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François Miville-Deschênes : « "Reconquêtes" est de l’historique-fiction »

Par Nicolas Anspach le 8 août 2011                      Lien  
La qualité du trait de {{François Miville-Deschênes}} a été remarquée dans {Millénaire}. Le dessinateur revient aujourd'hui avec {Reconquêtes}, une histoire développée en quatre albums. {{Sylvain Runberg}} a bâti un récit géopolitique mettant en scène différents peuples nomades en Asie centrale, huit siècles avant Jésus-Christ. Rencontre avec le dessinateur.

François Miville-Deschênes : « "Reconquêtes" est de l'historique-fiction »Quelle a été la genèse de votre nouvelle série, Reconquêtes ?

J’ai signé la série Millénaire aux Humanoïdes Associés. Alors que je commençais le cinquième tome, l’éditeur a traversé une mauvaise passe et a été dans l’incapacité à payer un bon nombre de ses auteurs. J’ai préféré anticiper les choses et monter un autre projet autre part.

Sylvain Runberg m’avait contacté quelques années auparavant. Je m’en suis souvenu, et j’ai repris contact avec lui. Il m’a proposé ce sujet : une union de différents peuples nomades, en Asie Centrale, huit siècles avant Jésus-Christ. Nous avons opté pour de l’historique-fiction. Les peuples que nous mettons en scène ont existé. Mais nous prenons quelques libertés. Ils se sont succédés ou se sont chevauchés dans l’histoire de l’humanité. Leur union contre un ennemi commun est par contre totalement inventée.

Je me documente énormément pour que les costumes et les représentations de leurs habitudes de vie collent à la réalité historique. J’habite dans une région éloignée du Canada et il m’est impossible de voir des collections d’objets dans les musées. Je me suis donc constitué une bibliothèque sur ces peuples nomades. Internet m’aide aussi, dans une moindre mesure.

Extrait de "Reconquêtes" - T1
(c) F. Miville-Deschenes, S. Runberg & Le Lombard

Il y a-t-il une part d’invention ?

Oui, on tord la grande histoire. Un peu comme je l’avais fait avec Nolane dans Millénaire. Mais je souhaite que le fantastique soit plus discret dans Reconquêtes. Je préfère que cette nouvelle série ait un dosage équilibré entre fantastique, éléments fictionnels ou d’autres issus de la réalité historique. Il me semble inopportun de réaliser une série d’Heroïc-Fantasy de plus.

Intervenez-vous dans le scénario ?

Si ! Je le voulais ! Reconquêtes est un véritable travail à quatre mains. On échafaude l’histoire ensemble, puis Sylvain l’écrit. Nous habitons à des milliers de kilomètres l’un de l’autre. Nous nous écrivons énormément de courriels. Lorsque nous sommes d’accord sur l’évolution de l’histoire, Sylvain réalise le découpage.

Votre style graphique réaliste est extrêmement rigoureux.

J’aime mettre des détails dans mes planches. D’autant plus que ces peuplades nomades appréciaient l’orfèvrerie décorative, les bijoux, etc. Je transpose donc dans mes planches l’intérêt qu’ils avaient pour ces éléments. J’essaie cependant de doser ces détails pour que le dessin reste dynamique, tout en étant détaillé. J’utilise la technique traditionnelle. Je crayonne, puis j’encre mes planches. J’ai grandi en lisant des BD classiques : Rahan, Tounga, etc. J’éprouve beaucoup de plaisir à encrer mes dessins au pinceau . Mon style est dans la lignée des œuvres que j’aimais quand j’étais jeune.

Quels sont vos maîtres ?

Je recevais, dans ma région éloignée, les revues : Spirou, Tintin, Pif et Pilote. Je plongeais directement sur les pages de Blueberry (Giraud/Charlier), Bernard Prince (Hermann/ Greg). Il n’y avait pas d’école d’art près de chez moi. J’ai donc appris à dessiner en observant. Je suis autodidacte. À Bonaventure, mon village d’origine, il y avait un jardin zoologique. Dans ma jeunesse, je m’y rendais souvent pour croquer sur le vif des panthères, des loups, des lions, des ours, etc. C’est une chance peu commune d’avoir la possibilité de s’exercer de la sorte. Encore aujourd’hui, je fais régulièrement des dessins de chevaux en allant les observer dans les prés.

Vous publiez sur votre blog beaucoup de vos croquis préparatoire. Est-ce un besoin d’en réaliser ?

Oui. J’aime me délier les doigts avec ce qui me passe par la tête. Cela permet de m’échauffer le matin. C’est un plaisir de commencer la journée par cela.

Extrait de "Reconquêtes" T1
(c) F. Miville-Deschenes, S. Runberg & Le Lombard

Comment définiriez-vous l’écriture de Sylvain Runberg ?

Dans Orbital, Sylvain nous a prouvé qu’il excellait dans les récits géopolitiques où différentes peuplades ont des relations conflictuelles. Il a envie d’exploiter cette veine dans Reconquêtes. Ses personnages sont travaillés, contrastés. Ils évolueront d’album en album, et pas forcément de la manière la plus attendue.

Notre histoire devrait tenir sur quatre albums, mais nous pourrions utiliser cet univers pour un autre cycle si le succès est au rendez-vous.

La couverture de la Horde des Vivants, le premier tome de Reconquête, est attirante.

J’avais proposé plusieurs idées aux éditions du Lombard. Mon éditeur m’a conseillé d’opter pour ce dessin. Son impact vient surtout du choc des couleurs. C’est un dessin relativement sobre et statique,il peut paraître dépouillé par rapport aux autres livres. Une autre couverture existe, destinée à un tirage qui est vendu uniquement en librairie spécialisée.

François Miville-Deschenes, à Bruxelles.
(c) Nicolas Anspach

(par Nicolas Anspach)

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Lire la chronique de l’album, par Didier Pasamonik.
Lire une autre interview de l’auteur : "Je ne jure que par le dessin d’observation" (décembre 2004)
Lire les chroniques de Milénaire T5 et T1.

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Photo : (c) Nicolas Anspach

 
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