Gaspard et le phylactère magique - Par Dary, Roux et Dawid - Editions Emmanuel Proust

En vacances à la campagne chez sa grand-mère, Gaspard s’ennuie ferme ! Le gamin décide alors d’aller explorer un territoire inconnu et « interdit » : le grenier ! En fouinant il va trouver, cachés sous un vieux drap, une table à dessin et tout son matériel ! Involontairement, il a réveillé un curieux fantôme phosphorescent qui n’est autre que celui de son grand père, ancien créateur de BD dont il vient de découvrir les restes de l’atelier.

EXpliquer le fonctionnement de la bande dessinée par les moyens de la BD !

Passé les premiers effrois, bravant les interdictions de sa Mamie, Gaspard remonte au grenier à la rencontre de son aïeul qui va petit à petit l’initier à la pratique du dessin et de la narration. Au fil des page, le petit garçon va se lancer dans la réalisation d’une planche en suivant les conseils avisés du fantôme et de son curieux acolyte Phyla, un autre ectoplasme.

Basé sur un scénario conçu par un jeune enseignant militant actif de BD Boum de Blois, cette histoire dessinée par Mickaël Roux, familier du jeune public (auteur Jeu de gamins chez Bamboo) se décline un peu à la manière d’unArt invisible [1] pour très jeunes lecteurs. Les auteurs parviennent à insuffler de nombreuses ficelles sans sortir d’une intrigue certes un peu banale mais finalement attachante et bon enfant.

L’une des principaux atouts du scénario d’Alain Dary, c’est le parfait dosage entre des intentions pédagogiques clairement annoncées et parfaitement assumées par les auteurs et une grande fidélité à la trame narrative.

Si le procédé a déjà été utilisé par d’autres (on pense notamment à Eisner ou plus récemment Trondheim et Garcia), la force de cet album est de s’adresser à un public jeune sans s’enfermer dans un discours trop spécialisé ou trop technique. « Pas la peine d’être un bon dessinateur pour faire de la BD ! » : la formule prononcée par le fantôme du grand-père aurait de quoi choquer plus d’un puriste ; elle résume pourtant parfaitement la philosophie de cet album sans prétention mais parfaitement réussi par la modestie de son propos et ses qualités narratives et graphiques.

Gaspard et son univers mis en scène lors de la dernière édition de BD Boum à Blois.

Professeur des écoles et scénariste à ses heures Alain Dary a su mettre à profit son expérience d’enseignant pour rendre abordable des notions de base. On retrouvera en fin d’ouvrage un cahier d’une dizaine de pages rassemblant quelques traces du synopsis, des essais de crayonné, ainsi que des mises en couleurs réalisés par des élèves du maître d’école. Pour être complet, l’enseignant a réuni ses fiches pédagogiques dans un certain nombre de dossiers pédagogiques à télécharger gratuitement sur le site de l’éditeur ou de l’association BD Boum.

La publication de l’album est accompagnée de la mise à disposition de dossiers gratuits destinés aux enseignants.

Une démarche qui souligne à la fois la cohérence du projet et les intentions des auteurs en parfait accord avec l’esprit militant et citoyen du festival Blésois, coéditeur de l’ouvrage.

Avec pour complice le coloriste Dawid, le Chinonais Mickaël Roux confirme son attachement au jeune public pour lequel il a l’habitude de travailler depuis longtemps notamment par ses collaborations aux magazines Tchô ou Lanfeust. Un intérêt dont le dessinateur aura l’occasion de témoigner à nouveau lors de la prochaine édition d’Angoulême puisqu’il sera le parrain du concours « A l’école de la BD ».

Discussion entre co-auteurs : Mickaël Roux et les élèves d’Alain Dary à Blois en novembre dernier.

Fortement valorisée lors du dernier festival BD boum de Blois, cet album à la réalisation soignée illustre de fort belle manière la réconciliation entre pédagogie et bande dessinée. Une entreprise pas si facile dont il convient de saluer la réussite.