Fin de chaîne commence par la tragique disparition de JeanDo, dinde au talent d’imitation bien rôdé. À tel point que ses congénères ne sont pas certains de l’identité du volatile assassiné sous un éboulis. À vrai dire, on partage leur perplexité, car rien ne ressemble plus à une dinde qu’une autre dinde. D’autant plus que Michel Galvin s’amuse à représenter cette colonie de manière minimaliste, en noir et blanc avec une légère trame et quelques rudiments de décors. Un style qui ne manque pas d’expressivité et qui met l’accent sur les dialogues. Le jeu du « qui est qui parmi les dindes ? » est d’ailleurs le gag récurrent prétexte à échanges particulièrement savoureux.
La liste des disparus s’allonge au fil des pages tragi-comiques, et la théorie de l’accident isolé à répétition devient difficile à soutenir… S’ensuit une longue enquête à la recherche de l’assassin, qui sévit dans la colonie. Les idées noires de Galvin servent sa manière très personnelle de pointer nos travers d’humains. Car derrière cette chronique d’une extinction annoncée, on devine une critique de la politique démagogique, des beaux discours philosophiques, du fonctionnement de la justice,... Le tout traité dans un récit qui mêle l’absurde façon Monty Python, et un certain minimalisme dessiné façon Peanuts.
Cocasse et finement dialogué, Fin de chaîne est un livre extrêmement drôle. Ceux qui ont Le Baron Noir [1] et Moins d’un quart de seconde pour vivre [2] en haute estime, peuvent assurément ajouter cet album à leur réserve précieuse.
(par Morgan Di Salvia)
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[1] de Got & Pétillon édité par Glénat
[2] de Lewis Trondheim & JC Menu édité par L’Association
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