Pourquoi être venu à Angoulême ?
Vous le savez, le thème central de ma campagne est le « produire en France ». Produire en France, cela concerne l’industrie bien sûr, l’agriculture, les services, mais aussi les produits culturels tels que l’audiovisuel ou le numérique. Mais également la BD ! D’autant plus que le rôle de la BD dans la production culturelle en France est important puisque c’est l’une de nos très grandes réussites. Il y a deux grands pays de la BD : le Japon et la France. Je n’ai pas une grande compétence concernant les mangas, mais j’admire la créativité, le renouvellement continu et l’inventivité des auteurs de BD français.
Pour vous, la BD est-elle un art à part entière ?
Absolument ! Un art avec ses règles, le 9ème. Un art connu mais qui a tout de même besoin de reconnaissance. D’où ma présence au festival d’Angoulême. Encourager, ça n’est pas qu’une question d’argent. On peut promouvoir sans pour autant peser davantage sur les comptes publics.
Vous-même êtes devenu un personnage de BD, dans les BD politiques satiriques, c’est une consécration ?
Je ne me suis pas encore vu en personnage de BD. On m’en a offerte une, dans laquelle il paraît que je figure, mais je ne l’ai pas encore lue. Mais non, ça n’est pas une consécration. Je n’accorde pas une importance excessive aux signes extérieurs de notoriété de cette nature…
La BD a compté dans votre jeunesse ?
À vrai dire, je lisais plus de livres que de BD, mais évidemment Tintin, Astérix ont fait partie de ma culture élémentaire, comme de celle de tous les jeunes Français pendant au moins deux générations.
Et justement, que pensez-vous des polémiques récentes sur Tintin ou Astérix ?
Je ne vois pas malice à ces BD. Il faut les resituer dans leur contexte historique. C’était une époque et une manière de voir le monde qui étaient autres. Par exemple, Tintin date des années 1930 où régnait une idéologie silencieuse que l’on admettait. C’est l’époque de la publicité « Y’a bon Banania ! », signe d’un temps révolu. Ce n’est que par la suite que c’est devenu blessant pour les personnes stigmatisées.
Pensez-vous, en tant qu’ancien ministre de l’Éducation, que la BD devrait avoir plus de place dans le programme scolaire ?
Absolument. Parce que c’est un langage naturel pour beaucoup d’enfants. La BD peut être un accès très intéressant vers la lecture. Mais, au-delà, l’exemple de Maus d’Art Spiegelman, le parrain de cette édition d’Angoulême 2012, montre bien que la BD peut être une porte d’accès sur des questions tout à fait fondamentales. En l’occurrence la Shoah.
Si la BD est un média de communication majeur, avez-vous pensé à présenter votre programme présidentielle en BD ?
Figurez-vous que oui ! Toujours pour la même raison : c’est une lecture plus naturelle pour beaucoup de gens. Et il faut savoir prendre en compte cette approche. Finalement, c’est le même raisonnement qu’avec les fresques et les vitraux de nos cathédrales. Faire passer un message par le visuel, pas uniquement par un texte nu.
Et aujourd’hui, quelles BD connaissez-vous et lisez-vous ?
Je connais les BD que lisent mes enfants, XIII et De Cape et de croc. J’ai même rencontré l’un des auteurs de ce dernier titre, Ayroles. Et là, à Angoulême, j’ai découvert Marc-Antoine Mathieu ainsi que Martin Vidberg qui fait « L’Actu en patates »… J’ai aussi lu Quai d’Orsay que j’ai trouvé génial. J’ai bien sûr reconnu le personnage principal… Mais à vrai dire, on pourrait en faire autant sur mon compte…
Propos recueillis par Antoine Buéno
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En médaillon - Photo : DR / Modem
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