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Festival d’Angoulême : la légitimité de l’Association du FIBD en question

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 9 octobre 2015                      Lien  
Alors que se prépare la 43e édition du Festival de la bande Dessinée prévue pour fin janvier 2016 dont la figure de proue devrait être Lucky Luke à l'occasion de son 70e anniversaire, une Assemblée Générale de l'Association du FIBD, détentrice de la manifestation, devrait statuer sur les derniers événements qui ont émaillés les relations entre le FIBD et son prestataire 9eArt+ ces derniers mois.

Résumons la situation : en juin 2015, le contrat entre 9eArt+, qui organise le Festival International de la bande dessinée d’Angoulême depuis 2007, un contrat de dix ans fait sans appel d’offre, venait à échéance.

Pour qu’il ne soit pas reconduit tacitement pour une nouvelle période de dix ans, il fallait le dénoncer, quitte à redonner le mandat à 9eArt+ dans la foulée.
La plupart des financeurs institutionnels : la Mairie, le Conseil Général, le Ministère de la Culture représenté par la DRAC, qu’ils soient dirigés par des fonctionnaires comme des élus de droite comme de gauche, souhaitaient cette dénonciation pour une raison très simple : la majorité du financement de la manifestation (un budget de plus de trois millions d’euros) provient de fonds publics.

L’autre souci était la sourde mésentente entre 9eArt+ et la Cité de la BD et de l’Image, le principal lieu qui hébergeait les expos, mésentente qui a provoqué l’éviction brutale de son directeur, M. Gilles Ciment. Depuis, la CIBDI cherche toujours son nouveau directeur...

9eArt+, dont les qualités manœuvrières ne sont plus à démontrer, ne l’entendait pas de cette oreille. Obtenant notamment le soutien de certains éditeurs de BD, elle souhaitait continuer son mandat. Le consensus, début juin, y compris à l’intérieur de l’Association du FIBD tournait autour d’une dénonciation suivie par un nouveau contrat régenté sur des bases plus orthodoxes. Dénonciation exécutée par l’Association du FIBD. début juin dernier.

Festival d'Angoulême : la légitimité de l'Association du FIBD en question
Derrrière le dessinateur Régis Loisel, le président de l’Association du FIBD discute avec les représentants des éditions Delcourt, lors du dernier festival d’Angoulême.

Humiliation publique

Or, coup de théâtre, alors que le contrat est officiellement dénoncé, on apprend que 9eArt+ conteste les formes de cette dénonciation et que celui-ci est donc reconduit pour une nouvelle période de dix ans.

La Mairie, le Conseil Général, le Ministère de la culture, et au passage la CIBDI qui a sacrifié son DG en espérant calmer le jeu, s’en retrouvent humiliés. Le privé dame le pion au public, et avec son argent encore bien !

L’Association, qui n’est plus qu’une chambre d’enregistrement des volontés de 9eArt+, n’a pas les moyens de répliquer : elle ne peut pas financer un long et coûteux procès et, d’autre part, ce conflit mettrait en danger l’organisation du prochain festival prévu en janvier 2016. Elle est coincée.

Certains Angoumoisins révulsés par la situation, organisés dans un groupe d’« Indignés d’Angoulême » réclament un "Cahier des charges" pour le contrat à venir.. Rien n’y fait.

Après une Assemblée Générale houleuse en mars 2015, organisée dans des conditions étonnantes, qui donnait à M. Patrick Ausou, président de l’Association, le mandat de renégocier un nouveau contrat avec 9eArt+, contrat qui ne sert désormais techniquement plus à rien et sur lequel 9eArt+ peut s’asseoir en toute quiétude, celui-ci devrait être soumis à l’Assemblée Générale statutaire du 15 octobre prochain.

Or, d’après nos informations, ni le contrat définitif proposé, ni le moindre cahier des charges en bonne et due forme ne devrait être proposé aux membres de l’Association le 15 octobre prochain.

Une AG, rappelons-le, est sensée reconduire ou remplacer l’équipe dirigeante et produire un quitus sur la bonne gestion de l’Association. Or, à la fin septembre, aucune convocation n’avait été envoyée aux quelque 73 membres de l’Association, ni même une demande de ré-adhésion pour 2015-2016 ! Par ailleurs, aucun membre n’avait reçu officiellement à cette date le compte-rendu de la dernière assemblée générale de mars 2015.

Mis en demeure, le président de l’Association du FIBD se décide d’envoyer enfin, le 6 octobre 2015, le compte-rendu de l’AGO du 14 mars accompagné de généralités sur la relation avec 9eArt+ et la nécessité de trouver avec ce prestataire de nouveaux modes opératoires. On ne parle plus d’un contrat dénoncé et d’une nouvelle proposition contractuelle éventuelle -demande de la majorité des financeurs publics si l’on en croit les journaux, mais d’une renégociation de contrat dont le projet n’est pas proposé aux membres de l’Association, contrairement à ce que le compte-rendu de l’AGO du 14 mars le laisse entendre.

Le président Ausou sera-t-il reconduit, lui qui, contre toute attente, par maladresse ?, a permis la reconduction d’un contrat pour dix ans laissant peser des doutes quant à sa légitimité de sa représentativité dans l’exécution des intentions de l’AGO de l’Association ? Dans ces conditions, les financeurs et la CIBDI peuvent-ils encore donner du crédit à l’Association du FIBD ? Et par ailleurs, 9eArt+ n’a-t-elle pas là remporté une victoire à la Pyrrhus qu’elle finira par payer cher un jour ou l’autre ? Ces questions sont celles qui se poseront le 15 octobre prochain.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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7 Messages :
  • Erratum
    9 octobre 2015 15:31

    La 43e édition du Festival de la bande dessinée est prévue pour fin janvier 2016 et non 2015.
    Les organisateurs avouent être très en retard sur cette édition, mais pas à ce point !

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 9 octobre 2015 à  15:38 :

      Oui, c’est vrai. C’est corrigé. Merci.

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      • Répondu par Charlotte le 9 octobre 2015 à  16:29 :

        Il en reste une (coquille) au 3ème § APRES la photo :
        L’Association, qui n’est plus qu’une chambre d’enregistrement des volontés de 9eArt+, n’a pas les moyens de répliquer : elle ne peut pas financer un long et coûteux procès et, d’autre part, ce conflit mettrait en danger l’organisation du prochain festival prévu en janvier 2015.
        Bon WE !

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      • Répondu le 9 octobre 2015 à  16:55 :

        Il en reste encore un, troisième paragraphe après la grande photo...

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  • La réponse du berger à la bergère
    14 octobre 2015 08:48, par Gilles Ciment

    Charente Libre fait aujourd’hui l’annonce d’une menace de baisse des subventions de la ville d’Angoulême (de -10 à -50%) comme si rien ne la précédait ou la justifiait. Il faudra donc que les lecteurs du quotidien local se reportent au présent article d’ActuaBD pour comprendre qu’il s’agit là d’une réponse politique et gestionnaire à un camouflet insupportable pour une collectivité et les citoyens qu’elle représente. Le maire use, avec sagesse et circonspection toutefois - ses propos en attestent -, des armes que Franck Bondoux a choisies lui-mêmes. A suivre...

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  • Le maire s’explique
    14 octobre 2015 22:46, par Gilles Ciment

    Le maire d’Angoulême répond, sur sa page Facebook, aux protestations et inquiétudes formulées par les organisateurs du Festival de la bande dessinée - l’association FIBD et son prestataire 9eArt+. La réponse est courageuse : les élus dans le passé, à la ville comme ailleurs, n’ont jamais su résister à Franck Bondoux, qui a pour habitude de tancer les responsables locaux, qu’ils soient politiques, économiques ou culturels. Cette réponse rappelle des évidences essentielles.

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    • Répondu par Philippe Bailleul le 15 octobre 2015 à  00:50 :

      Le maire devrait supprimer toutes subventions et même interdire ce festival qui fout un binz pas possible. Ca ne profite à aucun Angoumoisin, ça les dérange même dans leurs activités privées comme professionnelles. Angoulême a aujourd’hui Le Festival du film francophone d’Angoulême qui est une formidable vitrine, et c’est nettement plus glamour de recevoir des stars de cinéma que des dessinateurs imbibés d’alcool qui hurlent dans les rues jusqu’au milieu de la nuit. Toute chose a une fin, il serait temps d’en finir avec ce vieux festival qui n’a plus lieu d’être et offre chaque année un spectacle pitoyable.

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