Akira Sasô s’est fait un nom au Japon en contribuant à Ikki, le magazine haut de gamme destiné aux 25-35 ans. Il y a publié les 7 histoires qui constituent ce recueil entre 2000 et 2002.
Le climat oppressant qui se dégage de Fujisan provient de l’omniprésence de l’idée de mort, que ce soit par l’intermédiaire de personnages suicidaires, de malades en fin de vie, ou encore de souffreteux vieillards.
Le style de Sasô est très elliptique ; pas toujours facile de suivre ses intrigues parsemées d’éléments mystiques, empruntés parfois au bouddhisme.
Son dessin apparaît quelque peu inégal, les décors s’avérant plus réussis que les personnages. Les gros plans s’en ressentent. Le trait de Sasô manque parfois de finesse, de soin du détail.
Quant au symbole de la montagne, ici décrite comme une force magique et toute puissante, il s’inscrit dans l’inspiration proche du fantastique adoptée par l’auteur. Certains protagonistes, fantômes échoués dans une société malade, nous font douter de la réalité.
L’amertume pointe à chaque histoire, et la dernière, La Grotte, nous emmène aux confins de l’horreur.
Voilà un album réservé à un public adulte. Il pourrait presque arborer un logo préventif comme le font souvent les éditeurs spécialisés (du genre "pour public averti"). L’univers dépressif dépeint par Sasô se révèle finalement très violent et d’une noirceur à peine voilée.
L’auteur de Fujisan dessine aussi pour la jeunesse. Une respiration probablement salutaire pour un mangaka capable d’une telle noirceur.
(par David TAUGIS)
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