BD d’Asie

Front Mission Dog Life & Dog Style, T3 – Par Yasuo Otagaki et C. H. Line – Éditions Ki-Oon

Par Vincent GAUTHIER le 29 juin 2012                      Lien  
Après deux tomes d'une grande intensité visuelle et narrative, la suite de l'adaptation de l'univers vidéo-ludique de Front Mission nous laisse sur notre faim.

Ce troisième tome clôture l’histoire de la relation presque incestueuse entre Ren et Kino. Après avoir réussi à sauver la jeune fille des mains de ses agresseurs, la machine de guerre qu’est Ren devra réussir à l’emmener en lieu sûr. Mais les troupes ennemies se rapprochent et le combat va devoir s’engager si le soldat veut bénéficier de l’aide de l’inquiétant reporter.

Un nouveau volume qui peut donc se résumer à une gigantesque scène de combat où la part belle est faite à une violence au rendu visuel impressionnant. Malheureusement même si C.H. Line offre des planches magnifiant la brutalité et la vivacité de ce long affrontement, le scénario s’endort sur les lauriers recueillis par les deux premiers opus. En repassant dans une veine de pensée classique dans le manga, à savoir une morale de dévouement et de sacrifice, son point de vue dérive. En passant de la posture du reporter free-lance, observateur et ombre permanente, à celui de protagoniste, le perd la distanciation qui le rendait pratiquement omniscient.

Ce « sale voyeur de paparazzi » qui se démène pour filmer des épisodes de mort et de destruction offre du coup la face obscure du journalisme après avoir joué de l’héroïsme invisible du reporter. Mais cela dégage un problème de construction car le narrateur passe de la troisième à la première personne. Ce choix de Yasuo Otagaki entraîne une perte de percussion, notamment sur le caractère malsain du scoop photo-journalistique dont le voyeurisme rémunéré était en revanche fortement ressenti par le lecteur.

L’ensemble du volume ne sera dès lors qu’une déferlante d’action immersive qui passe rapidement au « bourrinage » intensif mais creux. On regrette de ne pas retrouver le monde chaotique et la tristesse des gens livrés à eux-mêmes des premiers tomes.

Néanmoins, on reste épatés par la parfaite maîtrise graphique de l’ensemble. Les contrastes sont puissants et vont de pair avec des personnages charismatiques. Le trait fluide sait à la fois se faire dur et stable tout en offrant, par intervalles, une touche de délicatesse. La mise en scène dynamique des combats rappelle certains passages du jeu vidéo éponyme.

(par Vincent GAUTHIER)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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