Nakazawa martèle cette évidence : il faut que l’humanité sache quels méfaits a causés la bombe. Il faut surmonter le scepticisme des ignorants, le cynisme des politiques, l’égoïsme des proches. Le jeune Gen fait cette apprentissage en soignant un peintre gravement atteint par les radiations. Il prend sur lui pour ignorer la pestilence de la pièce occupée par le mourant, laissé à l’abandon par sa propre famille effrayée par les risques de contamination. Il soigne le peintre, lui rend l’espoir et lui donne une vocation : témoigner de l’horreur. Ses membres sont-ils brûlés ? Qu’importe ! Il lui apprend à peindre par la bouche.
Reprenant un travail de publication entamé il y a 20 ans par les Humanoïdes Associés, poursuivant une série qu’Albin Michel arrêta au tome deux, on découvre grâce à Vertige Graphic les premières planches inédites en français. Le dessin a beau être rudimentaire, entaché parfois par un comique nippon peu compréhensible pour nos sensibilités occidentales, l’œuvre est forte et émeut. Le dossier historique qu’y joint l’éditeur ajoute encore à la connaissance de l’un des moments les plus tragiques de l’histoire de l’humanité. Gen est une série capitale que l’on devrait étudier en classe, une œuvre de salubrité publique.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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