On ne présente plus Victor Frankenstein, ni sa créature monstrueuse. Il importe alors de s’attacher au traitement, à l’adaptation possible d’une histoire si connue. Ici, tout se joue à demi-mot, dans des cris jamais complètement poussés, des malédictions pas entièrement prononcées, des pleurs étouffés, des soupirs.
De même, les silhouettes se distinguent à peine dans le brouillard ou les ténèbres- mais de quelles ténèbres s’agit-il véritablement, celles de l’âme et du désespoir ? Et, soudain, de même que ces cris inachevés transpercent le silence des non-dits, des couleurs sans équivoque, violets, jaunes, rouges, crèvent la page. Une œuvre forte, qui ne laisse pas indifférent.
(par Patrick Albray)
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Choc graphique par son traitement expressionniste audacieux, ce livre est également un choc émotionnel, par la force dramatique extraordinaire qui s’en dégage. Certes due à la qualité du livre originel, auquel Denis Deprez est d’une fidélité absolue, mais aussi par le traitement qu’il en a fait, où les images fortes qui ne cessent de se succéder ne laissent pratiquement pas respirer le lecteur. Qui ressent jusqu’au plus profond de lui-même le désespoir de la créature du docteur Frankenstein, qui n’a pas demandé à revivre et qui ne peut accepter sa solitude monstrueuse, et la terreur de l’apprenti-sorcier qui réalise trop tard l’horreur qu’il a commise. Un livre dans lequel il n’est pas aisé d’entrer, mais qui mérite qu’on fasse l’effort pour le découvrir.