Spécialisées dans les mangas Yaoi, c’est-à-dire les histoires de romance entre personnages masculins, généralement ouvertement sexuelles, les réservant à un public averti, les éditions Taifu Comics nous proposent avec Given un titre grand public, sans séquence de sexe et dont le propos peut toucher tous les publics, au-delà de la cible traditionnelle –disons-le : féminine- du Yaoi manga.
Uenoyama est un lycéen féru de guitare et de Basket-ball. Cependant la passion des débuts l’a abandonné et il passe son temps à faignanter, entre siestes et un groupe qui tourne un peu en rond.
Tout bascule le jour où il rencontre Mafuyu, endormi à l’un de ses endroits favoris, serrant dans son sommeil une superbe guitare Gibson. Ils nouent connaissance et Mafuyu lui demande des conseils car il se révèle totalement ignare au monde de la musique.
Pourquoi possède-t-il cette guitare ? Que cherche-t-il en décidant d’apprendre à en jouer ? Et Uenoyama retrouvera-t-il sa passion, et bien davantage, au contact du réservé et mélancolique Mafuyu ?
Nous retrouvons dans Given tous les éléments classiques de la romance lycéenne sur fond de musique, avec cette dernière permettant d’exprimer les sentiments et de connectant les gens, sans oublier le passé traumatisant à dépasser afin de s’épanouir.
Le ton se veut mélancolique et introspectif, accordant une grande place aux états d’âme et aux questionnements : pour Mafuyu sur ce qu’il recherche en faisant de la musique et pour Uenoyama sur le trouble qui l’habite en raison de ses sentiments naissants pour son camarade.
Et sur ces aspects, Given s’avère particulièrement réussi et convaincant : le récit s’écarte du couple classique du yaoi, dominant/dominé, et développe une histoire d’amour plus traditionnelle, adolescente, initiatique sur la question de l’identité à travers la musique, et avec le « concert » comme moment « d’explosion » des émotions.
La narration se montre maîtrisée : les sentiments des personnages se ressentent parfaitement à travers les planches et les dessins de Natsuki Kizu, clairs, jolis et parfaitement expressifs, rendant compte des divers états de ses personnages avec une certaine grâce.
Une histoire simple pour un récit fort, c’est ainsi que nous pouvons résumer Given, une belle surprise et une réussite mais pour laquelle il faudra s’armer de patience : en effet, ayant débuté en 2013, la série ne compte pour l’heure que deux tomes.
Le troisième sortira en mai prochain au Japon. Avec donc à peine un tome par an, Given apparaît donc comme un titre rare, dans tous les sens du terme. Il serait dommage de le rater !
(par Guillaume Boutet)
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