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François Hercouët (Urban Comics) 2/2 : "Nous avons fait d’un handicap une qualité"

Par Aurélien Pigeat le 24 mai 2014                      Lien  
À l’occasion des 75 ans de Batman et des parutions qu’Urban Comics consacre à l’événement, Actua BD a rencontré François Hercouët, le directeur éditorial de ce nouvel acteur du marché du comics en France. Seconde partie de l’entretien, dédiée à la politique éditoriale et aux diverses collections d'Urban.

Comment avez-vous abordé votre travail éditorial sur la catalogue DC Comics, dont le lecteur français n’est finalement pas si familier ?

Je pense que nous avons fait d’un handicap une qualité : DC n’est pas forcément très connu des lecteurs de bandes dessinés. Ses héros sont souvent plus célèbres que ceux de Marvel, mais cet univers semble loin d’être évident à aborder, au premier abord. Il nous suffisait simplement d’en présenter les clés à travers du rédactionnel, des présentations de personnages, des frises chronologiques.

Notre objectif depuis trois ans est d’autonomiser le lecteur, de lui fournir les connaissances qui lui permettront de profiter sereinement de la richesse de ce catalogue, d’en distinguer de plus en plus nettement les contours. Cela se fait à travers ces rédactionnels, mais également à travers la chronologie de publication de nos albums. Nous pensons très en amont l’articulation des « Crises » de l’univers DC, par exemple.

C’est d’ailleurs frappant : sur la partie « Classiques » (récits publiés entre 1985 et 2011), le programme éditorial mené au fil des mois donne le sentiment de cerner de plus en plus finement la période, indépendamment de la stricte logique chronologique. On a l’impression de recomposer progressivement la faune et la flore de DC entre 1985 et 2011.

C’est tout à fait cela. Si nous avions suivi une logique purement chronologique, nous aurions débuté par Crisis on Infinite Earths. C’est un récit extrêmement riche pour celui qui possède déjà de bonnes bases de l’univers DC. Mais il peut apparaître assez hermétique pour un lecteur néophyte, ne serait-ce que parce que cet événement vient faire le bilan de plusieurs décennies de publications précédentes. Si c’est un récit indispensable, débuter par cette « fausse porte d’entrée » ne nous aurait pas vraiment aidé.

Aussi, en complément de notre DC Anthologie, et après avoir publié des séries courtes de deux albums présentant les héros principaux de DC, nous avons plutôt opté pour la publication de Kingdom Come (de Mark Waid et Alex Ross), un ouvrage également riche en références sur l’historique de DC, mais dont la lecture demeure tout à fait accessible. Ce récit nous a également permis de jauger si l’univers étendu de DC, au-delà de Superman, Batman et Wonder Woman, trouvait un écho parmi les lecteurs. Comme cela a fonctionné, nous avons poursuivi avec d’autres mini-sagas abordables.

François Hercouët (Urban Comics) 2/2 : "Nous avons fait d'un handicap une qualité"
Kingdom Come, la porte d’entrée vers l’univers DC selon Urban

On n’allait vraisemblablement pas enchaîner avec un récit comme 52, série hebdomadaire de Geoff Johns, Greg Rucka, Grant Morrison et Mark Waid, centrée sur le quotidien de héros « secondaires », mais passionnants, de l’univers DC. Par contre, Crise d’identité - Identity Crisis en VO - nous est rapidement apparu pertinent parce qu’il donnait accès à de nombreuses problématiques de l’univers tout en traitant des thématiques plus universelles, générant de l’intérêt par l’histoire elle-même, presque indépendamment du contexte super-héroïque.

Ça nous a permis d’éditer ensuite avec Blackest Night, dont on retrouve les bases dans Crise d’identité, puis Brightest Day dans une continuité logique. À présent, on va pouvoir se lancer dans Infinite Crisis, et en dévoiler un peu plus sur le côté cosmique et magique de DC. Mais pour le faire dans de bonnes conditions, il fallait l’introduire progressivement pour toucher le plus de lecteurs possible. Il nous a donc fallu recomposer un ordre de lecture compréhensible. Nous avons un baliser le chemin en quelque sorte.

Dans ce parcours d’exploration de plus en plus profond de la période 1985-2011, est-ce qu’on peut imaginer qu’Urban nous propose des titres plus niche, comme les Secret Six de Gail Simone par exemple, de grande qualité ?

Dans la mesure où nous avons à présent développé une collection dédiée aux super-vilains, « DC Némésis », cette série semble effectivement toute indiquée. Cela devra par contre attendre que nous ayons posé suffisamment de repères au préalable, notamment en raison des références au passif de personnages comme Deadshot. Nous avons publié récemment l’album La Cible de Deadshot de John Ostrander qui donne une bonne idée des motivations morbides du personnage et le premier arc de Gail Simone sur l’équipe des Secret Six sera intégré comme un tome à part entière dans notre édition d’Infinite Crisis. Donc, même si ce n’est pas encore à l’ordre du jour, la série Secret Six est tout à fait envisageable.

À ce propos, la version Urban du volume dédié à Deadshot diffère du volume américain par l’intégration d’un chapitre issu de Secret Six : comment vous est venue cette idée ?

La Cible de Deadshot : un volume différent de son équivalent américain

En fait, concernant l’édition américaine de l’album Deadshot, nous avions déjà publié l’un de ses récits complémentaires dans notre Batman Anthologie. De plus, ce récit était assez déconnecté des motivations du personnage. Or, les albums DC Nemesis ont pour vocation de dresser un tableau représentatif de chaque vilain abordé, avec ses origines, ses motivations, etc. Nous voulions que ces épisodes supplémentaires apportent davantage au lecteur : ici, une réactualisation des origines du personnage, une confrontation avec Batman, l’exposition de sa principale faiblesse (l’argent), etc. Bref, des éléments l’inscrivant dans son évolution actuelle. L’épisode ajouté de Secret Six, en plus de nous fournir une magnifique couverture, permettait également de retrouver John Ostrander, scénariste de l’histoire principale de l’album, sur le personnage, quelques années plus tard.

DC n’a pas posé de souci à ce sujet ?

Non, il a suffi d’expliquer notre démarche.

Quelle est exactement la fonction de cette collection « Némésis » ?

Pour commencer, il est important de comprendre que les Vilains chez DC, comme les héros, ne sont pas des êtres monolithiques. Il y a en eux énormément de complexité, une richesse qui n’était pas forcément évidente lors de leurs premières apparitions, certaines remontant à l’Âge d’or, mais qui s’est imposée petit à petit dans leur construction et qui leur confère un caractère iconique particulier.

Ils sont une réponse complexe à l’idéal de justice qu’incarne chaque héros de DC. Le Vilain questionne le héros sur ses responsabilités, ses échecs, ses raisons de faire le Bien. Il représente un véritable portrait en creux, voire une ancre humaine lorsqu’il renvoie les super-icônes de DC à leurs propres limites. Les méchants sont au moins aussi importants que les héros et constituent à ce titre une autre porte d’entrée privilégiée dans l’univers DC.

Contrairement à Marvel, mais là c’est le lecteur qui parle, DC a cette volonté de bâtir leur véritable Panthéon de héros en développant en regard cet anti-Panthéon. Le but de cette collection « DC Nemesis » est précisément de rendre compte de cette double-nature du catalogue DC. On passe donc de méchants emblématiques, comme le Joker ou Double-Face, à d’autres moins connus, comme Deadshot. Et dans la même logique, nous aurons bientôt un récit complet de Deathstroke, une visite parmi les patients d’Arkham, ou encore une petite ballade cosmique du côté de chez Darkseid. Et puisque cette année était placée sous le signe des super-vilains, nous publierons en fin d’année une anthologie dédiée au règne du Mal chez DC.

La Revanche de Bane qui lança la collection "DC Nemesis" en juillet 2012

Cette collection n’existait pas lors du lancement d’Urban Comics. C’était pourtant une idée pensée dès l’origine de la maison d’édition ?

La collection a été lancée avec La Revanche de Bane, en juillet 2012, pour accompagner la sortie du dernier film de la trilogie Dark Knight par Christopher Nolan. Elle a très bien fonctionné et a été suivie par un album dédié au Pingouin, La Splendeur du Pingouin. Les retours ont également été très positifs.

Et effectivement, je souhaitais développer cette collection dès le départ, les méchants constituant bien pour moi une entrée privilégiée dans l’univers DC. Au tout début, j’avais effectivement beaucoup de collections sous le coude, avec chacune une fonction bien définie. On ne pouvait cependant pas toutes les lancer en même temps.

D’autres collections annexes du même type sont-elles déjà prévues ?

Oh oui : j’ai plein d’idées ! Après, il faut bien avoir conscience que pour le lecteur occasionnel, les collections sont assez invisibles et s’adressent plutôt à un lecteur déjà un peu éclairé. Les héros sont bien plus identifiés que les collections, ou même parfois que l’éditeur. On doit d’abord communiquer sur Batman, Superman ou Wonder Woman.

Les collections nous servent d’outils éditoriaux au même titre que les textes que l’on ajoute à l’intérieur des volumes : c’est une manière de structurer l’offre que l’on propose, d’inscrire ce que nous faisons dans une réelle logique éditoriale. Mais tout cela échappe en grande partie au public, et c’est assez naturel.

À propos de Bane et du Batman de Nolan, les films ont-ils eu un impact sur les ventes ?

Les films de Batman nous ont profité, c’est évident. Et globalement, c’est un engouement qui dure : Knightfall et La Revanche de Bane se vendent encore très bien aujourd’hui. Concernant la sortie du film Superman, les titres Superman n’en ont pas spécifiquement bénéficié, mais il y a eu une embellie globale sur l’ensemble de nos titres. Le fait que les médias parlent de super-héros, quels qu’ils soient, bénéficie à tous les éditeurs de comics.

Pour les parties Vertigo et Indies, comment s’effectue la sélection, comment se construisent ces catalogues ?

Punk Rock Jesus, exemple de one-shot porteur

Au sujet du catalogue Indies -label regroupant des titres et séries publiées par des éditeurs indépendants US tels qu’Image Comics, Dark Horse, Onipress, Boom ! Studios, Top Shelf, etc. -, l’intention première a été de poursuivre notre travail autour d’auteurs emblématiques du catalogue DC et Vertigo.

Nous avons commencé avec la publication de la série Casanova, scénarisée par Matt Fraction mais dessinée tour à tour par Gabriel Ba Et Fabio Moon, les auteurs de Daytripper. Puis, nous avons poursuivi avec Severed, scénarisé par Scott Snyder, Saga, la nouvelle création de Fiona Staples et Brian K. Vaughan (Y Le Dernier Homme, Ex Machina, Les Seigneurs de Bagdad), Off Road du prodigieux Sean Murphy (Punk Rock Jesus), le très pulp Black Beetle de Francesco Francavilla, le surprenant Snapshot de Jock et Andy Diggle, ou encore Neonomicon, la récente œuvre d’Alan Moore.

Ensuite, autour de ce premier axe, nous avons étendu notre sélection à des titres qui nous ont particulièrement marqués tels que le thriller Homeland Directive par Robert Venditti et Mike Huddleston, le roman graphique historique Petrograd de Philip Gelatt et Tyler Crook, la fantasy fantasque d’Adventure Time ou encore la S-F singulière de John Prophet.

Plus récemment, et sous l’impulsion du dynamisme des créateurs américains, nous développons une ligne autour d’auteurs tels que Jonathan Hickman par exemple, connu pour son travail chez Marvel, mais dont on trouve le meilleur (à mon sens) en indé, à l’image de sa nouvelle série East of West, dessinée par Nick Dragotta, et de ses premières travaux comme Pax Romana et The Nightly News.

À venir également cet été, le polar lovecraftien The Sixth Gun de Cullen Bunn et Brian Hurtt ou encore une œuvre inédite de Fabio Moon et Gabriel Ba : L’Aliéniste, qui nous offrira une belle réflexion sur la folie et la singularité de tout ce qui n’est pas comme nous. Et 2015 annonce encore pas mal de surprises !

Et Vertigo du coup ?

Fables, une grande série Vertigo, reprise et menée à terme par Urban

Concernant Vertigo, le plan était au départ assez simple puisque l’on a poursuivi les quatre séries les plus importantes débutées chez Panini : Fables, Scalped, DMZ, 100 Bullets. Cependant, comme toute bonne chose a une fin, ces séries sont aujourd’hui terminées, ou en passe de l’être pour Fables. Nous avons une nouvelle génération de séries qui arrive et que l’on doit d’abord lire pour déterminer leur place dans notre catalogue.

Il y a aussi régulièrement des romans graphiques, comme Punk Rock Jesus ou Daytripper, capables de créer de très bonnes surprises. Et puis, il y a un fond bien présent, dans l’ensemble inédit, que nous étudions. Vertigo possède ce côté patrimonial à développer, comme on le fait avec Sandman, dont les ventes nous confirment qu’il y avait un public en attente de ce type de titre.

Il y a également le cas des séries débutées par nos prédécesseurs que nous allons reprendre et terminer, comme Swamp Thing d’Alan Moore, Preacher de Garth Ennis et Steve Dillon, Human Target de Peter Milligan ou encore Hellblazer. Mais chaque chose en son temps, comme toujours.

L’orientation "auteurs" donnée au versant DC de votre catalogue, avec la collection « DC Signatures », pourrait-elle alors s’appliquer au versant Vertigo ?

Tout à fait. C’est notamment l’axe auquel nous réfléchissons pour des séries multi-auteurs comme Swamp Thing, ou encore Hellblazer : cela aurait du sens d’inscrire ces publications dans un cadre du type « Vertigo Signatures ».

Dans une perspective proche ?

2015-2016. Les auteurs sont de toute façon à nos yeux des portes d’entrée importantes pour notre public, aussi importante ou presque que les héros eux-mêmes. Ce n’était pas évident au début, notamment par rapport à DC. Mais on leur a expliqué que lorsqu’on s’adresse à un public français, la dimension du travail de l’auteur, même sur une licence, est capitale. C’est une conception qui tient une très grande place dans notre conception de la BD.

Ainsi, si un lecteur de Batman découvre, grâce à son personnage préféré, Morrison et qu’il l’apprécie, qu’il adhère à son esprit, c’est important selon moi qu’il puisse ensuite découvrir d’autres choses de ce même auteur, hors Batman. Peut-être s’intéressera-t-il plus tard à son travail sur Justice League of America ou sur Nou3 ou encore Flex Mentallo. Aussi, notre travail depuis bientôt trois ans sur des auteurs comme Alan Moore, Brian Azzarello, Garth Ennis, Grant Morrison, Warren Ellis, Andy Diggle, Brian K. Vaughan, nous permet de faire de ces noms une autre porte d’entrée pour des séries historiquement très longues, telles Hellblazer ou Swamp Thing.

Et de même pour Geoff Johns et Justice Society alors ?

Green Arrow Année Un, ou comment bénéficier de la popularité d’une série télé

Si ce n’est pas d’actualité pour ce cas précis, c’est envisageable, oui. De même que ce qu’a fait Mark Waid, un de nos auteurs préférés, sur Flash. Après, il faut savoir saisir certaines opportunités médiatiques (comme les annonces récentes d’adaptations à la télévision) pour sortir ce type de séries au bon moment, sans y être inféodé cependant.

Par exemple, nous avons publié Green Arrow Année Un et testé son accueil en espérant nous appuyer sur la popularité de la série télé. Et le résultat est très satisfaisant. Dans le même esprit, nous serons attentifs à ce qu’il se passe autour de la série Flash, qui est un spin-off de la série Arrow. Il y aura d’autres exemples dès cet automne avec la validation récente de plusieurs séries tirées du catalogue DC/Vertigo (Flash, iZombie, Gotham, Constantine, et plus tard Preacher sur AMC). Reste à regarder tout ça et à réfléchir à la meilleure façon d’avancer notre programme.

À propos de Gotham Central, le réaménagement de cinq à quatre volumes s’est-il passé sans problème vis-à-vis de DC, là encore ?

No Man’s Land T1, qui fait sens avec des développements de Gotham Central

Ici, pas de mystère, nous nous sommes basés sur les éditions qui nous paraissaient les plus pertinentes, à savoir les toutes dernières éditions de 2011. Les résultats des trois premières semaines de ventes sont très encourageants pour cette série que beaucoup de lecteurs découvrent visiblement. D’autant qu’on a appuyé cette publication avec celle du premier tome de No Man’s Land dont un des épisodes, centré sur la relation de Renee Montoya et Double-Face, est en résonance directe avec certains événements. Comme toujours, nous essayons de tisser des liens à travers nos sorties, de construire des lectures cohérentes et de donner un peu à voir de la richesse de l’univers partagé de DC. Je sens la question poindre mais en ce qui concerne un éventuel Greg Rucka présente Wonder Woman, on va attendre un peu !

Ce souci d’aménagement, vous l’avez aussi pour le kiosque ?

Oui, on essaie le plus possible et, pour être honnête, on est parfois surpris de la manière dont certains contenus de magazines se mettent naturellement en place. Le matériau est « vivant » : il n’a pas plus de 6 mois d’existence entre sa publication aux US et son adaptation dans nos magazines. Aussi, nous avons une visibilité assez restreinte autour du kiosque, mais c’est ce qui rend l’exercice de ce type de publication assez excitant.

L’Autre Terre, sortie conjointe avec Forever Evil en kiosque, les deux mettant en scène le Syndicat du Crime

Par exemple, un event comme Forever Evil, qui arrive en juin, reprend des méchants anciens, du Syndicat du Crime, cette trinité de Batman, Superman et Wonder Woman pervertis. Et le même mois, nous publions en librairie Justice League – L’Autre Terre de Frank Quitely et Grant Morrison, qui reprend une version de ce Syndicat du Crime. On essaie d’apporter un complément en librairie à ce que le lecteur peut découvrir en kiosque.

Je reviens à l’allusion au Wonder Woman par Greg Rucka : il n’est pas encore annoncé, mais il est prévu, ou même prêt ?

Le contenu par album est prêt : on a tout découpé et mis en place pour pouvoir le lancer dès qu’on le souhaite. Ça existe pour nous déjà. Mais ce n’est pas d’actualité pour le moment. Nous avons plusieurs collections sur lesquelles nous avons une vision à long terme, pour lesquelles nous attendons des opportunités, nous recherchons une cohérence pour inscrire telle ou telle série dans le catalogue au bon moment. Cela dépend de plein de facteurs. Il y a des choses qui sont plus ou moins bien agencées, déjà, et d’autres qui sont en stand-by, qui devront attendre encore pendant que l’on opère la construction progressive de notre catalogue.

Cette recomposition que vous opérez de l’univers DC de 1985 à 2011, assez méticuleuse et pointue finalement, envisagez-vous de la mettre en œuvre suivant un modèle similaire pour la période avant 1985 ? Pour les années 1970, par exemple, pour le moment inscrites dans la collection Archives ?

Pour l’instant, ce n’est pas évident, ne serait-ce que parce que, graphiquement, ce n’est pas toujours très accessible. On y va donc à rebours, ce qui ne veut pas dire à reculons non plus. On sait que tout ce qui relève de la collection Archives a un potentiel de lecteurs moins large.

Avec cette donnée en tête, on sait cependant maintenant que Kirby intéresse les lecteurs – et nous en sommes très contents –, ou que le Batman d’Aparo trouve son public également. On espère que le run légendaire de Green Arrow & Green Lantern de Neal Adams et Dennis O’Neil rencontrera également son public. Peut-être à terme le Teen Titans de Wolfman et Pérez, qui sait ?

Le Batman d’Aparo comme emblème de la partie Archive du catalogue d’Urban

Mais nous sommes moins dans la recomposition d’une suite chronologique que dans la publication d’albums emblématiques, par le format des histoires de l’époque, tout simplement (moins de cross-overs ou d’intrigues sur de longs arcs). Il y a moins de (re-)créations éditoriales nécessaires que dans le matériel de la période Classique. Aussi, nous recentrons ces albums autour des auteurs et de ce qu’ils ont apporté au médium. Une base historique essentielle pour qui souhaite comprendre les origines et l’évolution de la faune de DC Comics.

Si je développe un peu, il est important de noter qu’à cette époque, les axes éditoriaux étaient très différents. On était moins dans l’idée de tout relier (les héros ou les événements qui émaillent leur passé respectif), d’univers étendu. Cette conception, assez moderne, ne se développe vraiment qu’au fil des années 1970 à l’image, par exemple, de l’arrivée du romancier Steve Englehart sur Batman : nous y consacrerons d’ailleurs un Essentiel fin 2014. Dans son run, Englehart est l’un des premiers à avoir articulé son récit sur du long terme. Jusqu’ici, le format des épisodes était essentiellement celui du one-shot. Les intrigues se déployaient sur un épisode, parfois deux, rarement trois.

Concernant les récits courts, cela me fait penser au travail récent effectué par Paul Dini, sur Detective Comics, qui a réhabilité le format bref, en one-shot, à l’heure où le comics se pense globalement sous la forme d’arcs narratifs longs ou de cross-overs. Avez-vous l’intention de le publier ?

Ça pourrait évidemment constituer un Paul Dini présente Batman et s’inscrire dans la collection Signatures. C’est en cours de réflexion.

(par Aurélien Pigeat)

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1 Message :
  • Félicitations pour cette longue interview en deux parties. Urban Comics a manifestement conquis le public français, avec l’adaptation soignée des titres DC-Vertigo, traduits jusqu’ici au petit bonheur la (mal)chance par une cohorte d’éditeurs-traducteurs peu inspirés. On a là une véritable démarche éditoriale de qualité, qui vise à rendre disponible en français l’immense patrimoine de DC. Très longtemps, on a entendu dire du temps de Semic ou de Panini que le matériel DC était difficile à vendre chez nous où Marvel bénéficie d’une forte et légitime popularité, on voit bien maintenant que ce n’est pas le cas : il suffisait d’en avoir l’ambition, et de s’en donner les moyens.

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