Mudan la chinoise s’installe à Montmartre dans le cadre de ses études et ne tarde pas de se lier d’amitié à Sakura, sa voisine japonaise, elle aussi franchement débarquée de ses lointaines terres natales.
Rapidement elles rencontrent Adrien, leur charmant voisin, et au gré des balades, des vides greniers et des soirées entre amis, les deux jeunes filles vont vivre leurs expériences de façon bien différente. Ainsi Mudan, réservée et introvertie, préfère flâner en solitaire, tandis que Sakura, sociale et romantique, ne manque jamais une occasion d’aborder et de rencontrer de nouvelles personnes.
Wei Yao, que nous avions pu découvrir avec Mimi en 2007 chez Casterman, nous revient avec un récit complet s’inspirant de sa propre installation dans la Capitale Française. La narration, contemplative et poétique s’attache à des moments simples et en pointillé, sur fond de découverte de la vie parisienne…
… au plutôt de Montmartre ! Tout l’imaginaire, un brin fantasmé tout de même, du fameux quartier se trouve convoqué, et l’auteure l’assume parfaitement, avec même une pointe de malice via des clins d’œil à Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet. Notons que l’album se trouve d’ailleurs complété par un petit guide touristique illustré.
Pour cette ballade dans le quartier des artistes et des romantiques, le récit se drape dans un dessin rappelant l’aquarelle, aux traits simples, mais qui distillent parfaitement légèreté et sensibilité à fleur de peau.
Au-delà de la question du choc culturel, qui ne semble pas particulier marqué ici, nos héroïnes évoluant dans un Montmartre de carte postale qui ne trahit pas de beaucoup cette image, Wei Yao semble ici davantage questionner les tempéraments par l’opposition de caractère entre Mudan et Sakura.
A l’imagine d’un songe d’été, le récit nous nous apporte aucune réponse à leur état d’âme, chaque nouvelle expérience chassant la précédente, sans que Mudan réalise toujours tout ce qu’elle traverse en demeurant souvent fuyante.
Une ballade pleine de charme et de tendresse d’une étrangère qui se cherche à l’autre bout du monde, comme tout un chacun en fin de compte.
(par Guillaume Boutet)
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