Fin de cycle pour "Le Livre des Destins"

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Nous vous avons déjà exprimé tout l'intérêt que nous portions à la série "Le Livre des Destins" dont le cycle se clôt sur un cinquième tome. Un récit-puzzle qui demande à être relu avec attention.

On en connaît quelques-uns de ces récits où le livre devient énigme, comme dans le très réussi Rendez-vous de Sevenoaks de François Rivière & Floc’h.

Mais un livre qui raconte le destin de son lecteur, protégé par une serrure, et qui arrive dans les mains d’un jeune homme, très grand lecteur gavé d’aventures fantastiques, voilà qui a de quoi émoustiller l’amateur de bande dessinée bien né.


Le Livre des Destins T5 - Par Serge Le Tendre et Franck Biancarelli - Éditions Soleil

Serge Le Tendre (La Quête de l’Oiseau du temps, Chinaman...) n’a pas son pareil pour élaborer des écheveaux sophistiqués où prolifèrent des personnages inquiétants et pittoresques. Le lecteur est facilement perdu dans ses récits, ce qui lui permet de ménager des coups de théâtre à chaque fois surprenants, où le drame se joint à la comédie, comme l’assassinat d’un mafieux par l’un de ses proches ou le ratage absolument réjouissant d’un mariage... Notre héros finira par se faire dérober son précieux ouvrage ayant compris, à l’instar de Marshall McLuhan, que le média est le médium, que ce n’est pas la clé qui ouvre le livre sur un monde inconnu, mais le livre lui-même, seule la quête compte comme pour un McGuffin d’Hitchcock...

Graphiquement, Franck Biancarelli se révèle à nouveau impeccable, d’une efficacité et d’une clarté exemplaires. Le dessinateur marseillais ne cache pas ses influences américaines dont on trouve les traces dans ses effets à la Steranko, mais pas seulement : Les Idées noires de Franquin son également convoquées ! Sa qualité de synthèse vient à point dans un récit façon puzzle où la typologie des personnages joue un rôle déterminant si l’on veut suivre l’intrigue. Une leçon de clarté !


Le Livre des Destins T5 - Par Serge Le Tendre et Franck Biancarelli - Éditions Soleil

L’album achevé, on est à la fois ravi du voyage et en même temps conscient que l’aventure devait trouver sa fin : le procédé conceptuel de la mise en abyme enferme les personnages dans une logique fermée qui les empêche de se développer de façon autonome, afin qu’ils rencontrent le public là où il ne l’attend pas. Or c’est le secret des œuvres qui durent...