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Fraise et chocolat - L’Intégrale - Aurélia Aurita - Les Impressions nouvelles

Par Sarah COLE le 20 août 2014                      Lien  
Ils avaient fait le buzz en leur temps (2006-2007), les voilà réunis en un seul volume. Les deux tomes de "Fraise et chocolat", la bd qui lança puissance dix la carrière d'Aurélia Aurita, sont réédités par Les Impressions nouvelles en cette année 2014. L'occasion de se (re)plonger dans cette histoire d'A, à la fraîcheur insolente.

Fraise et chocolat c’est frais et chaud. C’est Fred et Chenda. C’est stupre, heurts et tremblements. C’est l’amour dure sept ans, sublimé par une série de coïts racontés avec candeur par Aurélia Aurita.

Lorsque le premier tome de Fraise et chocolat sort en 2006, c’est la surprise générale. Comment une auteure de 25 ans ose-t-elle livrer avec autant d’impudeur son histoire sentimentale et sexuelle avec son compagnon de 20 ans son aîné ? Les critiques et le public sont pourtant conquis par l’audacieuse, en témoignent les dizaines de papiers et d’interviews qui fleurissent sur cette bande dessinée inattendue, avec passage au Grand Journal en prime.

Le second tome lui emboîte le pas en 2007 et continue de conter la relation intense entre Chenda (Hakchenda Khun) et Frédéric Boilet. Le sexe y conserve sa place centrale, dans une valse solaire des deux amants, digne des shunga du Japon du XIXème siècle et d’avant. On retrouve en effet dans les albums d’Aurélia Aurita cette sexualité sainement débridée, sans tabou mais avec respect, d’où la tendresse des amoureux ne craint jamais d’émerger. On vous en parlait déjà très bien ici .

Fraise et chocolat - L'Intégrale - Aurélia Aurita - Les Impressions nouvelles
Dessiner l’homme qui dort - Fraise et chocolat
© Aurélia Aurita - Les Impressions Nouvelles

Ce que beaucoup ont oublié, c’est qu’il s’agit avant tout d’une histoire d’Amour, non dénuée d’humour, certes, mais avec des cœurs et des pleurs tout partout. Et comme ses consœurs, elle finit mal en général. D’où ce goût suret pris par la bande dessinée avec les années. Lors de la première édition, Aurélia Aurita était heureuse de chanter son amour pour Frédéric Boilet, tout en rondeur et en simplicité, avec un trait minimaliste ne s’attachant qu’à saisir la vitalité les mouvements des personnages. Des corps. Pas de décors.

Les années ont passé. L’histoire s’est terminée. Quelque part dans les limbes de 2012. Peut-être 2011. Plus de fraise. Plus de chocolat. Jusqu’à ce que Les Impressions nouvelles décident de ressortir de leurs cartons ces traces d’une mémoire encore vive. Celle de l’auteure en tout cas se souvient très bien. La rencontre avec Frédéric Boilet, auteur déjà renommé de bandes dessinées, la passion, l’exil au Japon, le retour forcé en France, les Vosges, la séparation, Laia Canada la nouvelle passion de son ex, 286 jours la nouvelle création de son ex.

Scène de la vie conjugale
© Aurélia Aurita - Les Impressions Nouvelles

Car, hasard de calendrier, il a fallu que le roman photographique de Laia Canada et Frédéric Boilet sorte début 2014, quelques mois avant la réédition de l’intégrale Fraise et chocolat, chez le même éditeur. Dans son épilogue, l’auteure pousse l’intimisme jusqu’à se représenter en train de feuilleter le livre de "Frédéric", en redessinant les photos, en digérant encore le propos. De l’encre a coulé sur les planches. Aurélia Aurita a publié Je ne verrai pas Okinawa, Buzz-moi, Vivi des Vosges, Lap. Elle se dit qu’il est temps de tourner la page. Et cela sonne comme une ultime suggestion au lecteur, rejoignant ce que Joan Sfar écrivait dans la préface du premier tome : "On lit ça, on est content pour eux. Ensuite on referme. Et on s’en va sur la pointe des pieds."

(par Sarah COLE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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24 Messages :
  • Un chef d oeuvre de narcissicisme masturbatoire.

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    • Répondu par Fred Poullet le 21 août 2014 à  09:24 :

      ... en même temps pas assez de corps dans le dessin pour que ça puisse vraiment servir à cela.

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      • Répondu le 21 août 2014 à  14:03 :

        non, ça concernait l’auteure de la ... mais est-ce qu’on peut sérieusement appeler ça, une bd ? . Je trouve de plus en plus de bd gruyère (surtout les trous) dans les rayons chez les libraires. Apparemment qu’il y a une demande pour ce genre de livre. Ca me dépasse.

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      • Répondu par Ludovic Charme le 21 août 2014 à  15:59 :

        Et pourtant, en lisant fraise et chocolat j’ai souvent eu des érections menant à l’acte cité.

        Pas tant que le dessins soit pornographique ou réaliste, mais les situations son terriblement excitantes et font monter la sève.

        Je préfère le sexe joyeux dessiné de cette manière que les tristes vidéos bien plus "réaliste" de Jacquie et Michel et pourtant bardées clichées, mal jouées et centrées sur l’homme...

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      • Répondu par Oncle Francois le 21 août 2014 à  17:53 :

        Vous avez raison, Aurelia Aurita parle de sexe sans pudeur, mais tout cela n’est pas vraiment excitant. Ou alors il faut fermer les yeux ou être très imaginatif. Mais cela doit plaire aux féministes qui n’aiment pas l’image classique de la femme représentée par des hommes...

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        • Répondu par Choco le 21 août 2014 à  20:28 :

          D’accord avec vous. à part que les féministes, les vraies, pas les féministes de luxe ne perdent pas leur temps à lire ce genre de truc. En plus, c’est complètement dépassé. A gauche... à droite...comme ci comme ça... la belle affaire.

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  • Une femme racontant le plaisir et le sexe, ça rencontre toujours autant de réactions hostiles, en 2014 comme en 2006, ce qui prouve que ça vaut la peine d’être exprimé, c’est semble-t-il toujours subversif en soi, quand on voit les réactions. Commentaires édifiants.

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    • Répondu par Oreste le 24 août 2014 à  03:09 :

      Le problème ce n’est pas qu’une femme raconte le plaisir et le sexe, c’est que la bd est très mauvaise, dessinée avec les pieds, fort complaisante et faussement subversive.

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      • Répondu le 24 août 2014 à  22:38 :

        Non, non. Je vous assure -allez d’ailleurs chercher par vous même sur ce site (Aurita, Bagieu, Richard) : les commentaires (masculins) adoptent toujours le même pattern- mal dessiné, m’as-tu-vu... Je ne vous vois ni vous ni les intervenants précédents comme des monstres chauvinistes mais comme des victimes de la société patriarcale, des siècles d’oppression des esprits et des moeurs. C’est ça le combat du féminisme, et c’est pour ça que c’est important. Je ne cherche pas à vous convertir, mais simplement : regardez votre passé, votre présent et réfléchissez un peu.

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        • Répondu par Oreste le 25 août 2014 à  03:09 :

          Vous interdisez toute critique envers une auteure car ce serait du misogynisme, mais c’est trop simple, surtout que je suis une femme. L’érotisme d’Ana Miralles, l’humour subversif de Florence Cestac, les hilarantes bd de Marion Montaigne, l’humour délirant d’Hélène Bruller (qui rattrape le dessin plus que bof),l’Immeuble d’en face de Vanyda,la classe d’Annie Goetzinger, l’admirable dessin de Virginie Augustin,toutes ces auteures admirables ne reçoivent pas les critiques dont vous vous plaignez pour Aurélia Autica, ou qu’a reçu Myriam Rak, donc votre histoire de société patriarcale, des siècles d’oppression etc... n’ont pas lieu d’être. Vous apprendrez que le féminisme ce n’est pas défendre n’importe quelle œuvre ou mauvais livre sous prétexte qu’ils viennent d’une femme.

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          • Répondu par Antoñ le 25 août 2014 à  19:08 :

            C est vrai cela¡ ce n est pas parce que l on est femme que l on peut publier n iñporte quoi¡¡

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          • Répondu le 26 août 2014 à  23:23 :

            Mais où lisez-vous dans mon intervention, dans quel passage précisément voyez-vous que j’interdis toute critique ?! Vous n’êtes pas honnête.

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      • Répondu par Gérard le 26 août 2014 à  08:55 :

        oui le fond et la forme puissance 10 en dessus de zéro. C’est probablement l’éditeur qui veut se faire plaisir car est-ce vraiment un succès de librairie ? j’en doute fort.Le démon de ... midi.

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  • Non, ce n’est pas le sexe,on s’en fout. On a déjà lu, vu pire. Non, c’est l’auto suffisance.une orgie de démonstrations de soi. un trop de ..., une carence quelque part, manque de confiance en soi ,profonde écrite en filigranes, ce besoin de montrer, d’exhiber .Pour quoi faire ?Où est le sens de tout cela ? de cette exhibition ? Pauvreté émotionnelle dans ce qui est censé être de lard.

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  • En fait ce livre est juste génant, comme quand on trouve parmi de vieilles VHS la sex-tape de gens qu’on connait.

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    • Répondu le 27 août 2014 à  00:52 :

      Cas de figure auquel je ne suis pas familier (sans compter qu’il faut être un antiquaire pour posséder un lecteur de VHS). Bon, vous angoissez face à votre sexualité- vous trouvez ça génant. Désolé de lire que ce n’est pas un plaisir pour vous. La sexualité joyeuse c’est le partage, pas quelques bandes vidéo (?) trouvées par hasard dans une étagère. Aurélia Aurita est une femme et ça ça vous dérange beaucoup, cette voix, cette façon de transcrire son plaisir. "Il y a des limites bon sang !" Ce n’est certainement pas le chef-d’oeuvre du siècle cet ouvrage mais il dégage une saine vigueur, un plaisir de raconter des saynètes. C’est incroyablement futile et 1000 fois plus important que les avis ronron qui fustigent ce genre d’ouvrage. C’est un instantané de notre temps, le vôtre on connait : c’est le même polaroîd jauni que vous nous proposez- la communion du petit, ma première voiture. Et surtout, tournez les yeux- en toute occasion. Alors l’illusion de l’ordre, du bonheur, du sexe sera maintenue.

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      • Répondu par Phildar le 27 août 2014 à  14:01 :

        Rien à voir avec le fait que l’auteur soit une femme, parce que les bd exhibo de Frédéric Boilet m’évoque la même chose, vous repasserez avec votre psychanalyse à deux balles. Pas besoin non-plus d’être antiquaire pour posséder un lecteur de VHS, il suffit de ne pas avoir jeté le sien pour suivre les sirènes du soit-disant progrès, j’écoute toujours des 33 tours sur ma platine figurez-vous.

        Pour moi la sexualité joyeuse c’est avec ma femme ou des partenaires de passage, à deux dans l’intimité, ce n’est pas de partager celle des voisins partouseurs ou exhibo.

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        • Répondu le 27 août 2014 à  22:43 :

          Pour moi la sexualité joyeuse c’est avec ma femme ou des partenaires de passage

          Vous concluez admirablement en exposant vos prouesses adultérines dans le champ des commentaires. Ce que vous trouvez indécent dans ces oeuvres serait-il subitement devenu si différent quand c’est vous qui nous le faites partager ? Dans ce cas ce serait un bel exemple d’hypocrisie.

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          • Répondu par Justine le 28 août 2014 à  08:27 :

            A l’anonyme du 27 août rencontré sur Actua bd : la sexualité joyeuse, sans complexe, ça se passe dans un lit pas dans un livre. Encore faut-il aimer les femmes.pas seulement dans une bd dans son plus simple élément. Aimer La femme.

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            • Répondu le 29 août 2014 à  00:10 :

              Je ne saisis pas la substance de votre message. Se trouve-t-elle par-delà les litanies, les platitudes et la grammaire hasardeuse "Justine" ?

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          • Répondu par Phildar le 28 août 2014 à  14:22 :

            en exposant vos prouesses adultérines

            Vous concluez trop vite, je suis aujourd’hui divorcé, nul adultère donc, et quand bien même.

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            • Répondu le 28 août 2014 à  22:12 :

              On continue à apprendre les détails de votre vie dans vos commentaires. Ce droit de vous exprimer, de partager, vous le trouvez génant chez Aurita. Expliquez-nous un peu les acrobaties mentales que vous devez effectuer pour justifier cette dichotomie.

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              • Répondu le 29 août 2014 à  01:18 :

                Dire que l’on est divorcé relève plus de l’état civil que de l’intimité, surtout par rapport à ses menstruations et défécations.

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  • J’ai dit que c’était subversif en soi qu’une femme parle de sexe, pas que ce livre se voulait subversif. D’ailleurs, il n’a pas à l’être ou vouloir l’être pour gagner le droit d’être édité.
    Je n’ai à aucun moment parlé des qualités et défauts de ce livre.
    Je constate juste toujours autant de misogynie inconsciente ou mal assumée quand il s’agit de critiquer ce type de livres.
    Et nommer des auteurs femmes pour montrer qu’on en connait et se donner un peu de crédibilité, quand il s’agit finalement d’en prendre une pour taper sue l’autre, ça reste aussi dans les schémas classiques de la misogynie ordinaire.

    Moi aussi, j’ai tendance à penser que les histoires de cul devraient rester privées, mais au fond, on s’en fout que ce soit vraiment leur vraie vie ou pas, et c’est bien que certains livres parlent de sexe, que je les lise ou non, que je les apprécie ou non, et c’est indispensable que les femmes s’emparent de ce sujet, bien, maladroitement, magistralement, subversivement ou non, c’est essentiel, c’est tout. On parle tout de même de bd ou tous les auteurs ont des carnets remplis de meufs à poils et sortent régulièrement des bouquins avec du sexe dedans.

    C’est désespérant d’être en 2014 et dans ce cas précis des années après le phénomène de buzz forcément naze, et de lire toujours autant d’hypocrisie et de mauvaise foi.

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