Pour les Protestants européens, les Amériques, c’est le paradis. Loin des menaces, et avec des espoirs de vie meilleure. Pour Jacques, cartographe, ce rêve colle à merveille avec sa compétence, et il part avec une expédition pour la Floride. Le traumatisme lié à l’échec de ce voyage le hantera jusqu’à bouleverser sa vie. Pour sa femme, notamment, il devient vital de connaître la vérité. Et son récit va révéler toute une aventure, d’une grande violence. Le genre de souvenir qui pollue le quotidien, jour et nuit. Et qui donne aussi quelques certitudes sur le genre humain...
Projet ambitieux, minutieusement documenté, le roman graphique de Jean Dytar apporte un éclairage à hauteur d’homme d’un moment-clé de l’histoire : la conquête de l’Amérique. Restant au niveau d’un destin presque ordinaire, il colle à la réalité de l’époque : les premiers migrants de l’Atlantique étaient bel et bien motivés par les persécutions religieuses, majoritairement en Angleterre, mais aussi en Allemagne, en Hollande et en France.
Si le choix d’un trait fin et sensible, souvent au lavis, parfois sans contours, épouse délicatement les personnages, il laisse au second plan les paysages. Un choix parfaitement respectable. Côté scénario, un format plus court aurait apporté une force supplémentaire au récit, d’autant que Jacques, rescapé plongé dans la noirceur, reste tout de même un peu monolithique. Sur un sujet rarement abordé, le travail de Dytar reste tout de même impressionnant, et la visite de son site apporte de nombreux compléments, sans parler des recherches bibliographiques approfondies.
(par David TAUGIS)
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