, membre du collectif Chiendent, pionnier de la bande dessinée québécoise et créateur à titre posthume de l’étiquette. En complément à cette soirée hip-hop – le groupe Alaclair Ensemble sera également de la partie –, le Festival Québec BD présente également l’exposition Étiquettes de BD à La Korrigane, mettant en valeur les étiquettes de la Brasserie Dunham créées par des auteurs contemporains de bande dessinée québécoise.
Avenir et patrimoine
Avec une trentaine d’expositions un peu partout à Québec, le Festival donne une belle visibilité aux grands noms de la BD québécoise (Julie Rocheleau, Isabelle Arsenault, Mikaël, Iris, Zviane), mais également à la relève et au patrimoine. C’est ainsi qu’une exposition consacrée à Victor-Emmanuel Roberto Wilson, premier auteur d’origine haïtienne à avoir publié de la bande dessinée au Québec, sera présentée à la bibliothèque Aliette-Marchand. Auteur, comédien, artiste et fonctionnaire, Victor-Emmanuel Roberto Wilson a notamment publié le strip quotidien Les aventures de Robert et Roland, une série policière, dans L’Action catholique, de 1956 à 1965. Les passionnés d’histoire pourront aussi découvrir l’exposition 25 moments importants de la bande dessinée québécoise à la bibliothèque Paul-Aimé-Paiement.
Du côté de la relève, le Festival propose aux auteurs émergents d’assister à une série d’ateliers avec Sébastien Gnaedig (Proposer un projet aux éditeurs et établir une relation avec eux, un défi à relever), Boulet (Les nouvelles possibilités de narration en bande dessinée ou comment s’amuser avec le médium) et Lisa Mandel (Les reportages en BD, une façon de traiter l’actualité de plus en plus pertinente). À cette journée professionnelle présentée à la Maison de la littérature s’ajoute une journée pédagogique au Domaine de Maizerets, au cours de laquelle les illustrateurs Bach, Pierre Bouchard, Julien Dallaire Charest et Laurence Déa Dionne animeront des ateliers de création de bande dessinée.
Au Salon international du livre de Québec
En collaboration avec le Salon international du livre de Québec, le volet « salon » du Festival Québec BD se tiendra du 11 au 15 avril au Centre des congrès de Québec. Si la très grande majorité des auteurs présents sont originaires du Québec et du Canada, les participants auront également l’occasion de rencontrer une belle brochette d’invités internationaux, dont les Belges François Walthéry, Mathieu Burniat, Marc-Renier, Ludo Borecki et Jérôme Vermer, les Français Mathieu Sapin, Laurent Astier, Christophe Cazenove, Tiphaine Gantheil, Timothée Morisse et Fabien Toulmé, le Russe Victor Melamed, le Cubain Alexander Izquierdo, l’Espagnol Javi Rey, l’Italien Matteo Berton, la Libanaise Léna Merhej et la Japonaise Harumo Sanazaki.
Prix Bédéis Causa 2018
Comme chaque année, le Festival sera l’occasion de célébrer l’excellence en bande dessinée québécoise dans le cadre de la remise des Prix Bédéis Causa. Cette sélection 2018 se distingue d’ailleurs par son éclectisme. Les finalistes au Grand prix de la Ville de Québec (décerné au meilleur album de langue française publié au Québec par un auteur canadien) font à la fois dans le récit intime (Moi aussi je voulais l’emporter de Julie Delporte, Pow Pow, essai autobiographique sur la condition féminine et les pratiques socio-artistiques ; Vogue la valise de Siris, La Pastèque, où l’auteur revient sur son enfance en famille d’accueil ; Le 7e vert de Paul Bordeleau, La Pastèque, récit autofictif où le golf permet d’aborder la fragilité d’une relation père-fils), le fantastique (L’Esprit du camp T.1, de Michel Falardeau et Cab, Lounak, récit humoristique campé une colonie de vacances hantée – ou pas – par un esprit maléfique). et l’absurde (l’inclassable Whitehorse deuxième partie de Samuel Cantin, Pow Pow, aventure rocambolesque – et complètement absurde – se déroulant sur un plateau de tournage à Whitehorse, dans un Yukon fantasmé).
Les finalistes au Prix Albéric-Bourgeois (meilleur album de langue française publié à l’étranger par un auteur canadien) ne sont pas en reste, avec Extases T.1 (Casterman), album autobiographique où JeanLouis Tripp explore la sexualité sous toutes ses formes, Giant T.1 (Dargaud) de Mikaël, qui relate l’histoire des ouvriers irlandais à New York pendant la Grande Dépression, et Betty Boob (Casterman) de Julie Rocheleau et Véronique Cazot, où une femme ayant subi une ablation d’un sein apprend à se réapproprier son corps à l’aide du burlesque.
Consacré à la relève, le Prix Réal-Fillion récompense l’auteur canadien s’étant le plus illustré avec son premier album francophone professionnel. À cet égard, la cuvée 2018 est particulièrement relevée, avec Une longue canicule (Mécanique générale) d’Anne Villeneuve, récit initiatique sur le déracinement d’une jeune Madelinienne fraîchement installée à Montréal, Titan (Pow Pow) de François Vigneault, récit de science-fiction où la colonie minière de Homestead sert de théâtre à une révolution socialiste – doublée d’une lutte anticolonialiste interplanétaire, et VII (Pow Pow) de Thom, album muet humoristique dans lequel un auteur à succès, frappé par le syndrome de la page blanche, est harcelé par sa plus grande lectrice : la grande faucheuse.
Les Prix Bédéis Causa seront également l’occasion de décerner le Prix Albert-Chartier, en hommage à un individu ou un organisme ayant marqué la bande dessinée québécoise, ainsi que le Prix Jacques-Hurtubise, qui permet à un jeune créateur d’autoéditer un projet de bande dessinée.
La cérémonie des Prix Bédéis Causa aura lieu le vendredi 13 avril, dès 19h, au Musée de la Civilisation de Québec. Le Festival Québec BD aura lieu du 7 au 15 avril 2018 un peu partout dans la Vieille Capitale.
(par Marianne St-Jacques)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Consulter la programmation complète du sur le site web officiel du Festival Québec BD
En savoir plus sur l’œuvre de Victor-Emmanuel Roberto Wilson : lire La passion de N.S. Jésus, court récit paru dans L’Action catholique en 1956, sur la plateforme Issu.