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“Franky Snow” surfe sur la télé

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 2 juillet 2007                      Lien  
A partir de la fin du mois d’août, le personnage de Franky Snow, créé par Eric Buche va débouler sur nos écrans, d’abord sur Canal J, puis sur M6. Après {Titeuf} de {{Zep}}, {Zap Collège} de {{Téhem}}, c’est la troisième série de Glénat à occuper la lucarne. Avec succès, semble-t-il… Enquête.
“Franky Snow” surfe sur la télé
Le dernier album de Franky Snow
Ed. Glénat

Franky Snow, c’est le roi de la glisse, la solidarité dans la frime, l’amitié dans la compète, l’humour et l’insouciance dans la vitesse. Que ce soit du ski, du snow-board, des rollers, du deltaplane , du VTT, du windsurf ou du skate, rien n’arrête notre ado sur-actif qui aligne, mèche bleue au vent, autant de plantages de figures audacieuses avec ses copains Ben et Zack, que de gadins avec les filles ! Vous l’aurez compris, en terme de sport extrême, Franky Snow est surtout extrêmement drôle. Il est né dans les pages du journal Tchô, le mâtin de mensuel dirigé par Jean-Claude Camano et qui abrite Titeuf et sa bande (éditions Glénat). Pour Éric Buche, sans ce mensuel, son personnage n’existerait peut-être pas : « La première apparition de Franky a eu lieu dans ce journal. C’était une expérience superbe. Quand une série se double de quelque chose de collectif, c’est toujours plus fort. » Elle en est en tout cas au 7ème tome et ses ventes caracolent en tête des bacs. Le sport est évidemment un thème de prédilection pour son créateur : « Le sport est quelque chose que j’adore, nous raconte le dessinateur suisse. J’ai été moniteur de ski et lorsque j’étais étudiant, je passais mes vacances à faire de la voile, du cheval, du ski… C’était tout naturel. »

Un dessin animé sur la glisse

Franky Snow et Eric Buche
Ph : D. Pasamonik

Ca tombe bien : de retour des États-Unis, le producteur Claude Berthier, PDG de Toon Factory, ancien propriétaire de Marina Productions vendu à Dargaud en 1997, s’est relancé dans une nouvelle aventure avec son fils Thierry. Il a produit une trentaine de dessins animés notamment adaptés de bandes dessinées comme les aventures de Cubitus. Il revient des States avec une idée : faire un dessin animé sur la glisse : « Il y a deux ans, aux États-Unis, raconte notre producteur, je suis tombé sur une chaîne de télé qui s’appelle Extreme Sport TV. Je me suis dis que ce genre de sport allait venir en France. J’ai acheté toutes les BD sur le sujet. J’ai réuni des enfants pour les lire et leur choix s’est porté unanimement sur Franky Snow. »

Chaîne des droits

Ensuite commence une longue quête : « J’ai commencé à entreprendre la longue marche, difficile pour un producteur, d’acheter les droits, de se mettre d’accord sur l’adaptation. C’est difficile, parce qu’il y a plein de barrières à franchir. La première est de s’assurer auprès de l’éditeur qu’il détient bien les droits d’adaptation de l’œuvre. C’est ce qui s’appelle sécuriser la chaîne des droits. Ensuite, il faut arriver à convaincre l’auteur d’adapter son enfant, et cela ce n’est pas toujours facile. » Et là, effectivement, c’est pas vendu : « Forcément, on est inquiet », nous dit l’auteur Eric Buche. D’autant que les chaînes de télé voulaient baisser la tranche d’âge, en destinant la série aux 6-8 ans. Heureusement, «  les scénaristes sont bons et je préfère d’ailleurs leur premier jet. C’est toujours un peu frustrant de voir que les télés n’ont pas validé tel dialogue ou qu’un gag a été coupé. Après, il y a simplement l’adaptation en dessin animé qui fait que les choses deviennent aussi plus enfantines. Par exemple, si on voulait que ce soit très ado, comme le sont certains affreux de ma bande dessinée, il faudrait aller plus vers quelque chose comme un clip, je pense à ceux du groupe Gorillaz qui est vraiment un truc pour les ados, car il y a un mélange de 3D avec de la bande dessinée en à-plats, sur de la musique. Le fait de raconter une histoire en 13 minutes limite forcément sur un certain nombre de plans par la technique choisie. On ne pourra jamais être aussi audacieux que dans la BD. » Mais l’auteur accepte, contre mauvaise fortune, bon cœur : « C’est un premier pas. Une première interprétation du personnage. Il y en aura d’autres. »

Le réalisateur de "Petit Vampire"

Gilles Deyriès, réalisateur
Ph : D. Pasamonik

Une fois l’accord conclu, la production commence. Toon Factory va chercher un réalisateur qui a déjà un peu de bouteille, Gilles Deyriès qui a déjà travaillé avec Joann Sfar sur l’adaptation à la télé de Petit Vampire, mais aussi pour Disney, ainsi que pour Toon Factory : « On a dû d’abord orienter la série vers les plus jeunes à la demande des diffuseurs, raconte le jeune réalisateur. Le dessin a été légèrement modifié pour qu’il soit animable. Il a fallu ensuite poser sa caméra, découper le film de façon dynamique, car on est dans l’univers de la glisse. Au départ, il y a une bible qui fixe chacun des personnages et son rôle dans l’histoire. Chacun des auteurs s’en sert pour écrire les histoires sous la direction d’un directeur d’écriture qui coordonne le tout. Toute la préproduction est faite en France à Angoulême. Il y a d’abord un synopsis. S’il plaît à tout le monde, il est ensuite écrit et dialogué sous la forme d’un scénario. Au moment de la réalisation du story-board, qui est fait d’après les développements réalisés à Angoulême : les personnages non récurrents, les décors, les accessoires, des nouveaux univers à chaque scénario, les références de couleur… sont créés là-bas, on réajuste les scènes qui ne sont pas trop faciles à représenter ; on fait des coupes ; on rajoute une séquence, un gag. Le tout est ensuite envoyé en Chine. Là, ils font l’animation en traditionnel. Ils nous les renvoient réalisés par internet sur un site FTP, plus besoin d’aller en Chine ! On vérifie, on leur demande des modifications sur tout ce qui ne nous convient pas et puis on récupère les éléments, on fait le montage et le compositing final, notamment les effets spéciaux que l’on rajoute sur l’image reçue. Puis vient la post-production, musique et doublage.  »

Smaïn, en porte-voix

Le doublage, justement, parlons-en. C’est le comique Smaïn qui prête sa voix au surfeur à la mèche bleue. Une expérience nouvelle pour le fantaisiste : « On a fait des essais. Ce sont des professionnels qui décident si ça correspond au dessin ou pas. Il se fait que ça a fonctionné. C’est étonnant car c’est la première fois que je le fais. J’ai toujours fait la synchro de mes films, mais jamais doublé de dessin animé. Donner une voix à un personnage en mouvement, c’est assez saisissant. » 52 films de 13 minutes d’un héros déjanté à doubler, ce n’est pas une mince affaire : « Vous avez des images qui défilent sur l’écran. Il faut que le comédien puisse associer son texte en synchronisme avec le mouvement des lèvres du personnage qui s’anime sur l’écran. C’est compliqué. En dessous de l’image, vous avez ce qu’on appelle une bande rythmo avec le texte qui court. Quand il atteint un certain point de repère, il faut démarrer et dire son texte en synchronisme avec la bouche du personnage. Pour faire cela, je prends mon temps. Je fais deux épisodes par jour. Normalement, on devrait en faire quatre, mais je n’en fais que deux parce que je veux voir les films avant. Au moment où je vous parle, on en a doublé déjà une dizaine. »

Franky Snow et sa voix : Smaïn
Photo : D. Pasamonik

Des héros patrimoniaux

La chaîne compte beaucoup sur cette nouvelle série. « On croit beaucoup à Franky Snow car c’est un peu le grand frère de Titeuf » s’enthousiasme Caroline Mestik, la directrice de la programmation de Canal J. «  Ce sont des héros patrimoniaux connus des enfants et de la famille, qui vont les rassembler devant l’écran. Ils portent des valeurs que les enfants vont reconnaître et qu’ils seront contents de retrouver sur notre antenne. » « Canal J, c’est la seule chaîne qui valorise les enfants avec du burlesque, de l’humour, de l’espièglerie, un tantinet d’irrévérence, d’impertinence. C’est vraiment une chaîne pour des enfants actifs, que l’on stimule pour avancer dans la vie avec gaieté et bonne humeur » explique Pierre Belaisch, directeur général adjoint en charge des programmes de Canal J.

Pierre Belaisch, Directeur Général Adjoint de Canal J
Ph : D. Pasamonik

De ce point de vue, Franky Snow s’inscrit vraiment dans une ligne éditoriale spécifique qui favorise la production européenne : « En général, on cherche des personnages qui aient un certain charisme, qui soient si possible humoristiques, en bande avec des copains et à qui il arrive des aventures qui sont ancrées dans la réalité des enfants, poursuit Pierre Belaisch. Dans le cas de Franky Snow, on parle de la glisse, du skate, du kitesurf … qui sont en même temps des activités sportives. Franky a tous les ingrédients du héros qui se prend les pieds dans le tapis ; il va vouloir épater la galerie et il ne va pas y arriver ; de là, on va pouvoir tirer toute une série de situations burlesques ou humoristiques. » Du coup, les succès d’audience de la chaîne viennent davantage de bandes dessinées européennes qui se sont transformées en dessins animés : Titeuf, Kid Paddle, le Marsupilami, Spirou… et Franky Snow ! Comme on dit à Hollywood, la bande dessinée contre-attaque !

Eric Buche à propos de Franky Snow : "On ne pourra jamais être aussi audacieux que dans la BD."
(c) Glénat

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

La série Franky Snow sera diffusée sur CANAL J lors d’un Week-End spécial les 25 et 26 août 2007 avec les quatre premiers épisodes, les samedi 25 août de 14 heures à 15h45 et le dimanche 26 août de 18h15 à 20 heures, puis ensuite de façon régulière dans les semaines suivantes.

On la verra ensuite sur M6 dans la grille de rentrée de septembre.

Lire aussi notre interview du producteur Thierry Berthier

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