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Ghost & Lady T1 - Par Kazuhiro Fujita - Ki-oon - Collection "Black Museum"

Par Marc Vandermeer Aurélien Pigeat le 10 mai 2017                      Lien  
Après "Springald", la collection "Black Museum" dévoile de nouveaux secrets sur les légendes londoniennes. Ou l'étonnante relation nouée entre un fantôme épris d'opérettes et de drames shakespeariens et la jeune Florence Nightingale, appelée à devenir la célèbre infirmière britannique que l'on sait. Du fantastique et des passions fortes pour un premier tome prenant et surprenant.

Nous vous l’avions expliqué : la collection "Black Museum" - à laquelle Ki-oon apporte un soin tout particulier comme en témoigne la superbe couverture à dorures du présent volume - propose des récits de Kazuhiro Fujita explorant l’univers fantastique de la Londres du XIXe siècle. Après Springald, c’est une autre figure majeure des "mythologies" britanniques dont s’empare le mangaka : Florence Nightingale, infirmière qui renouvela en profondeur les pratiques de soin dans les années 1840-1850.

Mais le personnage est saisi à travers une étonnante histoire de fantôme. Car l’ouvrage s’intitule bien Ghost & Lady et dans le rôle du premier nous trouvons un ancien duelliste professionnel, oublieux des conditions de sa mort et des derniers temps de son existence, condamné à hanter le théâtre royal de Drury Lane. Grey, alias "L’Homme en Gris", tombe alors sur une Florence qui le supplie de bien vouloir mettre un terme à sa vie, faute de pouvoir, du fait d’un interdit parental, se dévouer à sauver la vie des autres !

Ghost & Lady T1 - Par Kazuhiro Fujita - Ki-oon - Collection "Black Museum"
Un pacte faustien revisité ? Grey accepte de prendre la vie Florence
KUROHAKUBUTSU-KAN GHOST AND LADY © Kazuhiro Fujita / Kodansha Ltd.
Grey explique le fonctionnement de ce monde invisible des ectoplasmes
KUROHAKUBUTSU-KAN GHOST AND LADY © Kazuhiro Fujita / Kodansha Ltd.

Ghost & Lady, annoncé en deux volumes, se distingue par une série de bonnes idées qui dynamisent la narration et confèrent une véritable profondeur au récit. Il y a d’abord ce sujet, surprenant au possible, mêlant la légende "historique" et le pur récit de genre avec ce personnage de fantôme. Il y a ensuite ce fond thématique théâtral qui, outre les références shakespeariennes multiples et transparentes, installe une dramaturgie assumée, une théâtralisation revendiquée par les protagonistes de cette aventure, susceptible de dicter les diverses péripéties qui émaillent celle-ci.

Surtout, l’excellente trouvaille réside dans la manière de figurer les affrontements psychologiques du quotidien par le biais de terrifiants démons, nommés ici "ectoplasmes", surplombant les individus. Dans le monde de Ghost & Lady chacun d’entre nous manifeste une sorte de monstre, reflet de notre noirceur intime, qui fond littéralement sur nos interlocuteurs pour les mettre en pièces lors des affrontements verbaux que nous pouvons vivre. Et on pense ici inévitablement aux "Stands" de la saga Jojo’s Bizarre Adventure de Hirohiko Araki.

De terrifiants esprits émanant de chaque individu
KUROHAKUBUTSU-KAN GHOST AND LADY © Kazuhiro Fujita / Kodansha Ltd.

Car le drame initial de Florence Nightingale réside dans la capacité à discerner ces créatures pourtant invisibles au commun des mortels. Des créatures qui entravent chacune des actions qu’elle entreprend. Voilà comment se matérialisent les différents obstacles rencontrés par la jeune femme et voilà comment intervient notre "Ghost", duelliste qui se met au service de sa "Lady" afin de la conduire au bout de son tragédie.

Du côté de graphisme, le titre ne manquera pas de diviser - c’est le cas déjà au sein de notre rédaction. Clairement oldschool, le trait de Kazuhiro Fujita peut en rebuter certains qui y verront un manque de finesse pour ne pas dire une certaine grossièreté.

La détermination d’une jeune femme ayant décidé de dédier sa vie aux plus démunis
KUROHAKUBUTSU-KAN GHOST AND LADY © Kazuhiro Fujita / Kodansha Ltd.
Florence voit son extoplasme s’en prendre à elle !
KUROHAKUBUTSU-KAN GHOST AND LADY © Kazuhiro Fujita / Kodansha Ltd.

D’autres seront séduits par ce style peut-être désuet mais terriblement vivant et énergique, plein d’un charme évident et particulièrement expressif. Qu’il s’agisse de la peinture des passions qui animent les personnages que des situations, qui versent tout à tour dans l’horreur et la comédie, dans le pathos, la violence ou l’humour. Une démarche renforcée par le recours fréquent à d’impressionnantes doubles-pages dans lesquelles les créatures donnent toute leur mesure et où l’action se fait intense au possible.

C’est ainsi qu’après sa propre culpabilité, des parents tyranniques et de vieille rombières égoïstes Florence et Grey affrontent les limites de la logique militaire en Crimée. Et de la boue, du sang et des miasmes émergent à la fois le passé du notre fantôme et l’avenir de notre infirmière.

De quoi donner furieusement envie de lire le second et dernier volume de cette formidable histoire. Mais il faudra pour cela attendre septembre prochain.

Une inquiétante menace, en fin de volume, qui donne une profondeur nouvelle à nos héros
KUROHAKUBUTSU-KAN GHOST AND LADY © Kazuhiro Fujita / Kodansha Ltd.
Documents
Le fantôme duelliste entre en scène pour défaire les esprits qui fondent sur (...)

(par Marc Vandermeer)

(par Aurélien Pigeat)

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Code EAN : 9791032701195

Ghost & Lady T1. Collection Black Box. Auteur : Kazuhiro Fujita. Éditeur : Ki-oon. Traducteur : Sebastien Ludmann. Sortie : le 27 avril 2017. Prix : 8,65 euros.

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