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Florent Maudoux : « Je voulais surprendre les lecteurs, utiliser les codes du genre, les renverser, les retourner, et les prendre violemment par derrière ! »

Par Xavier Mouton-Dubosc Thomas Berthelon le 3 janvier 2011                      Lien  
[Freaks' Squeele->art11239] (Ankama Editions) est la première série de ce jeune auteur lyonnais en pleine supervision de l'adaptation animée de sa saga (trois tomes déjà sortis). Exigence graphique, richesse d’un univers ambitieux et tension palpable font de cette série de super-héros une des claques à découvrir absolument. Ce tome 3 fait d’ailleurs justement partie des nominés pour le prix [ActuaBD/Conseil Général des Jeunes de Charente 2011->art11225].

Ce troisième tome est nettement plus orienté sexe que les deux autres. C’était pour prouver aux frustrés des paréos du tome 1 que vous saviez aussi y aller franco ?

Cela n’a pas grand chose à voir. Disons que je construis l’histoire et, au bout d’un moment, les choses doivent aboutir, donc effectivement il y a un peu plus de sensualité, mais j’aurais du mal à appeler cela du sexe ou de l’érotisme. Il s’agit plus d’un rapport à la matière plus intime.

... Ou en fait non, la vraie histoire, c’est que Tot vous a convoqué, vous a donné les chiffres de vente des premiers tomes, et quitte à faire de la télé-réalité, vous a refourgué le numéro de The Economist spécial Endemol : "Sex is money".

Ah purée, on voit que vous avez des bonnes sources. C’est un peu le problème, j’avais des ventes trop merdiques, les chiffres ne décollaient pas... Alors on m’a demandé de la violence, du sexe, et de la drogue ! (rires)

En montrant l’entraînement des trois héros sur la moitié du tome, vous vous inscrivez dans la tradition des apprentissages où on en bave, pour faire monter la sauce. On doit en déduire que le tome 4 sera de la baston non-stop ?

Il faut déjà conclure ce qui se passe dans le tome 3, c’est la moindre des choses, parce que je laisse les lecteurs sur un cliffhanger bien frustrant. Ensuite, il y aura effectivement pas mal d’action, mais je vais déjà conclure la première année.

En fait, à côté, le BTS de Mélusine, c’est de la gnognotte : elle n’a même pas eu droit au bizutage.

Je n’ai pas tout suivi, mais le gros bizutage, dans Freaks’ Squeele, n’a pas encore eu lieu. Je pense qu’il y aura encore des choses à raconter de ce côté-là (rires). Plus sérieusement, je n’ai pas encore tout à fait parlé des choses essentielles, il n’y a pas d’introduction à l’univers, et je comptais justement me rattraper sur le tome 4.

Florent Maudoux : « Je voulais surprendre les lecteurs, utiliser les codes du genre, les renverser, les retourner, et les prendre violemment par derrière ! »
Extrait de "Freaks’ Squeele T3"
© Maudoux/Ankama Editions

Votre marque de fabrique, c’est jouer à fond sur les clichés pour bifurquer et en prendre le contre-pied. C’est parce que vous ne vouliez pas assumer jusqu’au bout les codes du genre au premier degré ?

C’est plutôt parce que les codes du genre au premier degré avaient déjà été bien exploités. Je voulais surprendre les lecteurs, donc prendre les codes, les inverser, les renverser, les retourner, et les prendre violemment par derrière !

... Ou parce que justement, les clichés de maintenant, c’est contrer les clichés de ses maîtres.

Cela pourrait fonctionner ainsi mais, curieusement, on ne voit pas cela si souvent. Je n’imagine pas non plus être un révolutionnaire, mais je m’éclate bien, le lecteur le ressent, et c’est bien le principal.

Quand on est un jeune auteur débutant dans la BD, est-ce plus facile de mettre en scène des étudiants en plein apprentissage ?

Oui, c’est le but. N’étant pas quadragénaire, je ne me sentais pas d’écrire une histoire de ce genre. Je voulais plutôt m’inspirer de ma propre expérience : l’université, les cours, le stress des examens me parlaient plus que la guerre ou ce genre de choses qui n’ont pas bercé ma vie personnelle.

Justement, est-il vrai que vous vous êtes fait virer par le CROUS, et que vous avez trouvé à louer un 25m² sur trois étages, tour de guet période XIVème siècle ?

Je n’ai pas trop eu ce genre de souci, mais je me suis pas mal inspiré de la vie de mes amis universitaires qui galéraient effectivement dans les CROUS. En tant que jeune actif, j’ai aussi connu cette recherche du chez-soi.

On sent que vous avez une tendresse particulière pour Xiong Mao : en trois tomes, elle passe de l’image de fille sérieuse à une héroïne plus sensuelle qui se lâche.

C’était prévu depuis le début, je voulais la faire évoluer graphiquement aussi bien que psychologiquement, et c’est dans cette optique que je l’ai créée très sérieuse et guindée au départ. De même que j’essaie de faire évoluer tous les autres personnages, de la manière la plus intéressante possible. Et j’ai justement posé certains éléments de manière à surprendre plus tard.

Une page en noir/blanc de "Freaks’ Squeele T3"
© Maudoux/Ankama Editions

Si vous deviez infliger un entraînement à un disciple, vous seriez plus :
- 1/ la formule Raf : écouter de la soupe musicale non-stop pour s’en inspirer dans Debaser
- 2/ la formule Maliki : sacrifier un bras pour occuper Fleya en furie
- 3/ la formule Ancestral Z : Non, ses chemises... c’est trop horrible !

Pour un disciple ? Je lui ferais bien subir l’entraînement de Run, où le gars aura intérêt à recommencer sa planche jusqu’à ce qu’elle soit satisfaisante, sinon, il le fera saigner sur un parcours du combattant.

Pour marquer votre territoire en open space : c’est musique à fond genre Ministry ? Sepultura ? Ou pire, une Toccata de Bach ?

Alors c’est très simple, je travaille chez moi à Lyon, donc l’open space n’est pas vraiment un gros souci (rires), mais je ne dis pas non à la Toccata de Bach.

Il paraît qu’une adaptation animée de Freaks’ Squeele est en production au Japon. Que pouvez-vous nous en dire ? Y aura-t-il beaucoup de libertés par rapport à la BD ? Et pousserez-vous encore plus loin les références aux animés japonais ?

Alors, déjà, le dessin animé ne se fait plus au Japon mais en France, donc nous pourrons être plus fidèles à la BD. Le but n’est pas non plus de raconter ce qui se passe déjà dans la BD, mais plutôt d’essayer de développer des éléments annexes qui ne sont pas encore abordés sur papier. Donc j’y vois beaucoup d’ouvertures, à travers un médium complètement différent de la bande dessinée. C’est littéralement énorme, et très intéressant à réaliser.

Mélusine, c’est très suggestif. Mertownville, avec ses cours de justice, c’est en général plutôt habillé, mais cela reste soft. Vous étiez vraiment obligé d’aller directement dans la version hardcore ? Finalement, Freaks’ Squeele, c’est de la baston Gonzo, pas de scénario, on cogne de suite ?

Eh bien, comme je suis de nature bourrine, j’aime bien les trucs qui ne passent pas par la case "préliminaires", et aller à l’essentiel : le sexe !

Et pas de provocation, ni de bisous avant...

Cela ne sert à rien ! (rires) Sinon, il n’y a plus de tendresse (rires) !

Nous mettrons un sticker "Attention, interview n’importe quoi".

J’espère que j’ai bien répondu, j’ai été très honnête en tout cas ! (rires)

(par Xavier Mouton-Dubosc)

(par Thomas Berthelon)

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Ankama Label 619 ✏️ Florent Maudoux
 
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