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Francis Bergèse ("Buck Danny") : « Pour moi, Buck est le faire-valoir de Sonny »

Par Jean-Sébastien CHABANNES le 14 août 2017                      Lien  
Alors que les aventures du célèbre aviateur se poursuivent aujourd'hui sous le crayon de nouveaux dessinateurs (et à travers deux séries parallèles), les lecteurs ont encore à l'esprit la montée en puissance du héros dans le combat aérien avec l'arrivée de Francis Bergèse aux commandes ! Grâce à son dessin impeccable (qui reste cependant dans la continuité de son prédécesseur), le duo Charlier-Bergèse a produit très certainement à ce jour les meilleurs albums de la série, dignes du film référence en la matière "Top Gun".

Au final, la contribution de Francis Bergèse au travers de 13 albums et des couvertures incroyables aura marqué définitivement la série, les lecteurs du genre et tous les fanas d’aviation... On peut d’ailleurs profiter de la publication de l’Intégrale 12 de Buck Danny chez Dupuis dont la préface très érudite est signée Patrick Gaumer.

Enfin le fameux album inachevé de Charlier avec le Blackbird SR-71 est paru !

Au départ, cette aventure faisait suite à l’album « Les Agresseurs ». Avec Jean-Michel Charlier, on avait commencé à travailler dessus en 1988, puis 1989. Mais il était peu disponible et la réalisation des 16 premières planches a été assez longue. Au moment de son décès, on n’avait fait que 16 planches. Il me remettait du scénario de moins en moins souvent parce qu’il était très pris par ailleurs. Et parce qu’il avait aussi de plus en plus de problèmes de santé...

Francis Bergèse ("Buck Danny") : « Pour moi, Buck est le faire-valoir de Sonny »

Il faut savoir que Charlier remettait ses scénarios aux dessinateurs par petits morceaux (de 3 ou 4 planches maximum). À cette époque, on attendait souvent la suite de l’histoire le crayon à la main. J’ai des lettres de lui me disant : « Requinqué une nouvelle fois, je me remets au boulot » et puis voilà, il est décédé brutalement en juillet 1989. Mais cette fois-ci, il m’avait envoyé pas mal de scénario d’avance... sauf que moi, j’ai cessé de dessiner à partir du moment où il nous a quitté (ne sachant pas s’il y aurait une suite ou un autre scénariste qui prendrait la relève). Donc 16 planches de dessinées, 23 planches de scénario et c’en est resté là.

On m’a demandé plusieurs fois si j’avais l’intention de continuer cette histoire. Or, il se trouve qu’elle se déroule pendant la Guerre froide et que celle-ci s’est achevée justement en 1989, peu de temps après la mort de Charlier. Le temps que l’histoire paraisse, elle n’aurait plus du tout été d’actualité. De plus, je ne savais pas comment continuer une histoire qu’il avait lancée sans me dire quelle en serait la suite. J’aurais un peu eu l’impression de le trahir, même si je savais qu’on m’aurait fait confiance pour terminer seul son scénario.

J’ai donc préféré laisser cette histoire dans les cartons. Elle a été plus ou moins oubliée (mis à part sa publication dans le « Tout Buck Danny » n°14). Et puis, il y a deux ans, le responsable des séries d’aviation de Dargaud-Dupuis-Lombard Alex Paringaux m’a demandé si je voulais continuer avec des scénaristes-maison l’histoire commencée 26 ans auparavant. J’avais pris ma retraite après Porté disparu : je n’avais plus fait de Buck Danny depuis 2008 et j’avais dit que c’était mon dernier. Mais je ne pouvais pas laisser quelqu’un d’autre finir le dessin de cet album ! Par contre, j’ai prévenu que, forcément, il y aurait une suite car jusque là, l’histoire de Charlier ne faisait que de la mise en place. On aurait éventuellement pu terminer ça en un album, sur un 62 planches comme « Les Agresseurs » mais je considérais que c’était trop de travail pour une parution en janvier 2017 à l’occasion des 70 ans de l’apparition de Buck Danny dans Spirou. Alors ok, je sors de ma retraite, mais je ne dessine que le tome 1. Mais en mémoire de Jean-Michel Charlier, je me sentais le devoir de finir cet album : « Les Oiseaux noirs ».

En effet, il démarre plutôt lentement.

Oui, et d’ailleurs, j’avais cessé de dessiner à la planche 16 parce que je trouvais que ça durait beaucoup trop longtemps sans action. J’avais l’intention de lui en parler car il était très ouvert aux remarques des dessinateurs (enfin, en ce qui me concerne, du moins). Je lui avais déjà fait refaire du scénario à mon deuxième album ! (Rires) Moi, au vieux Charlier ! C’était dans « Les Pilotes de l’enfer » : une scène dans une cabane avec les deux mêmes personnages occupait deux planches et demie. Je la trouvais très longue, je ne savais plus comment me renouveler dans mes dessins. Je lui avais donc signalé et il m’avait répondu « Tu dois avoir raison, bouge pas, je revois ça ». Et il a gagné largement une planche. Alors, j’avais l’intention de lui demander la même chose concernant les planches 17 à 23 des « Oiseaux noirs ». Et puis, il est décédé... Et quand on a repris récemment, bien sûr, il n’était plus question de changer quoi que ce soit de ce que Charlier avait écrit. Néanmoins, je trouve en effet que le démarrage est plutôt lent.

Vos albums de Buck Danny sont parus de 1983 à 2008. Après 25 ans, on pensait que vous aviez pris votre retraite.

Quand j’ai arrêté de dessiner en 2008, c’est que j’en avais assez. J’avais 67 ans et je n’avais plus le courage d’entreprendre un album. J’ai fait celui là par devoir mais je n’ai plus de plaisir à dessiner. « Porté disparu », c’est mon dernier album, « Les Oiseaux noirs » c’est mon ultime album ! ( Rires ) Heureusement, cet album était déjà avancé d’un bon tiers car en ce qui concerne « Buck Danny », attaquer un nouveau titre, c’est du boulot pendant au moins un an et sans rien faire d’autre pendant tout ce temps. Je n’ai plus ce courage là aujourd’hui.

Avant de reprendre Buck Danny, vous étiez très connu comme illustrateur de boîtes de maquettes d’avion !

Et avant Heller, il y en avait aussi beaucoup qui avaient déjà repéré ma signature sur les couvertures de la revue « Le Fanatique de l’aviation ». C’est du travail en couleur directe à la gouache mais il faut savoir qu’au départ (quand j’ai voulu démarrer dans le dessin), je me suis beaucoup dispersé. J’ai avancé très lentement dans tous les domaines de l’illustration. Mais après, bien sûr, j’ai eu un éventail de possibilités beaucoup plus large qu’un simple auteur de BD.

Comment faites-vous pour dessiner aussi superbement les avions ?

Je suis complètement autodidacte. Mais j’ai eu pendant au moins une année, à l’époque de ma 6ème, un bon prof de dessin et qui m’a appris beaucoup de choses. Il donnait des cours particuliers et il m’y a pris gratuitement parce que mes parents ne pouvaient pas payer. Plus tard, j’ai eu la chance de rentrer dans une agence de presse, Dalmas, où je faisais le grouillot, c’est-à-dire des bricoles comme de la retouche de photos.

Dessin de l’auteur réalisé pendant l’interview

Et là, il y avait un dessinateur maison, Vanni Tealdi, qui dessinait des BD en bandes verticales qui passaient en dernière page de « France Soir », comme «  Le Crime ne paie pas ». Il était à mi-temps à l’agence de presse mais aussi à mi-temps chez lui où il travaillait pour son propre compte. Il faisait principalement des affiches de cinéma, des pochettes de disques, et il illustrait des romans destinés à la jeunesse pour la collection « Rouge et Or », tout cela à la gouache. Or, il avait besoin d’un assistant et comme j’étais pas mal disponible, j’ai travaillé chez lui pendant un an. Il faisait les personnages en avant-plan et il me confiait les décors qu’il avait mis en place au crayon auparavant. J’ai beaucoup appris avec lui. Quand ma première couverture du « Fanatique de l’aviation » (N°4, octobre 1969) est parue, j’ai été le voir pour lui donner un exemplaire. Il était épaté ! Il était fier et heureux que j’aie pu faire une couverture de magazine.

Vous êtes un passionné de BD, d’aviation ?

Tout d’abord, je crois que ma mère était amoureuse de Mermoz et admiratrice de Saint-Exupéry. Elle a du m’influencer mais je pense que cette passion pour l’aviation me vient surtout de la lecture de Buck Danny depuis ma plus tendre enfance. Il y avait plein de BD que je n’avais pas le droit d’avoir chez moi et que j’étais obligé de lire chez les autres. Le seul illustré que ma mère tolérait c’était « L’Intrépide » mais ce n’était pas mon préféré. Et donc, je lisais « Spirou » chez un copain et « Tintin » chez un autre. ( Rires )

J’ai commencé la pratique de l’aviation à 17 ans par le vol à voile, puis je me suis engagé dans l’armée pour faire un brevet de pilote. J’ai pris l’engagement minimum à l’époque de la Guerre d’Algérie qui était de trois ans et demi. J’étais dans l’armée de terre comme pilote d’observation. Quand on est rentrés d’Algérie et qu’on ne volait presque plus, j’ai décidé de ne pas rempiler. J’avais toujours le dessin qui me démangeait : j’en semais partout. Donc finalement, je suis parti à Paris avec mon carton à dessins sous le bras.

LES DEBUTS

J’ai visité les éditeurs sans grand succès. Heureusement j’ai eu ce petit emploi, très mal payé, mais où j’ai beaucoup appris chez Vanni Tealdi (tout en réalisant sur commande quelques dessins ou une courtes BD, par-ci, par-là)... Jusqu’au jour où j’ai réussi à placer une histoire d’aviation dans l’illustré de poche mensuel « Zorro ». Le rédacteur en chef était lui-même le dessinateur de Zorro, il s’appelait Jean Pape. C’est lui qui m’a fait confiance. J’ai collaboré à ce mensuel pendant deux ans avec les aventures de deux sous-Tanguy et Laverdure ( Rires ). Le comique (le pendant de Laverdure), c’était un petit gros. Ils étaient aussi pilotes de l’Armée de l’air. C’était en 1967 et 1968 et ça passait en deuxième partie après les aventures du héros titre.

Je ne lis plus beaucoup de BD aujourd’hui aujourd’hui. Sauf si un ami-auteur m’offre un de ses albums… Je me souviens qu’un auteur comme Pierre Seron ne lisait pas non plus de BD, ça m’avait étonné quand il m’avait dit ça, car à l’époque, moi j’en lisais encore. Et maintenant je me retrouve dans la même situation que lui : je n’éprouve plus le même plaisir qu’avant... Enfant, dès que j’ai commencé à savoir lire, j’ai dévoré tous les « illustrés » qui me passaient entre les mains, au grand désespoir de ma mère… Un ami de mes parents m’avait offert le premier recueil de Spirou de l’année 1947 : il y avait les premières pages des Japs attaquent. Donc j’ai vraiment commencé à lire Buck Danny dès les toutes premières planches de la toute première histoire !

Comment cela se fait-il que vous ayez un dessin si proche de celui de Victor Hubinon ?

Parce que j’étais fana de Buck Danny tout simplement ! J’étais lecteur de cette série depuis l’âge de huit ans donc forcément, il y a de l’influence ! ( Rires ) Mais j’ai aussi été influencé, un peu plus tard, par le « Tanguy et Laverdure » d’Albert Uderzo. Par contre, hélas, je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer Victor Hubinon. Il paraît qu’il était adorable, charmant comme tout. Charlier et lui étaient comme deux frères. Il faut savoir aussi que tous deux étaient pilotes ! Et plus tard, mon scénariste a reconnu que le fait que moi aussi je sois pilote a influencé en partie son choix. Car il faut que les avions volent et que ça se sente dans le dessin...

LA REPRISE DE BUCK DANNY

Justement, comment s’est passée la reprise de Buck Danny avec Charlier ?

Ça s’est passé d’une manière qui serait un peu longue à raconter. Brièvement, j’avais déjà rencontré Jean-Michel Charlier au journal « Pilote » une première fois en 1968, mais quand je l’ai revu à nouveau (pour la reprise de Buck Danny cette fois-ci), il ne s’en souvenait plus ! il avait déjà fait faire des essais à plusieurs dessinateurs. En réalité, il voulait seulement savoir combien je prendrais pour faire les couvertures de l’intégrale « Tout Buck Danny » qui était en préparation chez Dupuis. Il aimait mes peintures et voulait que ce soit moi qui fasse ces couvertures. Il voulait voir des originaux de mes illustrations à la gouache et j’avais également mis des planches de BD dans mon carton. On était en 1980 et quand il les a vues il m’a dit « - Haa, mais ça m’intéresse, Hubinon est décédé l’année dernière, Jijé vient de faire une attaque, il ne pourra plus jamais dessiner... j’ai mes deux séries d’aviation qui sont en rade, laquelle préférez-vous ? ». Il m’a dit carrément ça comme ça ! ( Rires ) Je lui ai répondu «  Buck Danny » car c’était la série de mon enfance. Il m’a alors proposé de me soumettre un bout de scénario dans lequel il cocherait en rouge des cases à dessiner à titre d’essai. Et au final, ces cases d’essai ont été collées directement sur les planches définitives, je n’ai même pas eu à les redessiner. Voilà comment ça s’est passé...

Juste aussi pour l’anecdote : Charlier avait été invité à une projection privée d’un documentaire d’un quart d’heure sur Buck Danny. Dans les émissions pour la jeunesse à cette époque, sur TF1 je crois, il y avait un réalisateur, Georges Grod, qui faisait une série intitulée « Les grands maîtres de la bande dessinée » et donc l’émission portait cette fois-ci sur Charlier et Hubinon. Charlier m’avait proposé de l’accompagner à cette projection et il avait apporté avec lui mes premières planches que Grod, plein d’enthousiasme, avait photocopiées. Quinze jours après, l’émission passait à la télévision. Je l’avais enregistrée avec mon magnétoscope tout neuf... sauf que cette fois, elle ne se terminait pas de la même manière ! Ça disait à peu près : « Buck Danny, une grande série de la bande dessinée franco-belge devait elle s’arrêter après la mort de Victor Hubinon ? Non ! Car un jeune dessinateur prend la relève : Francis Bergèse ! ». Et apparaissent les photocopies de mes planches alors que Charlier ne m’avait pas encore donné son oui définitif.. ( Rires ) Il a été mis devant le fait accompli ! J’ai donc appris officiellement par la télévision que c’était moi qui reprenais Buck Danny... ( Rires ) Et c’est tombé pile poil pour moi car Heller battait de l’aile. J’ai été licencié économique et j’ai pu faire mes essais et les premières planches de « Mission apocalypse » tout en touchant les Assedic, ce qui m’avait bien arrangé financièrement !

Est-ce qu’il vous a fallu relire les 40 albums précédents dessinés par Hubinon ?

Oui, oui, oui ! J’ai considéré cela comme indispensable. Et quand Charlier a décidé que ce serait moi qui reprendrait la série, il m’a immédiatement dit d’aller à la librairie du boulevard Saint-Germain (librairie qui n’existe plus mais qui était le grand dépositaire de Dupuis à Paris) chercher une collection complète de Buck Danny. Moi, j’en avais mais je n’étais pas sûr d’avoir toute la collection et puis j’avais certains albums en mauvais état. Du coup, j’ai été là-bas et hop, on m’a donné les 40 albums dessinés par Hubinon ! (Rires). Et rentré à la maison, j’ai tout relu ! Il fallait vraiment que je me remette dans le bain. J’avais besoin, vis à vis des anciens lecteurs, de bien raccrocher les wagons. J’ai jugé qu’il était très important de ne pas les désorienter …

Vous avez un dessin très propre, presque millimétré...

On me dit souvent ça ! C’est vrai que je suis un fignoleur dans tous les domaines ! (Rires ) Il en passe, des défauts (que je n’ai pas vus au bon moment) mais en général ils ne sont pas flagrants. Comme je dis souvent, j’ai fait du mieux que je pouvais au moment où je l’ai fait ! Mais après, quand je revois les albums, des fois je me dis : « Ha ben oui, là j’ai fait une bêtise... » ou « Là, il y a un défaut... ». Mais je ne le découvre que plus tard : ça m’a échappé au moment de la réalisation de mon dessin. Ça se situe surtout dans les attitudes ou les proportions des personnages. Quand je dessine, je suis toujours insatisfait mais plus tard, quand je redécouvre mes albums, sur l’ensemble, je suis finalement assez satisfait ! ( Rires )

Ça pourrait donner l’impression d’un dessin trop strict mais pourtant...

On me dit quelquefois que j’ai rajeuni la série (ce qui me fait énormément plaisir) mais je pense l’avoir fait tout en lui conservant sa façon d’être. Sans la changer ! La coupe de cheveux du héros par exemple, elle fait ringard mais elle m’a tellement marqué dans ma jeunesse que je suis content de la dessiner ! ( Rires ) Je dis aussi toujours que je dessine pour le petit lecteur que j’étais. Et le petit lecteur que j’étais était très difficile ! ( Rires ).

EVOLUTION DE LA SERIE

Les évolutions de la série se font par petites touches. Un jour, mon épouse Lise avait demandé à Jean-Michel de faire en sorte que, pour une fois, ce soit Buck Danny qui reçoive une tarte à la crème dans la figure (et que ce ne soit pas toujours Sonny). Il lui avait répondu qu’il le lui ferait, mais il n’a pas eu le temps malheureusement. Du coup, c’est moi qui ai fait cette scène à la fin de mon premier album solo « L’Escadrille fantôme ». Eh bien certains lecteurs n’ont pas été contents ! Ils ont râlé : c’était un crime de lèse-majesté, fallait pas toucher à Buck Danny ! ( Rires ) Il y a aussi le baiser avec Lady X (même s’il ne participe pas beaucoup) qui a surpris certains lecteurs.

Une évolution qui m’apparaissait vraiment importante, c’était de faire du trio, un quatuor en y ajoutant une fille pilote de l’aéronavale. Il commençait à y avoir des femmes pilotes de chasse alors j’ai créé Cindy. Et elle a été ensuite un personnage presque permanent dans les aventures de Buck Danny. A la fin de « Tonnerre sur la Cordillère », Buck Danny sauve Cindy, il l’a prend dans ses bras et ça s’arrête là bien sûr... La suite ne nous regarde pas ! ( Rires ) Mais il n’y a pas eu de demande de la part de l’éditeur pour faire évoluer la série en ce sens. J’avais beaucoup de liberté. Je soumettais toujours un synopsis au directeur éditorial chez Dupuis (qui l’acceptait d’ailleurs systématiquement) et après je faisais mon histoire telle que j’avais envie de la faire. Les héritiers, surtout Philippe Charlier à qui j’avais affaire, m’ont fait entièrement confiance pour les sept albums que j’ai réalisés seul, ça s’est passé à merveille !

Vous avez des dessinateurs influents ? Des références ?

Celui que je mets en haut du podium, avant Hubinon, c’est Uderzo ! Parce que ce virtuose a excellé à la fois dans le réalisme et l’humoristique. Dans les débuts de « Pilote », il dessinait « Les Chevaliers du ciel » et « Astérix  », soit quatre planches par semaine, avec une qualité inégalable pour des délais aussi courts.

J’aime beaucoup Paul Gillon (aujourd’hui disparu), une maitrise exceptionnelle, une élégance du trait. Dans les plus anciens, il y a aussi Christian Mathelot. Je le lisais quand j’étais gamin dans « Coq hardi » : « Le Grand Cirque » et Colonel X. Pour l’époque c’était un très bon dessinateur réaliste.

Et puis il y a des dessinateurs qui m’ont influencé pour des éléments très précis. Par exemple, je trouvais que Hubinon dessinait mal les montagnes. Et la mer aussi, je n’aimais pas tellement sa façon de dessiner les vagues. J’ai donc composé en m’inspirant d’autres auteurs. Par exemple, comme j’aimais bien Félix Molinari et son « Sergent Garry  », je me suis laissé un peu influencer par sa façon de représenter les nuages et les fumées. Plus tard, nous sommes devenus amis et j’ai eu l’occasion de le lui dire. Il y a eu un temps aussi où pour les plis des vêtements par exemple, je préférais me détacher de Hubinon pour mieux me laisser influencer par le style Uderzo. Sauf que, quand j’ai repris Buck Danny, j’ai été obligé d’y revenir... ( Rires )

A PROPOS DE BIGGLES

Vous avez aussi dessiné une autre série d’aviation "Biggles" ?

Oui, c’est venu au moment du décès de Charlier. J’avais commencé à travailler pour l’éditeur qui s’appelait Lefrancq et qui est devenu Miklo ensuite en Belgique. Il m’avait fourni des romans de la collection Biggles en me demandant de choisir ceux que j’aimerais adapter en BD. Car même si c’est plutôt à caractère aéronautique, il y avait plus ou moins d’aviation selon les histoires. Dans certaines, il y a deux avions au départ et après ça devient une aventure lambda. Pour commencer, j’ai choisi « Le Cygne jaune » où la partie aéronautique restait importante. J’ai commencé à travailler dessus du vivant de Charlier mais j’avais bien prévenu l’éditeur : « Priorité à Buck Danny mais quand je suis en panne de scénario, je me remets dessus ». Et puis Charlier est décédé en juillet 1989 et j’ai donc continué à travailler sur Biggles. L’album est paru en 1990. L’éditeur et les héritiers Charlier/Hubinon ont cherché ensuite un scénariste. Moi j’ai proposé un sujet mais on ne m’écoutait pas. Donc je continuais à faire mes Biggles (j’en ai fait quatre) jusqu’au jour où on m’a proposé un scénario de quelqu’un qui n’en avait jamais fait (Jacques De Douhet) pour Les Secrets de la mer noire.

TECHNIQUES DE DESSIN

Comment fait-on pour représenter des avions dans une BD ?

J’ai travaillé dans la presse aéronautique pendant plusieurs années, donc j’ai cumulé beaucoup de revues et de photos qui m’ont été utiles. J’ai aussi gardé des relations dans ce métier et elles ont pu me dépanner à un moment ou à un autre. J’utilise aussi des maquettes qui permettent de voir les appareils sous tous les angles. Et puis est arrivé l’informatique et les simulateurs de vol sur PC, dont certains permettent des vues extérieures des machines. On peut tourner autour et on fait un arrêt sur image sous l’angle dont on a besoin, et hop on l’imprime. Puis, avec mon projecteur vertical, je le projette à la taille que je veux sur ma case.

Il n’y a pas beaucoup de mes dessins d’avions qui ont été créés à partir de vraies perspectives. Quasiment tous ont été pris à partir de photos et de photos de maquettes... Puis ensuite, pour certains appareils, à partir d’ordinateur. Ceci pour les formes générales de l’avion. Pour les perspectives, il faut tenir compte du fait qu’un avion en avant-plan aura des perspectives fortes alors qu’un avion en arrière-plan aura des perspectives de téléobjectif. Il faut bien tenir compte de ça : il y a certains dessinateurs d’aviation qui ne respectent pas ces perspectives, ça détruit tout ! Le lecteur ne sait pas où est le problème mais il le ressent quand même.

Il faut également tenir compte des versions différentes des avions. Par exemple, lorsque je dessinais « Biggles » et que je devais faire un Spitfire Mark I de la Bataille d’Angleterre, il ne fallait pas que je parte d’une photo d’un Spitfire Mark IV qui est arrivé plus tard. Les formes et les éléments de détails sont assez différents. Je n’ai donc jamais eu de méchantes critiques à ce sujet… Sauf une : une lettre anonyme (et très méchante d’ailleurs, quand je faisais « Biggles ») dans laquelle la personne trouvait mes avions trop propres. C’est vrai que je ne faisais pas assez de salissures.

En ce qui concerne « Buck Danny », j’ai l’air de me vanter mais je n’ai eu que des compliments. Même avec les marques d’unités, il ne faut pas faire n’importe quoi ! Si l’on fait des décorations particulières, il faut qu’elles correspondent aux véritables unités pouvant être vraisemblablement impliquées dans l’histoire, et mettre les bonnes unités sur le bon porte-avions, choses que ne faisait pas Hubinon (par manque de temps, je le conçois). Même pour porter les ombres sur un avion en plein vol, je vais souvent jusqu’à tenir compte de l’heure et de la position du soleil.

« Les Secrets de la Mer noire » est un album un peu particulier, qui sort du lot...

J’ai trouvé le scénario proposé par De Douhet pas mal, sauf qu’il y avait matière à faire deux albums mais Dupuis voulait sortir ça en un seul album. On m’a donc confié le travail de réduction du scénario car l’auteur ne voulait pas toucher un mot de ce qu’il avait écrit. Après ça, ça s’est plutôt mal passé entre nous. Il considérait que tout ce qu’il avait écrit était parole d’évangile alors qu’il n’avait jamais fait de scénario auparavant. Il était soutenu par le fils de Jean-Michel Charlier et moi par le directeur éditorial. ( Rires ) Et finalement, le directeur éditorial m’a dit « Tu fais comme tu as envie de faire et moi je me débrouille avec les autres ». Voilà, ça s’est passé comme ça. Mais « Les Secrets de la Mer noire » n’est pas un album qui dépareille la collection, je pense. Le contexte de son histoire est totalement historique car De Douhet faisait des compilations de la presse internationale pour le Ministère de la Défense. Donc, il était quand même bien dans le bain. Il n’a pas produit d’autre scénario et il est décédé depuis.

BUCK DANNY ET TOP GUN

Le cycle de vos quatre premiers albums édités chez Novedi donne l’impression que vous avez fait du Top Gun avant le film Top Gun...

Oui et ce qui est amusant c’est que Charlier m’avait dit pour l’album « Les Agresseurs » : « J’ai un projet d’histoire mais les américains vont sortir un film sur le même sujet alors je vais un peu modifier les choses ». Il avait probablement l’intention de faire un album sur l’école de Top Gun, et donc il a transféré ça dans l’US Air Force et à Las Vegas pour éviter que son histoire puisse être considérée comme du plagiat. Charlier était quand même quelqu’un d’assez visionnaire, il anticipait. Récemment, on était dans un festival du « comic » à Stuttgart, et quelqu’un qui parlait un peu français m’a dit, en me montrant la première trilogie de chez Novedi, que cela aurait aussi pu faire un film magnifique ! Il voyait vraiment ça au cinéma et c’est vrai que dans l’album Le Feu du ciel, ça bouge beaucoup.

Mais je n’ai jamais fait de lien entre mes albums et le film de Top Gun. Quand on est allé le voir au cinéma, la première fois en famille, il y avait pour moi une cloison entre les deux univers. Je pense que quand le film est sorti, je devais être en train de travailler sur Les Agresseurs (qui fait d’ailleurs 62 planches et qui est le plus gros album de la collection de Buck Danny).

Comme à cette époque, j’ai refait ensuite aussi un grand combat aérien dans « L’Escadrille fantôme » entre les avions de l’OTAN et l’escadrille de Buck Danny, plus aussi contre les avions de l’aéronavale américaine. Ce scénario, mon premier pour Buck Danny, m’est venu quand l’ONU n’intervenait pas en Bosnie… sauf pour dire que l’attitude des Serbes était inadmissible ! Puis l’OTAN est enfin intervenue vers la fin de la réalisation de cet album. C’est pour ça que j’ai mis un petit texte à la fin : « Est-ce que l’intervention de Buck Danny n’aurait pas déclenché... etc… ». ( Rires ) C’était pour raccrocher mon histoire à la réalité de ce qui s’est passé ensuite.

Nous avons le sentiment que vous avez initié les scènes de haute voltige aérienne en BD ?

Je ne m’en rends pas bien compte. Dans « Le Retour des tigres volants » dessiné par Hubinon, il me semble qu’il y a des scènes de combats importantes. Aujourd’hui il y a Jean-Michel Arroyo et Romain Hugault qui font ça très bien aussi. D’ailleurs Romain était un de mes lecteurs. Quand j’ai rencontré ses parents, sa mère m’a dit «  Je suis contente de vous rencontrer car qu’est-ce que j’ai pu entendre parler de vous ! ». ( Rires ) Mais je ne me peux pas dire en tant qu’auteur si dans mes albums de Buck Danny il y a plus de voltige que dans les autres séries d’aviation. Les lecteurs ne m’en parlent pas vraiment en festival. Mais pour moi ça me paraît naturel que, dans des BD d’aviation, il y ait des séquences d’aviation qui bougent. Et il est possible que Charlier ait modifié sa manière de développer ses histoires quand il a travaillé avec moi.

Vous relisez vos albums ?

Non ! Charlier ne les relisait pas non plus ! ( Rires ) De temps en temps, j’en ouvre pour revoir certaines choses, comment je les ai faites. Mais je ne relis pas l’album en entier. Je lis juste certains passages. À l’opposé de Charlier, avant d’attaquer mon dessin, je fais un scénario total. Il faut qu’il y ait le mot « fin » et que j’aie réalisé mon découpage planche par planche pour ensuite bien retomber sur mes pieds à la fin. C’est mon épouse qui relit. Au fur et à mesure de mon travail, elle gomme le crayon sur les planches et elle relit les textes. De toute façon, j’envoyais mes planches au directeur éditorial qui les lisait également ! Quand je reçois un album après parution, j’ai du mal à l’ouvrir parce que pour moi, quand le travail est lâché, je n’ai plus envie de le voir. Si je le revois, je ne vois que les défauts. Il faut faire une fin à un moment donné et donc je ne relis pas. Mais c’est vrai que maintenant que j’ai un peu du recul, il faudrait que je prenne le temps de relire toutes mes histoires pour avoir un aperçu.

SEUL AUX COMMANDES

Comment se fait-il que vous ayez continué seul aux commandes ?

Jacques De Douhet devait me fournir un scénario pour un album suivant (pendant que moi, je terminais mon dernier Biggles que je devais à l’éditeur Lefrancq). Et puis il y a eu une réunion chez Dupuis avec tous les gens concernés. On a demandé à De Douhet où il en était de son scénario. Il a dit « - Ben, je n’ai rien fait, je n’y arrive pas. Mais j’ai une idée : Buck Danny s’éjecte et il doit être récupéré… ». Ha ben ça, pour une idée, c’était une idée ! ( Rires ) Et en plus il me dit « J’te la donne  ! » ( Rires ) Il me semble qu’il filait du mauvais coton à ce moment là. Il devait avoir des problèmes de famille. Je crois qu’il a divorcé et il est décédé assez jeune, il y a trois ou quatre ans malheureusement.

Et donc pendant la période où je finissais mon quatrième Biggles (et que j’attendais son scénario), j’ai proposé aux éditions Dupuis une histoire courte pour Spirou. J’ai fait six planches sur une jeunesse de Buck Danny dans les Tigres volants pour le numéro 3000 du journal. Ça a plu et, de ce fait, on m’a pris un peu au sérieux pour faire du scénario. Je leur ai donc proposé ensuite un synopsis pour un album complet de Buck Danny. Ça a été accepté et après, c’était donc parti pour les sept Buck Danny que j’ai réalisés tout seul.

Après le décès de Charlier, je recevais régulièrement des propositions de scénario. Ça m’énervait terriblement car, à chaque fois, cela faisait un sujet que je ne pouvais plus traiter, par crainte d’être accusé de plagiat. J’étais obligé de leur répondre un peu sèchement pour qu’ils envoient leurs propositions de scénario directement à l’éditeur mais pas à moi. Je n’étais pas concerné puisque je faisais mon propre scénario. Ça avait vraiment de don de m’agacer sérieusement. J’avais même reçu des synopsis de Frédéric Zumbiehl (le même qui écrit pour Buck Danny aujourd’hui).

Un album que j’aime bien, un peu comme une bouffée d’oxygène, c’est
"Sabotage au Texas".

Alors là, les avis sont très partagés ! Beaucoup ne l’aiment pas parce que Buck Danny est perdant à la fin. C’est comme l’histoire de la tarte à la crème à la fin du tome 46. Mais ça me fait vraiment plaisir que vous me disiez ça car j’ai eu nettement plus de réactions dans l’autre sens. Beaucoup de gens n’aiment pas cet album. Pourtant mon directeur éditorial avait accepté mon synopsis de la même manière que les autres. Dans cette histoire, j’ai voulu montrer un peu la face cachée d’un meeting aérien, comment ça se passe entre les pilotes, car c’est quelque chose que j’ai vécu : j’ai piloté en meetings pendant quelques années. C’était le cinquantième album, j’ai rompu volontairement avec les albums traditionnels, comme pour célébrer un peu une sorte d’anniversaire de la série. Je crois qu’une partie du lectorat n’aime pas que son héros ait des aventures autres que militaires. Mais mon histoire est vraisemblable : d’ailleurs, les Américains viennent d’arrêter la production du F-22 parce qu’il est trop cher !

Il y a aussi des lecteurs qui me reprochent de faire des scénarios trop linéaires. Mais je me suis rendu compte que ce sont surtout des lecteurs qui préfèrent des histoires à suivre. Ce sont les mêmes qui me reprochent de faire des one-shot. Moi, en tant que lecteur, j’aime bien les histoires simples, celles qui se lisent facilement. C’est un moment de détente !

D’où vous vient le scénario de « Mystère en Antarctique » et le trésor des nazis qu’on n’a jamais trouvé ?

On le cherche toujours ! Mais l’anecdote est intéressante car ce n’était pas mon sujet de départ. J’ai choisi l’Antarctique pour varier les lieux (c’était après le Texas). Je voulais un endroit où il fait froid, ça change un peu de décors et je me suis penché sur les ressources minières de ce continent qui, paraît-il, regorge de pétrole et d’or, mais interdites d’exploitation. Je me suis dit que cela pourrait intéresser des pirates qui auraient des moyens. J’ai écrit mon synopsis sur cette idée et le début de mon scénario aussi. Mais au fur et à mesure de mes recherches, considérant les moyens qui seraient nécessaires pour l’extraction et la dissimulation (aux avions et aux satellites), j’ai réalisé que ça coûterait plus cher que ce que cela rapporterait. Je me suis dit que mon idée était complètement imbécile et qu’il me fallait trouver une solution de remplacement. Et ça m’est venu assez facilement car j’avais fait un Biggles au pôle sud et je me suis donc un peu branché sur ça pour transformer mon histoire.

Finalement, le seul album un peu décevant, c’est le dernier de la série "Porté disparu" : aucun combat aérien !

Ben quoi, il peut faire un peu de transport aussi Buck Danny quand même, non ? ( Rires ).

C’est vrai que j’en avais un peu marre des technologies qui changent et évoluent sans arrêt. Il faut se tenir à jour en permanence de tout ce qui concerne l’aviation militaire : c’est la documentation nécessaire à ça qui tue (et aussi bien pour le scénario que pour le dessin). C’est pour ça que j’ai fait ce genre d’histoire, plus aventure qu’aviation, avec des avions de transport C.130 et Buffalo. Je n’avais plus besoin de me creuser la cervelle pour me documenter. D’une manière générale, je pense que les lecteurs ont bien aimé cet album malgré l’absence de combat aérien. D’ailleurs, j’ai été par la suite invité deux fois sur une base aérienne qui ne fait que du transport et ils étaient très contents de voir Buck Danny avoir changé de registre ! ( Rires )

Vous avez l’air de beaucoup aimer le personnage de Sonny, non ?

Avec Sonny, je reste dans la tradition de ce que faisait Charlier. Mais c’est vrai que je me régale avec Sonny : c’est mon personnage ! On m’a même reproché de lui donner un rôle trop important par rapport à Buck Danny. Notamment dans L’Escadrille fantôme. Et à partir du moment où ils sont quatre, après l’apparition de Cyndy, Tumbler est encore plus effacé, le pauvre… Depuis tout gamin, Sonny est mon personnage favori et pour moi, Buck Danny est le faire-valoir de Sonny. ( Rires ) Je suis un fan de Laurel & Hardy et donc il y a de forcément de l’influence quand je crée les gags. Et, en bon public, je rigole quand je dessine la scène ! Comme quand Sonny, en paramoteur, vient s’écraser contre une montgolfière dans « Sabotage au Texas »…

Vous avez dessiné Buck Danny pendant plus de 35 ans : vous êtes à la retraite ?

Oui ! En ce qui concerne les albums de Buck Danny, c’est fini ! Mais il y a des projets d’histoires courtes encore. J’en ai déjà fait deux dont la dernière pour une édition spéciale de « Alerte nucléaire » où l’éditeur voulait de l’inédit. J’ai donc déjà quinze planches en histoire courte et il est possible que j’en fasse encore d’autres sur la jeunesse de Buck Danny. Ça ne monopolise pas autant de temps que de réaliser un album. Quand on attaque un album, c’est du travail à plein temps : jusqu’au bout, il ne faut pas décrocher !

Le personnage de Buck Danny ne m’appartient pas mais j’aime qu’on me dise que j’ai marqué la série. En festival, dédicacer à longueur de journée, c’est pénible, mais quand on voit le plaisir qu’ont certaines personnes à me rencontrer et qui me le disent, ça me fait énormément plaisir. En Allemagne, j’ai encore rencontré récemment un lecteur d’un enthousiasme touchant. Ce genre d’attitude fait énormément de bien !

Dans l’aviation militaire, il y a beaucoup de lecteurs de Buck Danny  : cette série a énormément créé des vocations ! J’ai même eu la chance de voler sur jet avec un de mes anciens petits lecteurs. Je l’ai connu quand il avait 14-15 ans et qu’il apprenait à voler en aéro-club, et maintenant il est pilote de Rafale dans la marine et également, durant ses congés, pilote au Castelet sur des avions à réaction de collection L-39. C’était un grand plaisir pour moi de voler avec lui pendant ces 45 minutes… surtout en sachant qu’il avait voulu être pilote grâce à la lecture de Buck Danny !

Propos recueillis par Jean-Sébastien Chabannes
http://pabd.free.fr/ACTUABD.HTM

(par Jean-Sébastien CHABANNES)

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Illustrations © Editions Dupuis. Photos : Jean-Sébastien Chabannes.

 
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6 Messages :
  • Mais comment fait-il ?
    Je me souviens avoir rencontré plusieurs fois Francis Bergèse lorsqu’il travaillait sur Biggles pour les éditions Lefrancq. Je regardais ses magnifiques planches et à un moment j’ai été frappé par les effets de brouillard qu’il obtenait dans ses décors. Le brouillard en Angleterre c’est très important, mais le brouillard en dessins "ligne claire" c’est un problème. Il réussissait pourtant à donner une atmosphère en traçant des successions de petites lignes parallèles et tremblotantes dans certaines parties du décors qui donnaient cette impression de vaporisation et de flou brumeux.
    Je lui demandais alors comment il obtenait si efficacement cet effet étrange. Un peu étonné par ma question il me répondit en riant que c’était très simple : Il avait dans son atelier une vieille lame de scie qu’il n’utilisait plus, il posait celle-ci sur la page et traçait au rotring les lignes de brouillard !! A peine rentré chez moi j’ai fouillé dans ma boite à outils et essayé toutes mes scies sur mes planches. Mais rien ne fonctionnait, j’ai alors dévalisé les magasins de bricolage de la région Bruxelloise pour acquérir la bonne scie avec le bon espacement entre les dents, car je voulais mon "brouillard à la Bergèse". Hélas, je n’ai pas trouvé. De rage j’ai alors pris un vieille latte en plastique que j’ai soigneusement tailladée pour obtenir ce juste espacement... Ça a donné quelques résultats mais jamais aussi bien que le brouillard de Francis Bergèse.
    Aujourd’hui je viens de relire la magnifique trilogie qui est publiée dans l’intégrale Buck Danny 12 et je ne me questionne plus sur la manière dont il a obtenu son brouillard, je me demande plutôt comment il a fait tout le reste, avec des vrais avions qui volent superbement et des personnages bien campés et expressifs, digne du meilleur Hubinon mais toujours avec sa propre personnalité ! Et là je ne comprendrais jamais. C’est trop fort.

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    • Répondu par JSC le 21 août 2017 à  22:09 :

      Voilà un commentaire original et amusant, merci ;-)

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  • Un immense bravo pour cette belle interview de Francis Bergèse.
    C’est un grand plaisir d’avoir de ses nouvelles et d’apprendre qu’il continue à dessiner Buck Danny au moins dans de courtes histoires.

    J’ai eu le bonheur de le rencontrer ainsi que son épouse car j’étais chargé de les accueillir à Bruxelles pour les mener à un festival en province en 2013.
    Il m’avait effectivement affirmé qu’il souhaitait prendre sa retraite. "Les Oiseaux Noirs" fut, dès lors, une très agréable surprise.
    Les grands artistes ne peuvent pas s’arrêter.

    Je lisais Buck depuis "La Vallée De La Mort Verte" donc déjà du temps d’Hubinon. Je dois dire que j’ai été heureux lorsque la série a été reprise de mains de maître.
    Son dessin est époustouflant. Les détails sont impressionnants. Le reflet dans la visière du pilote, le nombre de boulons sur les zincs ainsi que les tableaux de bord étaient parmi d’autres éléments, ce qui m’impressionnait le plus.

    Ses scénarios étaient brillants également et justement partaient dans des sens différents. Ils étaient variés et toujours palpitants et bien construits.

    Les couvertures étaient sublimes et les titres donnaient envie de découvrir la nouvelle aventure.

    Pour terminer, Francis Bergèse et son épouse (coloriste de la série) sont des personnes affables, souriantes qui aiment rencontrer les lecteurs en dédicace.
    Un grand merci à eux pour ce qu’ils ont fait de Buck et pour ce qu’ils feront encore je l’espère.

    Merci à l’auteur de cette interview et à M. et Mme Bergèse.

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    • Répondu par JSC le 23 août 2017 à  22:58 :

      Très agréable à lire, merci David !

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      • Répondu par jean-pierre le 30 août 2017 à  19:18 :

        ..un immense plaisir à lire cet article..Mercî
        Lecteur des aventures de Buck depuis 50 ans je ne peux que féliciter Francis Bergese,digne successeur de l’immense Victor Hubinon !

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        • Répondu par JSC le 31 août 2017 à  08:24 :

          Egalement un plaisir de lire votre petit commentaire J-Pierre...

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