Food Wars ! T17 - Par Yuto Tsukuda et Shun Saeki - Delcourt/Tonkam

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C'est l'heure de la résistance pour nos héros qui affrontent la nouvelle politique scolaire d’Azami Nakiri et la menace de fermeture de leur dortoir ! Et afin de se défendre, Souma lance un défi à Eizan, l'un des tous puissants Elite Ten ! Sympathique même si nous assistons à une baisse de régime.

Rien ne va plus à l’académie culinaire de Tootsuki qui forme l’élite des futurs grands chefs japonais. Le sombre Azami Nakiri, père d’Erina, rivale de notre héros Souma, revient au Japon après avoir été longtemps banni et fait un coup d’état. Il prend le contrôle total de l’académie, chassant le vieux directeur, et entreprend de mettre en œuvre un tout nouveau programme visant à formater les élèves.

En effet finis les clubs dédiés à telle ou telle spécialité, les enseignements qui laissent une grande liberté à la créativité des élèves et la compétition exacerbée qui donnent l’impression que seuls les surdoués peuvent réussir. Le projet d’Azami Nakiri n’est plus de faire sortir de l’école une petite élite de façon aléatoire ou chaotique, mais de former tous les élèves aux mêmes méthodes de cuisine, enseignées par les Elite Ten, représentant une sorte d’aristocratie culinaire étudiante.

Sur le fond, c’est là que le lecteur se rend compte qu’il se trouve face à un shônen manga [1] ! La décision d’Azami Nakiri relève du bon sens d’un point de vue strictement éducatif : favoriser l’acquisition d’une base commune et solide plutôt que de jeter directement les élèves les uns contre les autres dans une compétition de tous les instants, favorisant les « autodidactes » au détriment des autres qui sont inexorablement renvoyés (à l’académie de Tootsuki, tous les examens sont en effet éliminatoires).

Mais comme indiqué nous sommes dans un shônen manga, et la croisade d’Azami Nakiri prend la forme d’une volonté de tout contrôler et de tout formater, ne laissant aucun degré de liberté ou de point de vue personnel aux élèves. C’est ainsi que nos héros du dortoir de L’Étoile Polaire endossent le rôle de rebelles, refusant de se conformer à ce qui relève presque de l’endoctrinement.


Opération d’exfiltration !: © 2012 Yuto Tsukuda / Shin Saeki / SHUEISHA / Tonkam

Ce changement soudain dans la dynamique de la série, qui voyait jusque présent les protagonistes évoluer à travers des examens exceptionnels et des événements divers, surprend et laisse perplexe. Un méchant très méchant, au design de prince des ténèbres, une relation avec sa fille qui relève symboliquement de l’inceste, une école qui se change presque en régime totalitaire et des lycéens formant une résistance... tout ceci n’est pas forcément du meilleur effet, ou disons plutôt que ce changement d’ambiance semble trop radical et caricatural pour emporter immédiatement l’adhésion.

Surtout que le développement de tout ceci ne s’est pas avéré gagnant au Japon. En effet, l’entrée en scène officielle des Elite Ten, en conclusion du tome quatorze, aurait dû constituer un moment fort du manga, mais au sein du Weekly Shônen Jump le classement de la série va s’effondrer de mois en mois, en dépit de tous les efforts des auteurs de relancer la machine.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la chute d’un titre aussi fort, déjà perceptible dans la publication française : un ralentissement du récit qui va s’attarder sur des situations et des personnages « annexes », reléguant les personnages qui ont fait le succès de la série au second plan, associé à une tournure que nous venons de décrire, faisant perdre de la dynamique et de l’épaisseur au récit plutôt que de lui en faire gagner.

On croit deviner que face au succès de la série, les auteurs, et sans doute leur éditeur, ont voulu jouer la carte de la dilatation du récit afin de faire durer un titre qui marche. Malheureusement leurs choix pour le « faire durer » se sont révélés désastreux. Il a fallu pour arrêter cette chute annoncer le lancement d’un arc narratif final, basé sur un affrontement en règle et direct des rebelles contre les Elite Ten !


Défendre le dortoir !: © 2012 Yuto Tsukuda / Shin Saeki / SHUEISHA / Tonkam

Nous n’en sommes pas encore là en France, mais ce tome possède déjà tous les symptômes, et cela en dépit d’un début très sympathique qui voit Alice, personnage toujours intéressant pour sa liberté de parole, « exfiltrer » sa cousine Erina du manoir et échapper au contrôle de son père, dans le but de la cacher dans le fameux dortoir rebelle de nos héros.

Un passage fort sympathique même si Erina passe malheureusement du statut de rivale hautaine à celui de princesse en détresse… Afin de sauver leur dortoir, et protéger Erina, Souma lance un défi à Eizan des Elite Ten qui dirige les opérations de démantèlement de la résistance.

Un duel qui occupe une grosse partie du tome mais dont les enjeux se révèlent limités, d’un côté par le caractère d’Eizan, un brin caricatural, et de l’autre par un duel culinaire qui manque d’attrait et de surprise. Un problème qui va aller en s’amplifiant dans les tomes à venir, jusqu’à ce que les auteurs décident de sortir le « grand jeu ».

Un dix-septième tome qui n’est pas fondamentalement mauvais, et qui même se lit relativement bien, mais qui marque le pas concernant la dynamique des débuts de la série, qui mettait l’accent sur son personnel varié et surprenant.