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Francis Desharnais : "Le strip est une façon de faire de la bande dessinée très répandue en Amérique du Nord."

Par Marianne St-Jacques le 19 juin 2008                      Lien  
L'auteur québécois Francis Desharnais s'entretient au sujet de son album Burquette (Les 400 coups) qui vient de paraître en Europe et du succès que celui-ci a connu au Canada.

Parlez-nous un peu de votre album Burquette (Les 400 coups) qui vient de paraître en Europe.

C’est l’histoire d’Alberte, une jeune adolescente typiquement occidentale. Son père, un bobo mal assumé qui ne rêve que de prix Nobel, la trouve beaucoup trop superficielle. Pour espérer l’éveiller au monde qui l’entoure, il l’oblige à porter une burqa pendant un an. C’est un récit sur le regard occidental sur un phénomène comme la burqa. C’est aussi un livre sur la tolérance.

Francis Desharnais : "Le strip est une façon de faire de la bande dessinée très répandue en Amérique du Nord."
Burquette de Francis Desharnais
Ed. 400 coups

Burquette a paru plus tôt cet automne au Canada et traite d’un sujet chaud : le port de symboles religieux. Quel genre de réactions a-t-il suscitées ?

Pour l’instant les réactions sont très positives. J’ai eu beaucoup de bonnes critiques des médias. Ce livre s’est même fait remarquer par des chroniqueurs ne couvrant pas du tout la bande dessinée. Burquette servira aussi pour le futur cours d’une école secondaire dans le cadre du nouveau programme éthique et culture religieuse. Par contre, je n’ai eu aucun retour de la part de la communauté musulmane. J’aimerais bien savoir ce qu’ils en pensent. En même temps, ça ne doit pas les avoir trop dérangé puisqu’on en a parlé considérablement. Si il y avait eu un problème, j’en aurais sûrement eu vent.

Selon l’Association des libraires du Québec, Burquette était le deuxième album le plus vendu du mois d’avril 2008 au Québec. Seul le tome trois des Nombrils (Dupuis) avait obtenu plus de ventes. Quand on sait que les éditeurs québécois ont souvent beaucoup de difficulté à rivaliser avec les majors européens, on peut considérer ceci comme un véritable succès. Vous attendiez-vous à une telle réception ?

Certainement pas. Je faisais beaucoup de BD étant jeune (de 7 à 17 ans), mais je ne l’ai jamais vraiment envisagé comme une carrière en raison de l’état de la bande dessinée au Québec. J’ai ainsi opté pour le graphisme, puis le cinéma d’animation. La qualité des ouvrages publiés depuis une dizaine d’années et le sérieux des maisons d’éditions comme les 400 coups m’ont donné espoir d’au moins arriver à publier un album un jour. J’essaie de ne pas me faire d’illusion sur mon avenir dans ce domaine, mais le nombre d’auteurs arrivant à en vivre va en croissant, alors peut-être que je peux me permettre d’en rêver aussi... un peu.

Extrait de Burquette

Avec cet album vous inaugurez la collection Strips des 400 coups. Parlez-nous de ce choix artistique.

J’aime beaucoup le strip. Il permet de raconter dans un premier temps des histoires très courtes. Ensuite, il est possible de l’inscrire dans le cadre d’un récit plus large. Pour moi c’est comme faire un casse-tête où je crée mes propres pièces. Chacune doit être aussi efficace, claire et concise que possible pour créer l’effet désiré. En plus, comme je n’ai pas pré-publié, je n’ai pas eu à me soucier de développer des situations sur six strips uniquement (comme c’est souvent le cas dans les séries publiées dans les quotidiens). Certains des chapitres de Burquette ont une vingtaine de strips, alors que d’autres en ont seulement trois ou quatre. De plus, cette formule m’a permis de travailler comme on monte un film. J’avais tous les strips devant moi et je pouvais en déplacer un, ou tout un bloc de strips pour assurer un maximum de fluidité au récit. Sur un long récit traditionnel, j’ai l’impression que c’est quelque chose de plus difficile à faire une fois passée l’étape du découpage.

Dans une entrevue accordée en avril 2008 au journal Voir, vous évoquiez la possibilité de vous servir à nouveau de vos personnages dans un nouvel album. À quoi peut-on s’attendre la prochaine fois ? Aurons-nous la chance de lire ce nouvel opus bientôt ?

Ces personnages ont beaucoup de potentiel qui ne demande qu’à être développé. C’est certain que je souhaite les élaborer davantage. J’ai plusieurs idées, mais je ne veux pas trop en parler, tant que je n’ai rien de plus concret. J’ai mis quatre années à réaliser Burquette. J’espère que la suite prendra moins de temps.

Quels sont vos projets à venir ?

Je suis en train de réfléchir à tout cela. J’ai un emploi à temps plein qui m’occupe beaucoup. Par contre, il est certain que je souhaite continuer de mener des projets personnels.

Le mot de la fin ?

Le strip est une façon de faire de la bande dessinée très répandue en Amérique du Nord. Par contre, mes influences au niveau de l’humour sont beaucoup plus européennes. Cela transparaît dans Burquette, je crois, mais il n’y a que les lecteurs qui pourront me le confirmer. N’hésitez pas à m’écrire via mon (blog francisd.com) pour me faire part de vos commentaires.

(par Marianne St-Jacques)

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