Il en est même l’un des piliers. Daniel Goossens avait été remarqué par Marcel Gotlib dès ses premiers dessins parus dans Pilote, le journal de René Goscinny. Mais, depuis 1977, il fait des bandes dessinées essentiellement pour Fluide Glacial.
Goossens, ce sont des tronches, des attitudes, un jeu sur le temps où le réel est pris dans les filets d’un décalage permanent. Comme Goscinny, Don Martin ou Gotlib avant lui, il s’attaque au dérisoire de la raison, à l’évidence de la logique, à l’arrogance de la démonstration, soulignant le dialogue de sourd essentiel entre l’être et le paraître. Goossens, c’est un styliste de la logique.
Mais le style, il est aussi dans le dessin. Le trait de Goossens est immédiatement reconnaissable. Son pinceau fait merveille dans des œuvres comme les trois tomes de l’Encyclopédie des bébés, La Vie d’Einstein (une perle graphique en deux tomes) ou encore La Route vers l’enfer qui déconstruit de manière drolatique, le surjeu, la grandiloquence cinématographique. Blutch s’en souviendra...
Dans les Intégrales de Georges et Louis dont le deuxième tome vient de paraître. nous découvrons un couple de romanciers « qui voyagent avec les mots ». C’est une réflexion sur ce qu’est le génie, l’inspiration, la démarche artistique, l’écriture, l’ivresse des mots, un personnage juste, la gestion du temps de la narration, le facteur de notoriété, bref, pour résumer comme le fait Goossens, c’est la littérature comme moyen d’accès à la psychologie de bazar.
C’est brillant, savoureux, absurde, décalé. Et donc le moment de découvrir ou de redécouvrir l’un de nos humoristes contemporains les plus importants.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Georges et Louis - Intégrales Tomes 1 et 2 - Par Daniel Goossens — Fluide Glacial
Participez à la discussion