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Florent Maudoux : « Quand je crée des références, j’essaie toujours de revenir aux mythes fondateurs »

Par Thomas Berthelon le 16 mai 2009                      Lien  
La série "Freaks' Squeele" présente une école de super-héros pas comme les autres : les élèves doivent mettre les autres à poil, présenter des plans de conquête du monde, tout ça dans un joyeux bazar peuplé de monstres, et de peluches louches. Rencontre avec l'auteur, peu avant la sortie du tome 2.

Présentez-vous, qu’avez-vous fait avant Freaks’ Squeele ?

Je me dirigeais vers des études de mathématique. J’ai failli finir prof de maths. Je crois que j’ai bien fait de ne pas me diriger vers ça : je suis quand même plus à l’aise dans le dessin. Je me suis dirigé vers le dessin animé que j’ai étudié aux Gobelins. J’ai fait de l’animation 3D pour des jeux vidéo, puis j’ai travaillé dans les figurines en plomb chez Rackham. J’ai pu pondre des illustrations, des concepts. J’ai pu ensuite développer mon propre projet Freeks’ Squeele. Ma compagne m’a pas mal aidé pour structurer le projet, pour rendre les personnages plus cohérents.

Florent Maudoux : « Quand je crée des références, j'essaie toujours de revenir aux mythes fondateurs »
Couverture de "Freaks’ Squeele" T2
©Maudoux/Ankama Editions

Vous vous êtes donc attaqué à la bande dessinée d’humour ultra-référencée. Faites-vous une liste de références à placer, comme Sailor Moon, The Blade, Star Wars... ou les références viennent-elles quand vous visualisez le scénario ?

Cela vient plutôt au niveau du dessin. J’écris mon scénario, qui normalement ne fait pas de référence. Et même quand je fais des références scénaristiques, j’aime bien prendre les racines des références. Par exemple, dans le tome 2, il va y avoir une référence à L’Homme de fer, comme celui du Magicien d’Oz,, on va revenir complètement dessus, et forcément, vous allez reconnaître tous les dérivés de L’Homme de fer : Iron Man, Alphonse de Full Metal Alchimist, Alphonse dans Patlabor... Tous les hommes de fer qui reviennent. Forcément, ces références viennent dans mon esprit parce que c’est aussi ma culture. Mais j’essaie toujours de revenir aux mythes fondateurs. Les petites références plus légères, du genre Dragon Ball ou des choses comme cela, cela me vient au niveau du dessin. Ce sont des clins d’oeil, des hommages, mais cela ne doit en aucun cas prendre le pas sur le scénario et l’histoire. L’humour doit venir des citations et pas juste des parodies que l’on ne pourrait saisir sans avoir les clés de ma culture à moi. Ce sont juste des références pour dire : "Qu’est-ce que j’aime, qu’est-ce que je lis..." Si quelqu’un trouve des références au Disque-Monde de Terry Pratchett, il va se dire : "Tiens, il aime bien ça". Cela crée une complicité entre l’auteur et le lecteur. J’essaie d’éviter de faire rire seulement sur des parodies.

La fameuse référence à l’homme de fer dans le tome 2
©Maudoux/Ankama Editions

Freaks’ Squeele est partagé entre les pages en noir et blanc et les pages en couleur. Est-ce parce que vous ne pouviez vous résoudre à réaliser les albums uniquement en noir et blanc ? Il manquait de la couleur ?

C’est un peu pour cela, c’est une espèce de bonus. J’apprécie énormément de travailler en noir et blanc, ce qui permet d’être synthétique et de poser des belles lumières. L’avantage de la couleur, c’est qu’il y a tout un langage qui se crée autour, et puis c’est aussi une habitude. Je suis coutumier de lire des choses contenant des papiers différents, des pages en noir et blanc et en couleur.

Comme dans les introductions de mangas ?

Oui, et comme dans les Picsou Magazine que je lisais. Pour moi, c’est juste une exploitation différente du même thème. On peut varier ainsi énormément de choses, on se donne des libertés.

Le concept de l’enlèvement de paréos est certes du f"an service", d’ailleurs, le mâle que je suis vous remercie. Ceci dit, vous axez surtout ce chapitre sur la déconne et beaucoup moins sur la nudité et la dimension sexy. Était-ce une volonté de prendre le lecteur à rebrousse-poil, ou n’aviez-vous juste pas envie de sombrer dans l’érotico-soft ?

Oui, je voulais que ce soit sensuel, mais pas agressif. Le but était d’avoir l’air complètement "fan service", puis de repartir totalement dans l’autre sens, et au contraire proposer une petite réflexion sur la femme et l’homme dans notre société. Il y a aussi des clés de compréhension dans certaines pages sur, c’est un grand mot freudien... le phallus. L’homme-phallus contre la femme. C’est extrêmement drôle. Je n’ai pas voulu prendre cela de façon sérieuse et pompante. Je voulais que ce soit vraiment marrant, c’est un peu cela dans la réalité, mais avec des effets spéciaux, des phallus géants, des femmes arrivant à manipuler le phallus de l’autre. Relisez l’album, essayez de le comprendre avec d’autres outils, et vous verrez qu’il y a beaucoup de choses racontées mais pas forcément posées très clairement.

©Maudoux/Ankama Editions

Vous avez planté le décor, on connaît les élèves, l’école, les types de partiels qu’il font devoir affronter, pensez-vous décliner cet univers encore sur combien de tomes ?

Pour l’instant, nous sommes partis sur cinq. Si la série marche bien, s’il se crée vraiment quelque chose avec les lecteurs, pourquoi pas plus. J’ai vraiment des idées pour aller jusqu’à sept, huit tomes sans problème. Ensuite, je ne voudrais pas non plus tomber dans la série sans fin, où on finit par trouver des prétextes pour continuer. Je veux quand même que cela se termine. Mais j’ai des idées de développement pour certains personnages, qui peuvent soit faire l’objet de spin-off, soit de tomes qui leur seraient spécialement dédiés.

(par Thomas Berthelon)

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