On connaît ce néologisme, devenu une forme d’insulte, utilisé par Nicolas Sarkozy : « droits-de-l’hommiste ». Le mot n’est pas joli et désigne ceux qui font profession des causes humanitaires pour faire leur pelote de laine.
Laurent Galandon est-il de ceux-là ? On lui devait L’Envolée sauvage, ou l’histoire d’un enfant juif caché pendant la Seconde Guerre mondiale, Prix de la BD des collégiens à Angoulême et Prix du Conseil Général à Blois en 2006 ; Quand souffle le vent sur les Tsiganes sur ces populations nomades rejetées de tous ; L’Enfant maudit, fruit d’un amour de guerre rejeté à cause de ses origines « boches » ; Tahya El-Djazaïr, un diptyque sur les « évènements » d’Algérie ; Gemellos sur le sort des enfants de Medellin, ou encore une plongée dans le terrorisme au féminin dans Shahidas.
Il y a récemment ajouté le deuxième tome du Cahier à fleurs évoquant le génocide des Arméniens en 1915 et Innocents coupables qui parle de ces bagnes pour enfants qu’a connu la France d’avant-guerre.
Alors certes, Galandon, que nous suivons depuis un certain temps, aime les sujets sensibles, voire culpabilisants.
Mais va-t-on se laisser impressionner par un substantif forgé dans le mépris des droits de l’homme pour renoncer à l’empathie envers des populations qui souffrent et surtout pour essayer de comprendre quelle est la nature de cette violence qui semble endémique ?
À ce titre, le travail de Galandon est exemplaire et mériterait d’entrer dans toutes les bibliothèques et dans toutes les classes.
Ces exemples du passé restent très pertinents :
« Le passé résonne souvent étrangement avec le présent, nous dit-il. Prenons l’exemple des « Innocents coupables » : alors qu’après la Seconde Guerre mondiale, les derniers établissements de ce type fermaient faute d’effets satisfaisants, l’état rouvre dès 2004, quatre centres éducatifs fermés pour jeunes délinquants mineurs. Ne risque-t-on pas de reproduire des erreurs qui ont brisé de nombreux jeunes par le passé ? »
Galandon n’a pas attendu le mot d’ordre d’indignation d’un opuscule qui se consomme en librairie comme une première gorgée de bière pour déployer son talent de conteur et exercer une pédagogie essentielle, toute en complexité, qui en ces temps de prurit lepéniste est bien nécessaire.
La compréhension et l’action ont toujours prévalu sur l’indignation.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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