Si Bruxelles se targue d’être une capitale de la bande dessinée, sa Foire du Livre a toujours été un lieu où ce média trouvait une place à part, valorisée par son historique au sein du Plat pays, et un choix du cœur car les Belges ne l’ont jamais dénigrée.
Ainsi, les années précédentes, il était difficile de passer outre le neuvième art : affiche dessinée par Schuiten en 2006, nocturne BD en 2007, Philippe Geluck parrainait l’édition 2008, un riche programme en 2009 pour l’année de la BD à Bruxelles, le manga également à l’honneur en 2010 avec le premier défilé de Cosplay, de nombreux débats et rencontres en 2011 avec entre autres le lancement du premier spin-off de Thorgal, où le public était venu en masse pour voir et écouter les auteurs.
Programme allégé : la crise touche la Foire du Livre ?
Cela ne se remarque pas au premier coup d’œil, car les exposants récupèrent souvent la structure de leur stand année après année. Pourtant, en voyant comme sont montées certaines activités parallèles, on peut réellement penser que la crise n’épargne pas la Foire du Livre (des gradins semblent bricolés à la va vite, le bois est apparent : l’animation devra compenser en qualité avec le matériel dévolu).
Seule exposition consacrée à la bande dessinée, l’espace Naruto laisse planer le même doute. Certes, les panneaux explicatifs sont dignes d’intérêt, et les planches exposées sont des pièces rares qui attireront l’œil du spécialiste, mais l’utilisation de l’espace est réduite à sa plus simple expression, alors que les supports sont des planches de bois hâtivement vissées et recouvertes d’une couche de peinture. Reste le défilé de Cosplay qui redonnera peut-être des couleurs à l’ensemble...
Quant au programme en lui-même, le neuvième art reprend sa place de ‘mineur’, avec moins d’une demi-douzaine de rencontres sur deux cents. Pourtant, le thème de cette année, « Sex, Books & Rock’n’Roll » semblait convenir merveilleusement : nombreux sont les auteurs de bande dessinée à faire de la musique et à avoir monté des groupes ! Un concert animé avec des dessinateurs évoluant en live, boostés par un groupe, aurait été dans le ton !
Sans aller directement dans la bande dessinée adulte, on aurait pu facilement réaliser une exposition avec des auteurs locaux (ou non) pour mettre en avant la sensualité en bande dessinée : Jean Dufaux et Djinn, Dany avec Colombe et ses albums de charme, etc. Puis, même s’il y a du rififi chez Fluide, on imaginait bien la rédaction se réconcilier en s’immergeant dans cette thématique forgée pour elle.
Heureusement, quelques rencontres viennent sauver la présence de la BD :
Henri Vernes sera de nouveau présent pour évoquer son héros, pour lequel il prolonge les aventures.
Deux débats auraient pour thème la bande dessinée (vendredi 14h et 20h).
Une rencontre BD Rock avec Michel Janvier et Michel Dufranne (vendredi 18h)
Un débat réunira sur scène Thierry Bellefroid, Jean-Luc Cappelle et Jean-Marie Derscheid afin de « Sensibiliser à la BD de création » le lundi à 11h30 (modérateur : Bruno Merckx).
« Autour de l’œuvre d’Hergé », Louis Francken, Daniel Justens et Hervé Gérard traceront le parallèle entre le capitaine du Titanic et un certain Haddock. (vendredi à 17h)
Casterman absent, Mad Fabrik fait une entrée en fanfare
Si les prétentions de la Foire semblent à la baisse, les auteurs, quant à eux, ne bouderont pas leur plaisir !! On pourra effectivement retrouver entre autres : Midam, Joost Swarte, Bernard Vrancken, Godi, Christophe Bertschy, Benn, Elrich Schroder, Pieter De Poortere, Hermann et Yves H., Maryse et Jean-François Charles, Fabio Bono, Francis Carin, Milan Jovanovic et Alcante, Johan Pilet, Hamo, Alexandre Akirakuma, Ersel, Charel Chambré, Eric Loutte, Warnauts et Raives, Bob De Groot, Thomas Legrain, Olivier Grenson, Christophe Simon, Judith Vanistendael, Georges Van Linthout, Patrick Weber, Philippe Wurm, Alfonso Zapico, Christophe Bertschy et bien d’autres.
Les éditeurs seront aussi bien présents : Glénat avec son habituel stand convivial , Delcourt-Soleil-Bamboo qui intègre également Sandawe chez Dilibel, Média a changé de place pour présenter un stand plus ouvert au public (même si les files de dédicaces risquent de cacher l’entrée de l’exposition de Naruto), ainsi que toute une série de plus petits éditeurs qui seront de nouveau présents pour vous proposer ce qu’ils font de mieux.
Mais bien entendu, le grand absent est Casterman, qui avait chaque année un stand très important consacré aux livres jeunesse, mais surtout à la bande dessinée. Divergence d’opinion entre l’éditeur et l’organisation de la Foire ? Changement de communication lié suite aux rumeurs de rachat par Gallimard ? Les pistes sont multiples pour expliquer cette absence, qui pèse lourd dans le bilan BD de cette année.
Heureusement, celle-ci est contrebalancée par l’arrivée en fanfare de Mad Fabrik ! Ceux qui n’auraient pu le découvrir au Festival d’Angoulême, pourront profiter du superbe stand de Midam et de ses amis. Une fois de plus, le souci de la communication est au rendez-vous avec une mise en scène aussi délirante que bien pensée, et il est certain que les lecteurs se presseront au rendez-vous de Kid Paddle et Game Over.
Cette année, aux côtés de quelques rencontres intéressantes, ce seront donc sûrement les auteurs et les files de dédicaces qui seront de nouveau à l’honneur de la Foire. Reste à espérer que les prochaines éditions reviennent vers la bande dessinée, un mise-en-avant qui donnait un cachet tout particulier à l’événement.
(par Charles-Louis Detournay)
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La Foire du Livre de Bruxelles, du 1er au 5 mars 2012.
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