Il avait 70 ans… 70 ans de passion pour l’Histoire, celle qui, avant tout, s’intéresse aux gens de tous les jours. L’Histoire qui se fait révélatrice du quotidien bien plus que des grandes dates historiques. L’Histoire pleine de tronches, de trognes, de braillards sans foi ni loi, de personnages toujours entre le bien et le mal. L’Histoire remplie de violences, de haines, de rédemptions, de combats pour les plus élémentaires des libertés.
C’est pour communiquer cette passion qui était sienne qu’il a beaucoup dessiné pour des médias destinés aux jeunes : Okapi chez Bayard, par exemple, ou Fripounet chez Fleurus Presse.
Mais c’est avec la création, dans les années 1980, du magazine Circus, un magazine des éditions Glénat totalement consacré à la bande dessinée et à l’Histoire, que François Dermaut, en même temps que François Bourgeon et André Juillard, va prendre véritablement son envol artistique.
Avec Daniel Bardet au scénario, il va être l’auteur de l’excellente série Les Chemins de Malefosse, dont il va dessiner quelque 12 titres.
Il va dessiner également une série-sœur : Malefosse, avec deux albums pour lesquels il a participé au scénario.
On lui doit aussi, avec Didier Convard, les trois premiers albums des Souvenirs de Toussaint, où il quitte le monde du XVIIe siècle pour s’intéresser à la fin du XIXe siècle et à la photographie.
Et, dernièrement, c’est avec le diptyque Rosa que François Dermaut était entré de plain-pied dans les débuts du vingtième siècle, avec le portrait d’une femme cherchant à se libérer avec fougue des contraintes de la société…
On peut dire de lui qu’il appartient à ces quelques dessinateurs qui, comme Juillard, ont révolutionné calmement la bande dessinée historique, la façon, surtout, d’aborder toutes les époques de l’aventure humaine en faisant le choix de créer des récits à hauteur d’homme.
Cela a toujours été le cas de ses choix de scénarios. Cela a toujours été le choix de son graphisme, également. Avec un découpage classique, avec une place importante laissée aux mots, il a toujours réussi à ce que son dessin soit bien plus que de l’illustration.
Grand dessinateur réaliste, dans la lignée de grands anciens comme François Craenhals, il avait un sens de la composition et de la perspective pratiquement sans défaut. Quant à ses couleurs, des aquarelles souvent, elles alternent la lumière et l’ombre, clair-obscur correspondant aux vérités de ses personnages...
Avec la mort de François Dermaut, c’est un pan de la bande dessinée historique française qui disparaît : celui d’une époque où l’édition BD osait réinventer les codes les plus usés de la narration historique…
Une de ses toutes dernières interviews donnée pour la Galerie BD Comic Art Factory
Voir en ligne : Interview de François Dermaut par Nicolas Anspach
(par Jacques Schraûwen)
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